Partiellement inspiré de l’incroyable histoire de Mehran Karimi Nasseri, un iranien qui s’est retrouvé coincé pendant 18 ans (!) dans le terminal 1 de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, Le Terminal se déroule quasiment entièrement dans les limites physiques d’un aéroport pendant plus de deux heures. Sans être tout à fait un huis clos, le long-métrage réalisé par Steven Spielberg reste une performance à ce titre, avec une intrigue resserrée sur ce terminal international de l’aéroport new-yorkais JFK. Tout le savoir faire du cinéaste permet d’éviter l’ennui et le divertissement est au rendez-vous, mais Le Terminal est en même temps assez prévisible et avec des idées qui ont pris un sacré coup de vieux. Sympathique, sans plus.
Quand Viktor Navorski débarque à New York depuis le pays fictif de Krakozie, il est retenu à la douane. Son passeport est refusé pour une raison étonnante : pendant le vol, un coup d’État a renversé le pouvoir en place et les États-Unis ne reconnaissent pas le nouveau pays. Techniquement, il n’a aucune nationalité et ne peut à ce titre ni entrer sur le sol américain, ni repartir dans son pays. Il est coincé entre les deux, dans ces terminaux aéroportuaires hors des juridictions nationales et il doit attendre que son sort soit réglé diplomatiquement. Ce qui devait prendre un jour dure pendant plusieurs mois et finalement sur plus d’un an. Le Terminal se déroule sur cette année en gros pendant laquelle Viktor survit comme il peut dans le terminal de JFK, apprend l’anglais, fait connaissance avec des employés locaux et bientôt une hôtesse de l’air dont il tombe amoureux. On reconnaît bien la pate de Steven Spielberg dans la manière de raconter l’histoire, ce qui est à la fois positif — il faut reconnaître qu’il a un don pour faire avancer un récit sans jamais ennuyer — et négatif, dans le sens où l’on n’est jamais vraiment étonné. On se doute bien que tout va se terminer positivement et le happy-end final n’est pas du tout une surprise. Les intrigues s’imbriquent de façon prévisible et même si l’ensemble est plaisant sur le moment, on ne peut pas dire que Le Terminal soit particulièrement mémorable. Sans compter que sa vision idyllique du melting-pot américain et surtout son regard sur les femmes ont assez mal vieilli. Le personnage interprété par Catherine Zeta-Jones en particulier n’est pas glorieux, tandis que Tom Hanks incarne un Viktor inutilement simplet. Il fallait un ingénu pour que la confrontation des deux mondes soit crédible, mais les scénaristes sont sans doute allés trop loin. Quant à John Williams qui officie à la musique, disons qu’il a été plus inspiré et qu’elle ne contribue pas à distinguer le long-métrage dans la carrière fructueuse du compositeur. Et le constat est le même pour celle du réalisateur, d’ailleurs.
Le Terminal s’inspire d’une histoire fascinante, pour délivrer une comédie dramatique efficace, mais qui aurait gagné à sortir un petit peu plus des sentiers battus et à mieux éviter les clichés faciles. À l’heure des bilans, Steven Spielberg fait son travail proprement, sans marquer les esprits et les remarques vieillottes sur la culture ou l’amour n’aident pas à sortir le film de la catégorie des vite oubliés. Dommage, l’histoire de base aurait mérité mieux…