Wayne’s World est devenu instantanément culte pour toute une génération, mais pas seulement. Même si vous n’avez jamais vu ce long-métrage sorti en 1992, vous connaissez forcément certaines répliques, ou des séquences restées dans les mémoires collectives. De l’emploi du « Not » en fin de phrase pour retourner une affirmation au karaoké improvisé en voiture sur « Bohemian Rhapsody » en passant par tous les tics de langage répétés à l’infini et qui ont fini par rester en tête et bien sûr le sourire débile du personnage principal… Sans le savoir, Penelope Spheeris signe une œuvre bien ancrée dans les années 1990, mais qui transcende largement son époque. Wayne’s World est avant tout un énorme délire qui ne se prend jamais au sérieux, et c’est tant mieux. Mike Myers est au commande et on sent que c’est son délire, exploité jusqu’au bout dans une explosion de scènes stupides et drôles : un classique !
Party time, excellent!
Le film se construit autour d’une idée qui devrait sembler très étrange pour les spectateurs les plus jeunes. Wayne’s World, c’est aussi le nom d’une émission réalisée par deux potes avec quasiment aucun moyen. Ils tournent dans la cave de Wayne et avec Garth, ils enchaînent des blagues au goût douteux, mais avec une liberté de ton qui séduit un public toujours plus large. Si large qu’un jour, un producteur de télévision les remarque et propose de racheter le concept : cette émission n’est pas diffusée sur internet, encore moins sur Snapchat, mais bien à la télévision traditionnelle. Au début des années 1990, il est devenu suffisamment facile et bon marché de tourner et de diffuser un programme sur le câble et c’est exactement ce qu’ils font. Les deux protagonistes sont encore jeunes et naïfs et ils signent un contrat qui leur semble parfait – ils gagnent 5000 $ chacun au passage –, mais ils vont vite découvrir que la TV officielle n’est pas prête à accepter leur liberté de ton quasiment totale. L’idée de base est assez simple et le long-métrage de Penelope Spheeris reste jusqu’au bout sur cette ligne, pour former une comédie hilarante qui joue sur les oppositions entre deux générations. Ne cherchez pas à sur-expliquer Wayne’s World toutefois, on sent bien que l’on est dans la tête de Mike Myers et que tout cela n’est pas trop sérieux.
C’est la première fois que le jeune acteur passe dans un format long, mais ce film est adapté d’une série de sketches qu’il a écrit pour le Saturday Night Live. Mike Myers a réuni la même équipe et c’est bien son sens de l’humour qui est exploité en permanence dans Wayne’s World. On adhère ou pas, mais force est de constater que la logique d’ensemble est remarquable et même si le scénario part dans tous les sens, on reste toujours sur le même type d’humour. Et on a essentiellement du comique de répétition, avec des gags dupliqués à l’infini et qui deviennent drôles précisément parce qu’ils sont sans arrêt à l’écran. Ce n’est pas pour rien que certains gags ont fini par entrer dans l’imaginaire collectif : en une heure et demi, on les voit quatre, voire cinq fois. Évidemment, si vous n’appréciez pas du tout cet humour pas toujours très léger, vous risquez vite de vous ennuyer ferme1, mais si vous y êtes sensible, ce sera au contraire un régal. Penelope Spheeris peut compter sur d’autres types d’humour quand même, à commencer par un décalage constant de Wayne qui semble parfaitement conscient d’être dans un film et qui parle directement aux spectateurs. Et puis Wayne’s World est un un hommage à la culture américaine des années 1990… ce qui pose sans doute quelques problèmes désormais. Vous passerez peut-être à côté de quelques clins d’œil culturels, mais qu’importe : il reste suffisamment de gags visuels — ne serait-ce que la scène mythique où Garth mime « Foxy Lady » — et de vannes pour s’amuser. Et s’il ne fallait retenir qu’un seul argument, les mimiques visuelles et le rire de Mike Myers devraient largement suffire…
No Way!
Si culte que ses fans connaissent toutes les répliques par cœur et se les récitent quand ils se croisent, Wayne’s World est une comédie très drôle, à condition de comprendre et d’apprécier son humour un peu spécial. On comprend très bien pourquoi Alain Chabat et Dominique Farrugia (qui ont signé l’adaptation en français) en sont fans : c’est un humour très proche de ce qu’ont pu faire Les Nuls à leur début. Une vingtaine d’années après, que reste-t-il ? Des citations ancrées dans la culture et une comédie assez lourdingue, c’est vrai, mais aussi très fun. Le film assume totalement son statut et ne cherche jamais à être plus intelligent qu’il ne l’est en réalité. Bilan, même si on passe à côté de quelques citations culturelles qui ont mal vieilli, la comédie tape toujours dans le mille et Wayne’s World se (re)voit avec beaucoup de plaisir !
Vous voulez m’aider ?
Way!
- Jetez un œil aux critiques de la presse française de l’époque, elles valent le détour par leur unanimité. Le même film recevrait probablement une bien meilleure critique aujourd’hui. ↩