White Bird, Gregg Araki

Une famille normale dans une paisible banlieue américaine des années 1980 jusqu’au jour où Eve, la mère de famille, disparaît du jour au lendemain sans laisser de traces. Avec White Bird, Gregg Araki interroge la famille typique de l’American Way of Life, mais comme toujours dans ses films, c’est l’adolescence qui est au premier rang. En l’occurrence, une adolescente, Kat, qui a 17 ans au moment de la disparition. Cette jeune femme très perspicace avait bien vu que sa mère n’allait pas bien et elle s’imagine qu’elle a quitté son père pour refaire sa vie ailleurs. Voici le postulat de départ de ce long-métrage bref et très simple au fond. White Bird n’est pas très original et sa fin trop explicite est un petit peu décevante, mais l’ensemble reste plaisant.

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À partir de ce départ inopiné, Gregg Araki reconstruit l’histoire d’Eve et de ses parents par une série de flashbacks, tout en montrant comment la vie de l’adolescente suit son cours, entre rendez-vous chez la psychologue, ses amis et bientôt la fac. White Bird montre très bien comment Eve, jeune femme active que l’on imagine un petit peu folle, s’est rangée après son mariage. Elle obtient tout ce qu’elle voulait, tout ce qui fait rêver probablement tant de jeunes filles de sa génération : un mari, une maison et un enfant… même si le film, cruel, souligne qu’elle aurait préféré un chat. D’où le choix du prénom, Katherine, qui devient Kat au quotidien. Dans sa nouvelle vie de mère, Eve se morfond vite : une fois le ménage terminé, elle n’a plus rien à faire de ses journées et la dépression arrive irrémédiablement. Toute cette partie est très bien traitée par le long-métrage, même si elle n’est pas très originale et s’approche parfois un petit peu trop d’un sentiment de déjà-vu. C’est un sentiment diffus pendant toute la durée du film, qui reste heureusement assez court, évitant l’ennui. Gregg Araki est toujours un aussi bon metteur en scène et ses cadres parfaitement géométriques sont souvent magnifiques. Le cinéaste peut aussi compter sur le talent de ses actrices : Eva Green, presque méconnaissable avec son maquillage appuyé, est excellente dans le rôle de la mère dépressive. À ses côtés, Shailene Woodley est parfaitement juste dans le rôle de l’adolescente un petit peu trop mature. À l’arrivée, White Bird tient la route et le film est entouré d’une aura de mystère qui fonctionne très bien, mais qui est hélas gâché par une fin explicite et décevante. Le twist semble un petit peu trop facile et même si c’est probablement davantage la faute du roman adapté ici, c’est dommage. Plus court d’une dizaine de minutes, le long-métrage aurait gagné en force en maintenant son mystère sur le sort d’Eve : dommage.

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White Bird n’est pas inoubliable, tout comme l’était Kaboom avant lui. Gregg Araki brasse souvent les mêmes thématiques, mais on est loin de la puissance et de la gêne procurée par Mysterious Skin pour revenir quelques années en arrière. Ici, on tient un drame familial teinté d’une vague ambiance de thriller, une œuvre très classique que l’on verra avec plaisir et que l’on oubliera dans la foulée.

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