Terminator Genisys, Alan Taylor

La saga Terminator repart de plus belle, avec un nouveau volet qui n’est pas tout à fait une suite, pas vraiment un reboot non plus, mais un « retcon » (sic). Dans les faits, Terminator Genisys se déroule après les évènements décrits dans Terminator Renaissance et le long-métrage réalisé par Alan Taylor pourrait se comprendre comme un bouclage de la saga, avec un retour au tout premier volet de 1984, quand les machines de Skynet tentent d’éliminer la résistance humaine en tuant Sarah Connor. Sauf que l’affiche prévient, il s’agit d’une « nouvelle mission » et si le point de départ est similaire, Terminator Genisys s’en éloigne rapidement, pour créer sa propre voie. Tout cela vous semble bien confus ? C’est normal, et la suite du film ne vous aidera pas, bien au contraire. Ce cinquième opus est probablement le plus complexe de tous et son scénario multiplie les idées autour du voyage temporel, sans jamais maîtriser ce concept. Résultat, on ne comprend pas grand-chose à ce blockbuster gratuit et assez banal.

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À la fin de Terminator Renaissance, John Connor, leader de la résistance des humains contre les robots de Skynet, saluait la victoire de son camp, tout en avertissant que l’ennemi n’était pas tombé. En quelque sorte, Terminator Genisys prend la suite en ouvrant avec une séquence dans le futur, alors que la guerre entre humains et robots fait plus rage que jamais. Alan Taylor ouvre d’ailleurs son film sur une bataille très impressionnante entre les deux camps, après un bref rappel des évènements. Alors que les machines sont en train de perdre, Skynet joue son va-tout et envoie un robot humanoïde dans le passé pour tuer Sarah Connor, la mère de John. L’époque étant manifestement à l’hommage1, quelques plans sont des copies parfaites de James Cameron, à tel point que l’on se demande s’il ne s’agit pas d’un simple remake. Néanmoins, le nouveau-venu interrompt rapidement l’hommage en introduisant une différence majeure : Kyle Reese est envoyé depuis le futur, juste après le T-800. Et ce n’est que la première d’une longue série d’idées nouvelles, pas toujours parfaitement maîtrisées, pour ne pas dire souvent absurdes. Sans résumer l’intrigue, ce qui relèverait de toute manière de la gageure, on peut évoquer la présence dans le 1984 de Terminator Genisys d’un autre Terminator T-800 qui protège déjà Sarah Connor. Et plus tard, on découvre encore d’autres jeux temporels qui sont tous absurdes, c’est normal, mais qui rendent l’ensemble particulièrement compliqué à suivre.

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Le problème de Terminator Genisys n’est pas que ses concepteurs ont voulu compliquer leur intrigue. Le problème, c’est qu’ils l’ont fait sans aucune cohérence interne, et de manière totalement gratuite. On a l’impression que le scénario a été écrit autour de scènes clés qu’Alan Taylor voulait filmer. Puisqu’il fallait rassembler tel et tel personnage, alors on imagine que ce personnage revienne dans ce passé. La science-fiction permet toutes les folies, mais la cohérence interne est un impératif si l’on veut créer une œuvre sérieuse. C’était manifestement l’ambition de ce cinquième film : même si le personnage interprété par un Arnold Schwarzenegger en forme reprend le thème comique de Terminator 3 : le Soulèvement des Machines, le long-métrage reste globalement très sérieux. Dès lors, ses multiples incohérences, ses choix scénaristiques gratuits et sa vision du futur déjà dépassée nuisent à la compréhension et on finit par s’ennuyer un petit peu. Un exemple frappant : Genisys, le successeur de Skynet, est stocké uniquement en un seul endroit, facile d’accès ? On n’est pas encore en 2017 et pourtant tous les services en ligne, et même tous les blogs personnels, sont dupliqués sur plusieurs sites ! Ce choix simplifie la trame de ce volet et prépare la suite, puisque deux autres long-métrages sont prévus après celui-ci. C’est un petit peu grossier et Alan Taylor avait de quoi faire avec nos appareils modernes, qui sont d’ores et déjà tous interconnectés.

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Terminator Genisys reste un spectacle divertissant, avec quelques séquences très convaincantes, mais l’ensemble est décevant. Au-delà du scénario, le casting ne séduit pas vraiment : à part Arnold Schwarzenegger qui s’amuse et nous amuse dans ce rôle de robot papy, Jai Courtney est surtout là pour ses abdos et sa belle gueule, tandis qu’Emilia Clarke est beaucoup moins impressionnante sans dragons à ses côtés2. La saga lancée par James Cameron patine et sert plus de prétexte commercial qu’autre chose, c’est un petit peu dommage. On peut toujours espérer que les deux suites prévues fassent mieux, mais Terminator Genisys ne laisse pas présager le meilleur…


  1. Après Jurassic World, c’est le deuxième blockbuster estival à hériter d’une longue saga culte et à citer explicitement les premiers volets. Amusant pour les fans, mais guère rassurant sur l’audace hollywoodienne. 
  2. Daenerys Targaryen, la reine des dragons dans Game of Thrones, c’est elle.