Février 2008, je retrouve quelques amis de prépa pour entrer dans un pub dans le quartier de la Bibliothèque Nationale de France, dans le treizième arrondissement parisien. Ce n’est pas la bière que nous venons chercher, mais de la musique : c’est le premier concert en public de We Were Evegreen, un trio composé notamment de Michael, un autre ami de prépa. La prestation n’est pas encore professionnelle, naturellement, mais ce groupe de potes est ambitieux est on le sent. Même si tout n’est pas parfait, on est déjà au-delà des reprises improvisées pour se faire plaisir. Mai 2014, plus de six ans se sont écoulés et j’ai un peu perdu le groupe de vue. J’ai bien gardé un œil sur leurs dernières nouvelles via les réseaux sociaux, mais je n’ai rien écouté réellement de ce qu’ils ont fait depuis. Et en découvrant Towards, le premier album de We Were Evegreen, il devient évident que c’était une erreur. Le trio d’étudiants amateurs est devenu un vrai groupe, plus anglo-saxon que parisien. Au programme, une pop agréable et quelques belles trouvailles pour un album réussi !
Pour ce premier album qui a été muri au fil des années, le trio avance pas moins de quinze morceaux et l’ensemble n’a plus grand-chose à voir avec la musique bricolée dans un coin d’appartement. Enregistré en studio, Towards est techniquement irréprochable. We Were Evergreen a enregistré quinze balades pop plutôt calmes, souvent très travaillées, aux influences multiples, mais bien digérées. On pense ici aux Vampire Weekend, là à Metronomy dont ils ont assuré certaines premières parties, ou bien parfois à Alt-J avec qui ils partagent le producteur. De belles références, pour un résultat qui, certes, peut faire penser à untel ou untel, mais qui ne va jamais trop loin. On n’est jamais dans la copie, même pas l’hommage, mais on sent que le trio s’est nourri de toute cette musique pour composer la leur. Comme c’est souvent le cas aujourd’hui, Towards pioche un peu partout en matière de styles et on passe sans difficulté de sonorités un peu électroniques à l’ukulélé. Même s’il y a plusieurs tonalités — « False Start », le premier single, est assez sombre par exemple — , l’album reste plutôt léger et joyeux, avec quelques pépites joyeuses à l’image de « Best Thing ». C’est parfait pour cet été, mais ce premier essai n’est pas une pépite sucrée que l’on oublie sitôt dégustée. Au fil des écoutes, l’album se révèle et on découvre des sonorités que l’on n’avait pas entendu : encore une fois, la production est vraiment réussie et Towards tient très bien la longueur.
À défaut de savoir si We Were Evergreen transformera l’essai avec un deuxième album, ce Towards est déjà une belle réussite pour le trio de Français partis à la conquête de l’Angleterre. Comme à leurs débuts, la maturité de ces quinze morceaux est surprenante quand on sait qu’ils n’ont même pas trente ans. En attendant d’écouter ce qu’ils feront ensuite, cette première publication mérite d’être écoutée avec l’été qui approche.