Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme, George Lucas

Depuis 35 ans maintenant, George Lucas poursuit un travail fascinant et sans doute unique dans l’histoire du cinéma. La saga Star Wars, l’œuvre de sa vie, n’est en rien une œuvre figée. Depuis la sortie de Star Wars, Épisode IV : Un nouvel espoir, le cinéaste n’a de cesse de modifier son œuvre, parfois de manière profonde. Ajout de scènes, modifications de visages d’acteur, transformations parfois de scènes entières : la saga évolue depuis 1977 et la sortie en salles de Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme en version 3D n’est que la dernière étape de ce processus unique et fascinant, mais pas toujours positif. George Lucas a beau mettre en avant son désir de perfectionnisme, la juteuse opération commerciale n’en est pas moins évidente et cette version sans effet 3D n’apporte strictement rien au film original. Reste qu’il s’agit malgré tout de l’épisode d’ouverture d’une des plus grandes sagas du cinéma…

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La saga Star Wars commence avec ce film pourtant sorti plus de vingt ans après le premier volet, réalisé en 1977. George Lucas a eu la drôle d’idée de filmer son histoire non pas dans l’ordre chronologique, mais en commençant par la fin. Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme ouvre ainsi « la prélogie », soit une suite de trois films qui expliquent la naissance de Dark Vador, le terrible méchant de « la trilogie » d’origine. Ce premier film est l’occasion de découvrir l’encore tout jeune Anakin Skywalker, alors que la République est en train de laisser la Fédération du commerce envahir en toute impunité la planète de Naboo. C’est pour tenter de mettre un terme à ce conflit injuste que le maître Jedi Qui-Gon Jinn et son apprenti Obi-Wan Kenobi sont envoyés sur la planète pour négocier un accord. Les négociations tournent court quand on essaie de les assassiner. Ils se réfugient alors sur la planète et parviennent à sauver et emmener la princesse Amidala au nez de l’attaquant. Alors qu’ils tentent de rentrer sur la planète de Coruscant, capitale de la République, leur vaisseau spatial est attaqué et ils sont forcés de se poser sur la petite planète de Tatooine à la recherche de pièces. C’est sur cette planète que Qui-Gon découvre un petit garçon doté de pouvoirs étonnants : Anakin est le seul humain à être capable de conduire un podracer, véhicule de course extrêmement rapide. Suite à l’une de ces courses, le jeune garçon part avec les Jedis alors que l’invasion poursuit son cours sur Naboo…

Épisode introductif, Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme est l’occasion de découvrir quelques personnages clés pour la suite : Anakin Skywalker évidemment, mais aussi Obi-Wan Kenobi ou encore la princesse Amidala. Si l’on regarde la saga dans l’ordre voulu par son créateur, ce film permet aussi de poser pour la première fois un pied dans un univers de science-fiction inventé de toutes pièces. En suivant la princesse et les deux Jedis au cœur du conflit, on découvre de multiples facettes de cet univers, à commencer par son organisation politique. Le Sénat galactique et son fonctionnement sont déjà au cœur du récit, ils le deviendront encore plus dans les deux épisodes suivants. Même si on ne comprend pas encore tout, on sent que des enjeux politiques qui dépassent la planète Naboo sont en cours. Son titre l’indique bien, Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme introduit une menace qui reste largement indéterminée. Comme dans toute la saga, il est ici question de conflit entre le bien et le mal, ou en l’occurrence les deux côtés de la force et l’ennemi ici est Dark Maul, un apprenti Sith. Sa présence inquiète manifestement les Jedis, mais le spectateur qui ne connaît pas la suite de la saga ne sait pas encore pourquoi. George Lucas a su ménager le suspense et ne pas trop en dire dès le départ : ce premier épisode se contente ainsi de poser quelques personnages et surtout de conduire à l’entraînement Jedi d’Anakin.

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Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme tranche par rapport au reste de la saga par une ambiance et un ton très légers, presque enfantins. George Lucas est ici aux commandes derrière la caméra et à l’écriture et le cinéaste a intégré à ce film une bonne dose d’humour qui n’est pas son point fort. Le personnage d’Anakin est très présent, mais c’est surtout la présence très fameuse du personnage secondaire un peu bouffon Jar Jar Bink qui contribue à cette ambiance. Très souvent critiqué par les fans de la saga, ce personnage n’a pas vraiment sa place dans Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme et il n’a pas de rôle important, si ce n’est d’amuser la galerie, ou du moins de tenter de le faire. Alors que le film bénéficie d’une ambiance générale de danger, alors que son sujet principal est l’invasion d’une planète, l’épisode ne parvient jamais à se prendre au sérieux. Cette légèreté n’est pas réservée aux deux personnages déjà évoqués, c’est plusieurs scènes entières qui s’avèrent plus ridicules qu’inquiétantes. La scène de bataille entre les droïdes de la Fédération et les Gungans est significative de cet état d’esprit et la victoire n’est permise que par la maladresse de Jar Jar Bink, mais aussi par celle d’Anakin, dans l’espace. Cette ambiance déteint malheureusement sur tout le film et Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme est ainsi pris en défaut à plusieurs reprises. Les fans apprécient malgré tout cette introduction qui est l’occasion de mieux comprendre ce qui suit, mais George Lucas propose ici objectivement un film plus faible que la moyenne, la faute essentiellement à ce ton immature qui ne convient pas au propos.

Ressortir la saga au cinéma et en 3D… L’idée avait de quoi faire frémir, mais la technique a beaucoup progressé ces dernières années et on pouvait accepter le discours de George Lucas qui n’annonçait qu’une mise à jour technologique identique à celle effectuée sur la trilogie originale lors de la première sortie de Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme. Malheureusement, le résultat à l’écran rappelle cruellement que l’enjeu était d’abord financier : le passage à la 3D n’est jamais justifié puisque la technologie n’est pour ainsi dire jamais utilisée. Il y avait du potentiel pourtant et on imaginait déjà le clou du spectacle avec la course de podracers qui constitue indéniablement la scène la plus impressionnante du film. Même alors, l’image ne sort jamais de l’écran, les explosions ne viennent pas sur les spectateurs, les pods restent sagement à plat… rien. La technologie a peut-être évolué — on pourra en juger avec la sortie de Titanic en 3D au printemps —, mais elle ne fait pas de miracles. Les scènes de Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme n’ont pas été tournées avec la 3D en tête et cela se voit, ou plutôt cela ne se voit pas. Disons-le, cette version n’a aucun intérêt, si ce n’est le plaisir de revoir Star Wars sur un grand écran. Dommage, tout le discours de George Lucas tombe alors un peu à l’eau devant cette vérité beaucoup moins reluisante : le réalisateur voulait refaire son porte-monnaie en faisant revenir les fans dans les salles…

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Nonobstant l’inutile 3D, Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme offre un spectacle efficace, à défaut d’être particulièrement inspiré. George Lucas n’est pas un réalisateur doté d’un style particulier, mais il fait correctement le travail. Certains plans ont assez mal vieilli, mais ce film qui a déjà 13 ans supporte plutôt bien le poids des années. La scène de course au cœur du film reste toujours aussi impressionnante, tandis que Star Wars se distingue toujours par ses scènes spatiales, bien peu réalistes, mais impressionnantes. La richesse de l’univers imaginé par George Lucas est toujours le point fort incontestable de la saga et Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme en offre un bel aperçu avec trois planètes très différentes. La musique de John Williams appuie l’ensemble avec le succès que l’on connaît : si les thèmes les plus connus de la saga ne sont pas encore présents, celui écrit pour l’affrontement final au sabre laser est particulièrement réussi.

Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme a la lourde tâche d’introduire une des plus ambitieuses sagas de ces dernières années. George Lucas ménage le suspense en introduisant son univers d’une richesse rarement égalée. Il faudra attendre les épisodes suivant pour tout comprendre, mais en attendant on découvre le jeune Anakin Skywalker et quelques autres personnages essentiels par la suite. Une introduction essentielle à la saga et qui intéressera les fans de science-fiction. Pour tous les autres, Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme risque d’être bien décevant, la faute à une ambiance enfantine qui ne convient pas du tout au récit. Quant à la version 3D, on s’en passera aisément, même si la saga s’apprécie davantage sur un grand écran.