La Transgression selon David Cronenberg analyse l’œuvre du cinéaste canadien David Cronenberg à travers le prisme, comme son titre l’indique bien, de la transgression. Qu’elle soit corporelle, sexuelle ou psychique, Fabien Demangeot puise dans les films du réalisateur pour faire avancer son argumentation. Cet essai publié par l’excellente maison d’édition Playlist Society est un très bon moyen de découvrir le réalisateur à condition de ne pas avoir peur des spoilers, ou alors d’approfondir sa connaissance de son travail en offrant un angle transversal que l’on n’a pas en voyant un film de manière isolée. La Transgression selon Cronenberg est une analyse passionnante, à découvrir.
Ses films plus récents, depuis A History of Violence disons, pourraient conduire à oublier que la carrière de David Cronenberg a débuté avec des films expérimentaux et des sujets osés. Fabien Demangeot remonte jusqu’aux premiers courts-métrages du réalisateur, des films réalisés sans aucun moyens, presque abstraits et au sens volontairement flou. L’auteur montre bien que, dès le départ, le cinéma de Cronenberg cherche à transgresser les règles et à suivre des voie différente. Cette quête ne quitte jamais entièrement le cinéaste, même quand il gagne une popularité plus importante dans les années 1980 avec des films comme La Mouche. Tout au long de sa carrière, y compris dans ses œuvres les plus récentes et qui pourraient sembler apaisées en comparaison des premières, David Cronenberg a toujours cherché à explorer les transgressions sous toutes leurs formes. Dans ses débuts, il s’agit principalement de transgresser le corps humain, à travers la maladie, la contamination par un corps étranger ou encore l’assemblage du corps humain et de la machine. Chaque film semble être l’occasion de tester une nouvelle transgression, que l’auteur de l’essai catalogue méthodiquement. Après le corps, c’est la sexualité qui est transgressée dans la deuxième partie du livre, sous la forme de relations monstrueuses ou d’une nouvelle pornographie qui n’adopte pas les formes conventionnelles. La Transgression selon David Cronenberg termine par les transgressions psychiches, que l’on retrouve aussi davantage dans la dernière partie de la carrière du réalisateur. C’est peut-être la section la plus intéressante, en tout cas celle qui explicite ce que l’on ne voit pas forcément à l’écran. L’essayiste évoque la folie de certains personnages, les traumatismes de l’enfance ou encore l’impact des drogues, avec un soin tout particulier porté au Festin nu, un film de 1991 qui semble particulièrement dingue.
Comme toujours avec les essais de cette collection, c’est d’ailleurs le principal intérêt du travail de Fabien Demangeot : il offre des clés de lecture et donne envie de (re)découvrir une cinématographie. Si vous ne connaissez pas bien l’œuvre de David Cronenberg, comme c’est mon cas finalement, La Transgression selon David Cronenberg est une belle porte d’entrée. Attention par contre, les explications peuvent révéler des éléments clés des intrigue, sans que ce soit toujours nécessaire par ailleurs. Si cela ne vous gêne pas, n’hésitez pas à plonger dans la carrière du cinéaste avec cet ouvrage.