Spirit Bird, Xavier Rudd

Je ne sais pas exactement comment il fait. Régulièrement, notre bibliothèque iTunes est enrichie d’une dizaine d’albums, parfois plus, de groupes dont je n’ai souvent jamais entendu parler. Je ne prétends pas tout connaître en musique, comme en tout, je sais bien que la seule chose qui est sûre, c’est que je ne connais rien, mais tout de même. J’estime être curieux, je crois avoir des goûts assez variés, je pioche du rock au jazz en passant par le trip-hop, le rap, l’électronique ou l’opéra, mais malgré tout, il parvient encore à ma surprendre avec des choses que je ne connaissais absolument pas. Il va les chercher en shazamant un air qu’il aime bien dans une série ou un film — un réflexe que je n’aurai probablement jamais — ou en exploitant les associations de YouTube — encore un réflexe que je n’ai jamais eu — et ça marche. Ce jour-là, notre collection musicale virtuelle était plus riche d’une dizaine de pochettes à découvrir, et dans le lot encore quelques pépites.

Xavier rudd

Quand j’écoute un album pour la première fois, mon attention est très différente selon qu’il s’agit de Spirit Bird de Xavier Rudd, un artiste qui m’est totalement inconnu et que je découvre en même temps que je découvre ses compositions, ou d’un groupe ou musicien que je suis depuis des années. Dans ce cas, j’ai une écoute distraite : je laisse l’album en fond, pendant que je travaille et je lui laisse une chance ou deux, le temps de voir si un morceau « accroche » ou si, au contraire, il ne m’intéresse vraiment pas du tout. Autant dire que le premier morceau est capital et « Lioness Eye » qui ouvre l’album m’a d’emblée attiré. Il y a déjà ces sortes de singes moqueurs qui sont intriquants et qui plantent un décor inattendu, et puis il y a aussi le didgeridoo, cet instrument traditionnel aborigène que j’affectionne tout particulièrement et qui m’a immédiatement attiré.

Cette ouverture est surprenante et elle m’a donné envie d’en entendre plus, mais elle ne fait pas un bon album pour autant. La suite de Spirit Bird est faite de haut et de bas, et d’ailleurs, je ne dirais pas que c’est un grand album. Il y a quand même quelques bons moments, comme ce « Full Circle » qui dépasse les dix minutes — j’ai toujours eu un faible pour les morceaux anormalement longs —, mais c’est surtout un titre qui a retenu mon attention et qui m’a fait revenir à Spirit Bird, encore et encore. Un morceau qui a tourné en boucle, que j’ai écouté dix ou quinze fois et qui a même hanté, je crois qu’on peut le dire, certaines de mes soirées. « Spirit Bird » a aussi donné son nom à l’album est un titre qui prend son temps, puisqu’il ne respecte pas le format habituel des radios avec ses sept minutes et neuf secondes. Il commence très calmement, une guitare sèche et la voix de Xavier Rudd qui ne chante pas tout à fait, mais semble plutôt lancer des incantations, alors qu’on entend ce qui ressemble à des cris d’oiseaux. L’artiste commence ensuite à chanter et tout le titre est lancé, une lente montée en puissance qui culmine autour de six minutes. J’ai beau faire ce que je veux, ces morceaux composés autour de ces pyramides — montée en puissance régulière — ont toujours autant d’effet sur moi, et celui-ci ne fait pas exception.

Je ne sais pas si ce morceau tiendra la distance, si je ne vais pas finir par m’en lasser et par l’oublier comme tant d’autres avant lui. Au fond, je ne sais rien de ce Xavier Rudd et de son Spirit Bird, mais je sais que ce morceau m’a touché et pour le moment, je veux l’écouter en boucle.