Star Trek V : L’Ultime frontière a failli mettre un terme à la saga, mais les producteurs offrent une nouvelle chance à Star Trek. Ce sixième film signe la fin d’une époque : c’est en effet le dernier épisode avec l’équipe originale du film, le dernier aussi à avoir été tourné du vivant de Gene Roddenberry, le créateur de l’univers. Star Trek VI : Terre inconnue ne suit pas directement ses quatre prédécesseurs qui formaient une seule et même histoire. Cette fois, quelques années se sont passées depuis la fin du cinquième épisode et les personnages principaux doivent partir à la retraite quand ils sont appelés pour une ultime mission. Pour mettre en scène cette nouvelle chance, on fait appel à une valeur sûre : Nicholas Meyer revient derrière les caméras, près de dix ans après Star Trek II : La Colère de Khan. Le résultat est surprenant : si le ton plus sombre et réaliste fonctionne bien, le film est marqué par une esthétique datée difficile à dépasser…
Le capitaine Kirk, le docteur McCoy et Spock sont presque à la retraite. Il ne leur reste que trois mois de service à assurer et ils pourront enfin mettre de côté une longue vie au service de Starfleet. Sans surprise, Star Trek VI : Terre inconnue les rappelle in extremis pour une nouvelle mission, la dernière sans doute. En apparence, rien de plus simple : il faut aller à l’autre bout de la galaxie pour chercher un Klingon qui désire faire la paix. Au début de cet épisode en effet, on apprend que l’une des planètes contrôlées par les Klingon a explosé. Problème, c’était là que l’ennemi de toujours dans Star Trek produisait son oxygène. En l’état, il ne leur reste plus que cinquante années à vivre et si certains, dans le camp humain, entendent bien le leur faire payer en les écrasant, d’autres croient au contraire à la possibilité d’une paix. C’est cela, la Terre inconnue du long-métrage de Nicholas Meyer et on s’en doute, les choses ne se dérouleront pas comme prévu. Alors que les négociations sont en cours, le vaisseau spatial klingon est attaqué par l’USS Enterprise à l’insu de son capitaine qui n’a d’autres solutions, pour éviter une guerre spatiale, de se rendre. Star Trek VI : Terre inconnue consiste par la suite à sauver Kirk et le docteur McCoy envoyé sur une planète pénitentiaire, mais aussi à éviter la guerre que certains désirent provoquer envers et contre tout.
Ces thèmes sont assez originaux dans la saga, beaucoup plus proches de nos préoccupations et heureusement plus réalistes que la quête divine du cinquième épisode. On y retrouve d’ailleurs de manière assez explicite un sujet d’histoire, puisque Star Trek VI : Terre inconnue sorti au début des années 1990 évoque deux blocs hostiles qui se rapprochent. Un lien direct avec la fin de la Guerre froide, où les Klingons joueraient naturellement le rôle du bloc soviétique. Nicholas Meyer filme une vision pacifiste de cette fin de conflit, ce qui convient bien à l’ensemble de la saga, très pacifique elle aussi. Quoi qu’il en soit, ce regain de réalisme fait du bien à la saga, surtout après un épisode V qui tendait vraiment au n’importe quoi. Dommage, dès lors, que l’on doive subir des décors et surtout des maquillages et effets spéciaux ridicules, si ridicules même qu’on a souvent l’impression de regarder une parodie. Tous les films Star Trek ont mal vieilli et tous ont été réalisés avec des budgets inférieurs à leurs besoins, ce qui explique souvent leurs aspects vieillots. On atteint toutefois des sommets ici : les effets numériques réalisés à l’ordinateur sont possibles, mais ils sont très moches. Le sommet est sans doute atteint avec l’attaque du vaisseau klingon et ces sortes de bulles violettes qui sont censées représenter leur sang. Plus tard, dans la mine, Star Trek VI : Terre inconnue présente une grande variété de créatures qui ne sont jamais impressionnantes et souvent ridicules, avec leurs costumes trop colorés. Cette fois, c’est la sobriété qui a manqué à Nicholas Meyer et pour un film sorti dans les années 1990, le résultat est étonnamment moche et de mauvais goût. Le film ne poursuit pas la piste du second degré que l’on avait pu voir auparavant et c’est peut-être ce qui le plombe le plus au total : il passerait sans doute beaucoup mieux si le scénario n’était pas aussi grave.
Star Trek VI : Terre inconnue signe la fin d’une époque pour la saga : c’est la dernière fois que toutes les stars de la série originale jouent ensemble. Alors que leur âge avancé et leur complicité servaient de moteur comique dans les épisodes IV et V, ce n’est plus le cas ici et le film de Nicholas Meyer reste très sérieux. Sa proximité avec une réalité historique récente est bien vue, de même que la modestie de son scénario. Malheureusement, malgré de bons points, Star Trek VI : Terre inconnue ne laisse pas un souvenir impérissable. La faute, sans doute, au mauvais goût ambiant et aux effets spéciaux qui ont très mal vieilli…