Sister Act repose sur un classique de la comédie : la confrontation de deux univers que tout oppose. En faisant entrer une chanteuse de cabaret qui travaille dans un casino de Reno dans un couvent strict de San Francisco, Emile Ardolino construit son long-métrage sur l’opposition entre la rigueur de l’ordre religieux et la liberté du personnage principal. Le résultat n’est pas très surprenant, certes, mais la générosité de Whoopi Goldberg dans le rôle titre et les interprétations impeccables des bonnes sœurs, Maggie Smith en tête, font le travail. Sister Act n’a pas été un immense succès dès sa sortie sans raison, c’est un film léger et fort plaisant.
Marquée par une éducation religieuse stricte, Dolorès Van Cartier mène une carrière de chanteuse de cabaret un petit peu ratée. Elle est pleine d’ambitions et manifestement talentueuse, mais son talent ne peut pas s’exprimer dans le casino où elle travail. Quand elle découvre que son patron, qui est aussi son amant, est un parrain de la mafia dangereux, elle devient témoin de l’enquête et doit être protégée en attendant son procès. Le policier en charge de l’affaire a l’idée de la placer dans un couvent de San Francisco, où le mafieux n’ira jamais chercher et c’est ainsi que la chanteuse habillée de vêtements à paillettes se retrouve un bon jour à devoir mettre la tunique complète et surtout vivre une vie composée presque exclusivement de prières. Le choc est inévitable et les scénaristes l’exploite au maximum, avec une succession de scènes qui jouent sur les contrastes entre l’héroïne et les bonne-sœurs. Sister Act semble se moquer initialement de ce milieu rétrograde, mais la comédie d’Emile Ardolino est assez bienveillante avec sa vision de positive de la religion. La mère supérieure du couvent, interprétée par Maggie Smith, est sévère et froide, l’ennemi parfait pour le personnage de Whoopi Goldberg. Mais très vite, les autres sœurs se lient d’amitié avec la nouvelle-venue et quand elle prend la tête de la chorale, tout se met en place pour le mieux. Là encore, c’est un schéma conventionnel, avec une fin qui resserre le danger pour l’héroïne et les sœurs qui viennent à son aide. On ne peut pas dire que l’ensemble surprendra quiconque, mais ce n’est pas son objectif non plus. Le projet se construit sur des bases classiques et assumées et au fond, c’est bien la clé de sa réussite. Le casting y est pour beaucoup aussi, avec un Harvey Keitel parfaitement à son aise dans le rôle du mafieux, Maggie Smith et surtout Whoopi Goldberg à la bonne humeur si communicative qui fait le reste.
Classique du début des années 1990, Sister Act a plutôt bien vieilli. Sa bande-originale entraînante fait toujours son effet et le casting est toujours aussi marquant. Emile Ardolino a trouvé la formule juste et cela paye : c’est une excellente comédie familiale.