Sixième Sens est probablement le film le plus célèbre dans la carrière de M. Night Shyamalan, en tout cas celui qui a rapporté le plus. Il faut dire que dans le genre fantastique et pour les amateurs de twists qui bouleversent tout à la dernière minute, le troisième long-métrage du cinéaste d’origine indienne fait très fort. Avec son scénario relativement simple, Sixième Sens est en fait un film assez dense et complexe où s’entremêlent le fantastique qui frôle parfois l’horreur, une réflexion sur la folie ainsi que deux histoires familiales touchantes. Porté par deux acteurs exceptionnels, mais surtout par un jeune acteur qui explose à l’écran, le long-métrage mérite d’être découvert sans rien savoir à son sujet, mais il ne perd pas son intérêt par la suite pour autant. Ce n’est pas le film le plus connu de M. Night Shyamalan sans raison : un classique, à (re)découvrir !
L’ouverture de Sixième Sens est extrêmement importante, mais le spectateur qui découvre le film ne le sait pas encore. Le docteur Malcolm, brillant psychologue pour enfants, fête sa réussite avec sa femme, juste après avoir reçu une distinction spéciale de la ville de Philadelphie. C’est le sommet de sa carrière et M. Night Shyamalan n’a pas besoin d’en faire beaucoup pour le montrer, pas plus qu’il n’a besoin d’insister pour que l’on comprenne que le couple s’aime vraiment. C’est le bonheur total, vite interrompu par un drame : un ancien patient que Malcolm pensait avoir soigné des années auparavant attend le couple dans leur chambre. Il est entré par effraction et entend se venger en tirant sur son ancien docteur, avant de se suicider. Sixième Sens reprend quelques mois plus tard et rien n’est plus comme avant : le bonheur d’antan a totalement disparu, le couple ne se parle plus et une immense tristesse s’est installée. Le film se met vraiment en place autour de Cole, un garçon dérangé qui a du mal à s’en sortir à l’école et qui est sur le point d’être envoyé dans une institution. Il ne parvient pas à socialiser avec ses camarades, il est renfermé, toujours parano, bref il a besoin d’aide. Malcolm essaie de l’aider justement, mais Cole est très fermé sur lui-même et il faut le temps de l’apprivoiser. M. Night Shyamalan adopte une approche très scientifique dans un premier temps, puisque son personnage de docteur envisage différentes explications, entre schizophrénie et mauvais traitement pendant l’enfance du sujet. Mais le film dévie lentement de cette voie scientifique, pour intégrer très progressivement des éléments de plus en plus ouvertement fantastiques. Bientôt, Sixième Sens évoque la présence de fantômes au premier degré, mais cela n’en fait pas un film de fantômes ou d’horreur pour autant. Loin de donner dans le spectaculaire, le long-métrage intègre cet élément dans un univers par ailleurs parfaitement normal, ce qui est indispensable pour que la révélation finale fonctionne. À cet égard, on peut là encore saluer le travail d’écriture et la réalisation de M. Night Shyamalan qui mettent tout deux en lumière des éléments étranges, sans aller trop loin à chaque fois. On ne comprend pas pourquoi certains personnages agissent ou réagissent comme ils le font, mais on sent bien qu’il y a un problème. C’est très bien vu et ce sentiment de malaise qui se dégage du film est parfaitement maîtrisé.
Pour que son histoire tienne la route jusqu’au bout et ne perde pas sa crédibilité, M. Night Shyamalan devait pouvoir compter sur des acteurs solides. Bruce Willis est parfait dans son rôle de psychologue, avec un mélange de tristesse infinie et de solidité pour aider son patient qui fonctionne très bien. Mais celui que l’on retiendra surtout, c’est Haley Joel Osment : le jeune acteur a connu la gloire au tournant des années 2000 entre ce rôle et celui qu’il avait dans A.I. Intelligence artificielle et il est vraiment époustouflant ici. Sa tristesse et sa peur sont communicatives et on a une peine immense pour ce garçon qui semble totalement perdu. Sixième Sens lui doit beaucoup et le film serait bien moins impressionnant sans lui. Une vraie réussite !