The Tomorrow War porte bien son nom en imaginant une guerre qui se déroule dans le futur, mais qui implique notre présent. Par certains aspects, Chris McKay donne le sentiment d’avoir créé une compilation du meilleur de la science-fiction : son film repose sur une invasion extra-terrestre et une guerre que l’humanité perd trente ans dans le futur. Grâce au voyage temporel, des soldats reviennent à notre présent pour nous prévenir et la guerre de demain devient celle d’aujourd’hui, avec des milliers d’hommes envoyés dans le futur pour tenter de maintenir l’humanité en vie. Cet assemblage suffit-il à sortir du lot ? Malheureusement, non, et The Tomorrow War penche un petit peu trop ouvertement vers ses inspirations pour éviter un sentiment de déjà-vu. Chris McKay parvient malgré tout à signer un blockbuster efficace et pas déplaisant, à regarder puis à oublier dans la foulée.
Chris Pratt, acteur principal et producteur exécutif, joue le rôle sans surprise d’un père de famille lambda qui doit sauver le monde. Ancien militaire qui a fait l’Irak, il est finalement appelé pour partir dans le futur dans cette drôle de guerre que la planète entière mène contre une invasion extra-terrestre en 2052. L’action se déroule en 2022 et la guerre venue du futur ressemble à une cause perdue, alors qu’il reste moins de 500 000 êtres humains vivants et que tout semble aller de mal en pis. Naturellement, The Tomorrow War utilise son héros pour donner une vraie chance à l’humanité et Chris McKay n’essaie même pas de sortir des schémas conventionnels. On découvre quelques personnages secondaires pour accompagner le principal, la plupart meurt rapidement dans le Miami dévasté du futur et il ne reste bientôt plus que trois ou quatre personnes, les seules qui pourront tout sauver. L’intrigue se déploie en plusieurs étapes, mais tout tourne finalement autour d’un produit capable de tuer les extra-terrestres et donc de sauver la planète. Si vous cherchez une histoire originale et du jamais vu, passez votre chemin. Sinon, vous pourrez suivre un énième blockbuster de science-fiction, qui a quelques bonnes idées, à commencer par des créatures plus proches de l’horreur et particulièrement réussies. Avec leur pic et leur sang couleur vomi, elles sont horrifiques à souhait et une grande partie du fun. Le voyage temporel est comme toujours l’occasion de jouer sur les paradoxes, avec cette fois autant de bonnes intuitions — l’âge des voyageurs dans chaque sens, bien vu — et des « surprises » grossières. C’est toujours gênant quand le spectateur comprend ce qu’il se passera bien avant les personnages : le sérum inventé dans le futur est d’abord censé être produit dans le présent et renvoyé dans le futur, au lieu de servir directement à interrompre l’attaque avant même qu’elle commence. Il faut multiplier les séquences d’action, non sans talent d’ailleurs, on peut le noter, pour enfin arriver à ce que tout spectateur un peu habitué à la thématique aura compris une demi-heure avant. En parlant de spectateur habitué, toute la dernière séquence dans les glaces russes n’est pas la plue réussie, la faute à des prémices grossièrement idiots — ils sont censés exploser un énorme cratère à l’insu des autorités, sérieusement ? — et à un vaisseau spatial qui rappelle nettement trop ceux imaginés par Ridley Scott. Déjà que la guerre mêlée de voyage temporel évoquait un petit peu trop Edge of Tomorrow, ce final est un petit peu le pompon de l’inspiration trop appuyée.
Le plus décevant est peut-être que le réchauffement climatique ne soit à nouveau utilisé qu’en guise d’excuse pour faire avancer l’intrigue de The Tomorrow War. À quand de la science-fiction qui repose uniquement sur cette catastrophe qui nous tombe dessus, au lieu d’ajouter des extra-terrestres et des hummer qui roulent encore avec du pétrole dans les années 2050 ? En revanche, on peut saluer l’effort de Chris McKaid sur le casting plus diversifié que la moyenne même si les rôles principaux restent bien blancs. Si vous aimez la science-fiction, l’action grand spectacle et les créatures horrifiques bien fichues, vous apprécierez ce divertissement mené à un bon rythme et plaisant, à défaut d’être inoubliable.