Non, il n’est pas question de pénis suédois dans Swedish Dicks. Le jeu de mot est naturellement volontaire, mais le titre de cette série suédo-américaine exploite l’un des nombreux sens de « dick », en l’occurrence le diminutif de détective privé. Cette série diffusée par le service suédois ViaPlay a été créée à l’origine par l’acteur Peter Stormare qui tient aussi l’un des rôles principaux. Deux détectives privés suédois à Los Angeles, voilà le point de départ de cette comédie loufoque qui n’a pas de plus grandes ambitions que cela. Sans être une grande série, Swedish Dicks assume sa bêtise et, additionnée de sa galerie de personnages hauts en couleur, cela la rend plutôt charmante.
Peter Stormare avait imaginé une intrigue de long-métrage quand on l’a convaincu de faire une série de son idée. Cela se voit dès le pilote : Swedish Dicks repose sur un concept bien léger, celui d’un ancien cascadeur suédois qui s’est reconverti en détective privé suite à la mort de son ami cascadeur. Dix ans plus tard, Ingmar ne digère toujours pas la mort de Tex et sa vie n’a pas bougé d’un iota jusqu’au jour où il rencontre Axel, un DJ suédois qui décide d’abandonner sa carrière musicale pour se lancer dans les enquête. Le « swedish dick » devient ainsi les « swedish dicks » et chaque épisode est l’occasion de résoudre une affaire différente. On a vite fait le tour, mais ce n’est pas forcément gênant, tant l’histoire est presque secondaire. Il faut du temps à la création de Viaplay pour le réaliser d’ailleurs, avec cette fausse bonne idée de la narration constante d’Ingmar dans la première saison. On se fiche bien de la relation entre le personnage et Tex, tandis que les enquêtes menées par les deux détectives n’ont absolument aucun intérêt. Le point fort de Swedish Dicks, ce sont bien ces personnages improbables, les deux détectives et leur assistante nord-coréenne, la fille avocate d’Ingmar et bien sûr Jane McKinney, terrifiante détective qui est toujours en compétition. Loin de chercher le réalisme, les scénaristes vont au contraire dans l’outrance. Jane est incarnée par une Traci Lords en pleine forme et qui s’en donne à cœur joie dans ce rôle de méchante. On n’en dira pas autant pour l’autre star américaine de la série, avec un Keanu Reeves bien mal inspiré dans le rôle de Tex. Fort heureusement, le casting suédois est impeccable, Peter Stormare incarne parfaitement bien le personnage qu’il a imaginé — ce serait un comble… — et Johan Glans est excellent dans le rôle de l’ingénu à ses côtés. Le vrai coup de cœur toutefois, c’est bien Vivian Bang qui incarne une Sun survoltée et toujours hilarante. On aurait aimé un spin-off avec son personnage, indéniablement le plus réussi du lot.
Après deux saisons et vingt épisodes, Swedish Dicks n’a sans doute pas rencontré le succès escompté et la série s’arrête en laissant un petit peu tout en plan. C’est dommage pourtant, car après des débuts un petit peu difficiles, la faute essentiellement à la narration lourdingue et l’accent trop porté sur l’histoire d’Ingmar avec Tex, elle finit par trouver son rythme et un humour qui fonctionne bien. Cela dit, y avait-il encore beaucoup plus à extraire de cette histoire aussi fine que du papier à cigarettes ? Sans doute pas…