Première série du réalisateur islandais Baltasar Kormákur, Trapped serait une série policière bien banale si elle n’était pas portée par le froid glacial de l’Islande. Le scénario imaginé par le cinéaste part sur l’idée d’un crime à résoudre dans un environnement fermé. Un cadavre retrouvé au fond d’un fjord dans une petite ville de l’est du pays, le blizzard qui le coupe totalement du reste du pays et un meurtrier bloqué à l’intérieur. Cette idée n’est pas novatrice, mais Trapped n’est pas qu’une relecture dans la neige d’un classique d’Agatha Christie. Baltasar Kormákur prend son temps et il exploite au mieux la rudesse du climat islandais pour créer une ambiance pleine de mystères et de doutes. L’histoire n’est pas extraordinaire, mais la première saison est très bien réalisée et extrêmement plaisante, ne passez pas à côté.
L’intrigue se déroule à Seyðisfjörður, un petit village qui est situé dans l’est du pays et qui compte même pas 700 âmes. Au fond d’un fjord et relié au reste de l’île par une route unique peu praticable, c’est un lieu magnifique et aussi extrêmement isolé. Les habitants se connaissent tous et se serrent les coudes, ils n’ont pas vraiment le choix de toute manière, leur vie ne tient que par la solidarité des uns et des autres. C’est aussi une communauté très tranquille, bousculée dans le premier épisode de Trapped par une découverte macabre : un bateau de pêche remonte dans ses filets un corps, ou plutôt un morceau de corps. Un tronc démembré et décapité, un crime manifestement extrêmement violent. Le même jour, un ferry arrive du Danemark et naturellement, les suspicions se portent naturellement sur le bateau et ses arrivants. L’enquête se met en place et une équipe doit venir en renfort de Reykjavik, mais la tempête se lève et bloque complètement le village. La route est fermée, la glace bloque les bateaux et le vent violent empêche les hélicoptères d’approcher : jusqu’à nouvel ordre, seuls les trois policiers locaux doivent se débrouiller pour trouver le coupable et rassurer la population piégée, alors que les incidents se multiplient. Baltasar Kormákur prend son temps pour placer son décor et ses personnages et Trapped n’est pas une série frénétique, bien au contraire. Le rythme de l’intrigue est assez lent, ce qui ne veut pas dire que c’est trop lent ou trop long. L’enquête avance bien, chaque épisode apporte son lot d’informations nouvelles et de fausses pistes jusqu’à la résolution, totalement délivrée dans les deux derniers épisodes. Ce rythme apaisé permet toutefois à la série de se distinguer de la moyenne et il est la clé qui explique l’ambiance très pesante créée par le cinéaste. Dès le premier épisode, on est plongé dans ce décor enneigé, frappé par le vent que l’on sent glacial et très vite, le sentiment que rien ne va et que tout le monde pourrait être suspect. Cette ambiance est sans conteste la plus grande réussite de la série, davantage que la résolution du meurtre, même si Baltasar Kormákur a eu l’excellente idée de rester sur une histoire simple et crédible. Trapped introduit aussi quelques personnages très bien écrits et riches, que le rythme lent permet d’apprendre à connaître. Dans le lot, on retiendra surtout Ólafur Darri Ólafsson dans le rôle principal du policier en charge de l’enquête. C’est un homme manifestement brisé par une carrière difficile et par un événement qui l’a éloigné de la capitale, il est rejeté par sa femme et il va probablement perdre la garde de ses enfants. Malgré tout, il doit se battre pour trouver son meurtrier et l’acteur est excellent dans toutes ces facettes.
Trapped n’est pas une série exceptionnelle et qui brille par son originalité radicale, mais c’est une très solide série policière qui se distingue par son ambiance islandaise. Baltasar Kormákur ne s’est pas contenté de reprendre une histoire et de la saupoudrer de neige toutefois, le réalisateur a pleinement exploité les spécificités de son pays et imaginé une enquête de haut niveau. La première saison de Trapped est pour cette raison vraiment plaisante et on a hâte de voir ce que la chaîne RÚV nous réserve pour la deuxième saison, prévue pour l’année prochaine. D’ici là, ne passez pas à côté de la première série créée par Baltasar Kormákur, c’est une vraie réussite.