Pour sa dernière série, David E. Kelley adapte un roman autour d’un sujet classique, mais toujours riche : une famille apparemment normale qui explose quand l’un de ses membres devient suspect d’un meurtre. Par un hasard de calendrier mêlé de pandémie, The Undoing est sortie après Défendre Jacob sur un thème similaire. Pour autant, la création de HBO n’est pas une simple redite : en adoptant le point de vue de la mère de famille face à un mari trompeur et potentiellement meurtrier, la mini-série parvient à déployer son thriller psychologique avec une très grande efficacité. Portée par un casting impeccable, The Undoing est une vraie réussite.
La famille Fraser serait une bonne caricature de la haute société new-yorkaise, dans son immense duplex à Manhattan, lui est cancérologue de renom, elle est psychologue et leur enfant va dans une prestigieuse école privée. Ce tableau idyllique est vite ruiné quand la mère de l’un des enfants de l’école est retrouvée sauvagement assassinée. Alors que Jonathan Fraser disparaît mystérieusement, l’enquête se tourne rapidement vers lui, car on découvre qu’il avait une affaire avec la victime et qu’il a couché avec elle avant sa mort. Cette révélation fait l’effet d’une bombe pour Grace, sa femme, qui ignorait tout de la vie extra-conjugale de son époux, ainsi que pour Henry, leur enfant. Il mentait à sa famille et couchait avec une autre femme, mais est-il capable de tuer ? La police considère que c’est le seul suspect et un procès commence vite, mais avec les fortunes à disposition d’une famille comme celle-ci, ce n’est pas pas forcément un problème. À la fois enquête pour trouver le meurtrier, film de procès où l’avocate tente de brouiller les pistes et drame familial à travers les yeux de Grace, The Undoing ne manque pas d’éléments pour construire ses six épisodes d’environ une heure. On ne s’ennuie jamais et Susanne Bier offre une vraie cohérence d’ensemble en réalisant l’intégralité. Certes, cette histoire n’est pas très originale, mais David E. Kelley ne cherche pas à renouveler le genre, il se contente de raconter ce classique de la meilleure manière possible. Et il peut compter pour cela sur son casting et tout particulièrement sur Nicole Kidman, excellente en mère de famille, toute en réserve et en colère sourde. Son coup d’éclat final est un mouvement magistral, amené avec toute la subtilité nécessaire par l’actrice… c’est brillant. À ses côtés Hugh Grant est très bien pour interpréter le mari volage et suspect, tandis que le jeune Noah Jupe a toute l’intensité nécessaire pour incarner l’enfant du couple. N’oublions pas Donald Sutherland, dont le mépris silencieux pour son gendre fait froid dans le dos. Le succès de la série tient largement sur leurs performances.
The Undoing ne restera peut-être pas dans les annales, mais il faut reconnaître que cette mini-série est haletante d’un bout à l’autre. Non pas que le suspense autour de l’identité du meurtrier soit particulièrement intense, même s’il faut saluer les rebondissements de l’intrigue, surtout sur la fin. C’est plutôt l’intensité et la justesse du jeu des acteurs qui permet d’apprécier ce récit par ailleurs assez classique. Au bout du compte, c’est bien le signe d’une série réussie.