Transformers 3 : La Face cachée de la Lune, Michael Bay

Michael Bay a sans doute joué avec des Transformers quand il était petit et devenu grand et cinéaste, on imagine que l’idée de les animer sur un écran géant était un rêve de longue date… Transformers 3 : La Face cachée de la Lune, dernier épisode de ce qui forme actuellement une trilogie, est d’abord cela : un rêve de gosse. Michael Bay est aussi le cinéaste par excellence des scènes d’action filmées très rapidement et souvent impressionnantes et de fait, son dernier film impressionne. Malheureusement, il est aussi trop long, trop caricatural, trop stupide par moments pour que le plaisir de voir un camion se transformer en robot l’emporte. Transformers 3 : La Face cachée de la Lune est un blockbuster estival bien plus rapide à oublier qu’à regarder…

Transformers 3 la face cachee de la lune

Rappel (bref) des évènements précédents. Sam possède depuis le premier épisode une superbe caisse qui s’avérait en fait être un Autobot, c’est-à-dire un robot aux formes vaguement humanoïdes. Dans la suite, plusieurs conflits un peu confus opposent ces Autobots à d’autres robots, les Decepticons. On découvre que les humains (et donc Américains, évidemment) travaillent main dans la main avec ces robots qui font office de superhéros métallisés. Quand un conflit éclate quelque part, ils sont là pour mettre de l’ordre dans tout ça et évitent que les hommes explosent la planète sous les coups d’une guerre nucléaire. Tout va pour le meilleur des mondes, sauf pour Sam qui, après avoir reçu une médaille de Barack Obama en personne, se retrouve sans emploi et délaissé par le gouvernement, mais, ça compense, avec une bombe sexuelle en guise de petite amie. Fort heureusement pour lui, le conflit que l’on pensait éteint entre les deux castes de robots reprend de plus belle dans cet épisode et notre héros peut enfin repasser au premier plan. Il faut dire que l’affaire est d’importance : les vils Decepticons ne veulent rien de moins qu’utiliser les 6 milliards d’êtres humains en esclaves pour reconstruire leur planète, détruite par cette guerre fraternelle. Heureusement, Sam aidé des Autobots est là pour les en empêcher…

Transformers 3 : La Face cachée de la Lune ne fait pas dans la finesse, mais Michael Bay s’essaie tout de même à une once de réalisme. Que l’on se rassure toutefois, on reste dans la science-fiction pure, avec de gentils robots qui semblent ne mourir jamais et qui prennent toujours la forme de splendides voitures immaculées alors qu’ils sont, comme robots, bien endommagés. Les incohérences abondent toujours, mais il semble tout de même que le scénario du troisième épisode essaie d’être plus raisonnable. La destruction de Chicago est ainsi un modèle du genre, avec de très belles scènes post-apocalyptiques et une chute d’immeuble façon 11 Septembre que l’on n’attendait pas dans un film de Michael Bay. Ce pseudo-réalisme passe en fait par une noirceur nouvelle dans la saga. Plusieurs personnages secondaires apportent toujours l’indispensable caution comique au film, mais le ton général est plutôt sérieux. L’heure est grave, les robots s’en prennent aux hommes (donc aux Américains) à grande échelle (Chicago, quand même) et il s’agit de sauver le monde (donc les États-Unis). Réalisme aussi de certains robots : les gentils restent toujours d’improbables voitures brillantes, mais les ennemis, eux, ressemblent beaucoup plus aux machines de la saga Matrix, elles semblent plus utiles et moins inspirées par ces formes humanoïdes qui n’ont aucun sens si l’on pense que les robots n’ont jamais connu les hommes et n’ont surtout pas été créés par eux. Mieux encore, Transformers 3 : La Face cachée de la Lune entend éviter trop de manichéisme : s’il y a deux camps de robots, les frontières entre les deux sont plus floues qu’il n’y paraît et il y a des conflits à l’intérieur des Autobots pour savoir s’il faut aider, ou non, les humains.

Shia labeouf transformers 3

Transformers 3 : La Face cachée de la Lune semble ainsi apporter quelques éléments nouveaux qui sont plutôt intéressants et renouvellent, au moins au début, l’intérêt de la saga. La relecture historique de la conquête spatiale indexée sur les Transformers est plutôt amusante et bien vue, par exemple. Las, derrière le vernis des nouveautés, le décorum habituel reprend vite ses droits et Transformers 3 : La Face cachée de la Lune ressemble encore beaucoup à ses deux prédécesseurs. L’actrice a changé, mais on retrouve toujours la copine canon qui sert surtout à montrer ses formes avantageuses, qui s’avère presque être une meilleure actrice que Megan Fox (ce n’était pas trop dur). Les deux parents sont là, histoire de faire rire un peu, de même que les deux petits robots découverts dans le deuxième opus sont de retour pour jouer le rôle de héros malgré eux. Le film de Michael Bay est évidemment dégoulinant d’un point de vue exclusivement pro-américain, il n’y a que des Américains qui semblent concernés par le problème alors même que les méchants robots sont censés être dans le monde entier et tout se réglera entre Washington et Chicago. Le happy-end avec le drapeau étoilé flottant au-dessus des soldats victorieux est un modèle du genre, déjà vu tellement de fois, tellement caricaturé ici… Une scène se déroule bien en Ukraine, mais c’est simplement pour relancer la bonne vieille Guerre froide : côté géopolitique, il ne faudra pas attendre mieux… Tout cela est finalement assez désolant et nuit au plaisir simple de regarder des robots se battre.

Des robots que l’on est frappé de voir aussi humains. Avec Transformers 3 : La Face cachée de la Lune, la série pousse encore plus loin l’humanisation des robots, essentiellement des Autobots d’ailleurs. Ils ont toujours eu une forme humaine, ils ont toujours parlé et exprimé des émotions, le plus souvent ridicules d’ailleurs. Dans cet épisode, les scénaristes sont néanmoins allés beaucoup plus loin, si loin que plus rien ne distingue vraiment un humain d’un robot, ce qui est pour le moins troublant. Le mimétisme va si loin que les méchants robots saignent quand ils meurent : du liquide rouge sort notamment quand on leur coupe la tête. Au-delà de ce détail, les robots pensent et agissent comme des hommes… dès lors à quoi bon ? L’intérêt de Transformers n’est pas justement qu’il s’agit de robots et non pas seulement d’humains vaguement déguisés…

Transformers 3

Tourné en 3D pour surfer sur la vague du succès d’Avatar, Transformers 3 : La Face cachée de la Lune ne pâtit pas de cette technique plutôt bien utilisée dans le film, il faut l’avouer. Mieux, la technologie implique ici une amélioration très nette : elle oblige Michael Bay à ralentir. On pensait le cas désespéré, mais le cinéaste a réussi à calmer ses scènes d’action, à utiliser un montage plus calme… même si tout est relatif bien sûr. Les scènes de combat n’ont en tout cas jamais été aussi lisibles tout en étant spectaculaires, ce qui est une amélioration appréciable. Le combat final est sans surprise époustouflant, avec de mémorables scènes d’action qui justifient à elles seules d’aller voir le film au cinéma, même si elles sont sans doute un peu trop longues. On n’en attendait pas moins, mais Transformers 3 : La Face cachée de la Lune propose le meilleur de ce que le cinéma à grand spectacle peut offrir aujourd’hui. Pourquoi alors avoir gâché tant de scènes avec cette musique aussi caricaturale que pompeuse ? Autant les empreints à la bande originale d’Inception collent bien, autant tout le reste est grossier, renforce inutilement l’effet souhaité (susciter l’émotion, souvent) et s’avère contre-productif. Sans compter qu’avec un titre pareil, on attendait les Pink Floyd…

Transformers 3 : La Face cachée de la Lune aurait pu être un excellent blockbuster estival décérébré. Tous les ingrédients sont là et le combat final est vraiment époustouflant et bien réalisé. Malheureusement, le dernier film de Michael Bay est trop long, trop caricatural, trop lourd, trop sérieux, trop… pour que le plaisir simple de regarder des voitures se transformer en robots et des robots se taper dessus parvienne à prendre le dessus. Ce film est frustrant, on aimerait le regarder simplement, juste pour le fun, mais… ça ne prend pas.