Vaiana : La Légende du bout du monde, Ron Clements et John Musker

Le retour aux sources avec une technologie moderne : Walt Disney continue de parier sur cette alliance pour ses classiques et le dernier en date ne dévie pas de cette nouvelle direction. À la barre, Ron Clements et John Musker, deux habitués de la maison qui ont signé quelques-uns des grands classiques des années 1990, La Petite Sirène et Aladdin en tête. Vaiana : La Légende du bout du monde ne reprend pas un conte connu, mais le cinquante-sixième Classique d’animation Disney s’inspire librement de quelques mythes pour construire son univers, en l’occurrence ceux de la Polynésie. Et l’histoire déployée ici est extrêmement classique, à base de monde sauvé par un héros jeune, en l’occurrence une héroïne pas si différente des princesses d’antan. Ce n’est pas original, certes, mais cela fonctionne très bien. Le rythme soutenu, la bande-originale bien travaillée, l’exotisme des îles polynésiennes, une dose d’humour pas trop lourde… Walt Disney ne prend pas de risques, on peut le regretter, mais le studio sait toujours proposer un divertissement familial solide et plaisant.

Une île perdue au milieu de l’Océan Pacifique et protégée par une barrière de récifs, quelques habitants dans un village niché près des côtes et surplombé par une montagne. Le paysage est paradisiaque et Vaiana : La Légende du bout du monde en propose une vision réussie, avec une animation informatisée du plus bel effet, notamment quand il s’agit de rendre l’eau. Disney profite de l’expertise Pixar depuis plusieurs années et le cru 2016 est à la hauteur, de la nature luxuriante à l’immensité de l’océan, en passant par une séquence sous-marine presque psychédélique, les décors sont tous réussis. John Musker et Ron Clements ne perdent pas de temps pour poser leur histoire et ses personnages. Moana/Vaiana1 est la fille du chef et à ce titre, elle doit apprendre à diriger le village pour remplacer, un jour, son père. Sauf que la jeune fille ne rêve que du large, du grand océan et de découvertes. Son père a beau essayer de la retenir, l’appel encouragé par sa grand-mère est plus fort que tout et elle finit par partir, accessoirement avec l’objectif de sauver son monde qui se meurt depuis qu’un demi-dieu a volé le cœur de la déesse Te Fiti. La suite est sans surprise, l’héroïne rencontre de nombreuses difficultés, mais avec l’aide de Maui, le demi-dieu voleur en question, elle parvient à remplir sa mission. À dire vrai, cette histoire ne passionnera pas grand-monde passé un certain âge, mais ce n’est pas trop grave. Walt Disney signe un classique qui porte bien son titre, un divertissement qui manque peut-être d’ambition scénaristique, mais qui est très clair et qui devrait ravir toutes les générations. On retrouve tous les clichés du genre, avec le personnage comique un peu inutile de service — cette fois, un coq idiot qui a le bon goût de ne pas parler —, les différents obstacles qui se dressent face aux personnages, les séquences chantées et même une séquence dans l’esprit d’un rêve. On est loin de l’inventivité des meilleurs Pixar, certes, néanmoins Vaiana : La Légende du bout du monde semble en avoir conscience et le long-métrage se contente d’assurer la base. Si le manque d‘originalité ne vous gêne pas trop, force est de constater que c’est plutôt bien fait et pas désagréable à regarder.

Doit-on innover à chaque fois ? Quelques mois avant celui-ci, Walt Disney avait osé sortir des sentiers battus avec l’excellent Zootopie, ce nouveau classique est à ranger parmi les plus classiques de la collection. Manquer d’ambition est toujours un petit peu décevant, mais Ron Clements et John Musker prouvent qu’ils savent encore raconter une histoire et divertir et Vaiana : La Légende du bout du monde est porté par une bande-originale réussie et une technique irréprochable. À voir en famille.


  1. La version originale du long-métrage est nommé comme son héroïne, Moana. En Europe, pour une obscure raison légale, Disney a été obligé de changer le prénom du personnage. En France, nous avons comme souvent droit à une version inutilement allongée, parce que pourquoi pas.