« Welcome to Wayward Pines. Where Paradise is home » : dès que l’on voit cette pancarte placée à l’entrée de la bourgade, on sent que les choses ne seront pas aussi paradisiaques que prévu. Et comme prévu, la série créée par Chad Hodge tient plus du cauchemar que du paradis pour ses personnages. Adaptée d’une trilogie écrite par Blake Crouch, Wayward Pines nous plonge dans un village apparemment idyllique, mais qui s’avère vite être une sorte d’immense prison à ciel ouvert. Pariant sur le mystère, le scénario ne nous dit pas tout tout de suite et les révélations s’accumulent tout au long de la première, et a priori unique, saison. L’idée est bonne et les premiers épisodes sont assez bien menés, mais les incohérences se multiplient vite et malheureusement, on finit vite par se désintéresser de la situation et des personnages. Mais si vous voulez regarder Wayward Pines, ne lisez sous aucun prétexte la suite, sous peine de perdre tout l’intérêt, à savoir l’effet de surprise.
Wayward Pines commence par un accident de voiture. L’agent spécial Ethan Burke est en mission pour retrouver deux collègues disparus et quand il se réveille après l’accident, il se retrouve dans l’hôpital de Wayward Pines. À partir de là, la série fonctionne quasiment en huis clos, même si on aura quelques flashbacks pour sortir de la ville. L’essentiel toutefois se déroule dans les maisons, les boutiques et les rues de cette bourgade où se retrouve le héros. Et dans un premier temps, on ne sait absolument pas pourquoi il s’y retrouve, ni pourquoi les personnages agissent souvent de manière mystérieuse. Progressivement, Chad Hodge lève le voile sur le mystère au centre de sa série et on découvre que la ville est entourée d’un mur haut, épais et électrifié. On apprend aussi que tous les habitants sont traqués en permanence par des milliers de caméras et encore plus de micros. Peu à peu, on comprend qu’il s’agit d’une immense prison, mais une prison où les habitants semblent avoir été placés par hasard et sans savoir pourquoi exactement. Wayward Pines se découvre ainsi petit à petit et le scénario est assez convaincant dans l’ensemble, même si la vérité peut sembler presque décevante par sa simplicité. Avec Night M. Shyamalan en guise de producteur exécutif, on pouvait s’attendre à un twist encore plus impressionnant, une idée encore plus originale… mais le scénario de science-fiction qui se déroule finalement tient parfaitement la route, c’est déjà un bon point. Et la dystopie créée par le scénario fait froid dans le dos, même si la série n’a pas vraiment le temps de s’attarder sur l’aspect surveillance permanente, ce qui est un petit peu dommage.
C’est d’ailleurs le principal défaut de Wayward Pines à l’heure des bilans. En une saison, la série avale les trois tomes du roman original et peut-être que l’histoire aurait mérité un traitement allongé et plus précis. Toujours est-il qu’en l’état, le récit est encombré de beaucoup trop d’incohérences pour être crédible. Ce n’est pas tellement un problème global, comme on le disait le contexte général est correctement établi. C’est plutôt des dizaines de petites incohérences qui s’accumulent dans chaque épisode : pourquoi tel personnage n’alerte pas directement tel autre personnage ? Pourquoi est-ce que la vérité n’est pas révélée directement à un personnage, causant artificiellement des dizaines de problèmes qui n’auraient pas lieu d’être ? Et puis ne parlons pas de la fin, qui s’arrange avec la cohérence de l’univers avec une facilité déconcertante : par moment, on a un petit peu le sentiment que les scénaristes avaient besoin d’excuses un petit peu grossières pour qu’un épisode tienne la route… et cela s’est vu. C’est dommage, car on finit par se désintéresser presque totalement à ce qui arrive aux personnages et quand la fin de la première saison arrive, on n’a vraiment pas envie d’en voir une autre. Cela tombe bien, la chaîne n’a pas prévu de suite pour le moment. Il faut dire aussi que l’acteur principal qui incarne l’agent Ethan Burke, Matt Dillon, peine à convaincre lui aussi. Son personnage n’est jamais très intéressant, on ne se met jamais vraiment à sa place et on le trouve même souvent assez stupide. Bref, cette série échoue à nous passionner pour ses personnages, même s’il faut reconnaître que les seconds rôles sont plus réussis — Melissa Leo, en particulier, est très bien dans le rôle de l’infirmière Pam —, mais cela ne suffit pas à sauver l’ensemble.
À l’heure des bilans, Wayward Pines est donc une déception. Composée de dix épisodes de moins de 50 minutes, la première saison passe très rapidement et elle se regarde sans déplaisir, mais sans plaisir non plus. Et les derniers épisodes ne donnent vraiment pas envie de regarder la suite : à cet égard, la dernière série de Chad Hodge est un échec. Et dans le genre ville que l’on ne peut pas quitter, Le Prisonnier faisait bien mieux dans les années 1960.