« Cela commençait comme une journée ordinaire » clame l’affiche devant une forme en ruine que l’on identifie comme la Maison-Blanche. Chez Roland Emmerich, aucune journée n’est ordinaire et certainement pas celle-ci. White House Down est un titre qui a le mérite de la clarté — même si on comprend mal pourquoi il n’a pas été traduit au passage — et le spécialiste des films catastrophes ne déçoit pas nos attentes. On commence avec un palais présidentiel en pleine forme, on termine plus de deux heures après avec une ruine, mais un pays resserré autour de son président vivant et victorieux comme il se doit. Pour l’originalité, on repassera, mais le cinéaste allemand fait ce qu’il sait mieux faire : divertir. Si vous aimez les films à gros budgets, si vous aimez les explosions et les hélicoptères, vous serez servi. White House Down dégouline de bons sentiments américains et de bons sentiments tout court, mais il est aussi extrêmement efficace. Un pur divertissement, très efficace et plaisant, à voir et puis à oublier.
Le principe de White House Down est simple : prenez une journée apparemment banale à la Maison-Blanche, ajoutez une attaque terroriste très bien menée, mélangez un peu et boum. Roland Emmerich ne cherche absolument pas à faire son intéressant avec une histoire originale et son scénario suit à la lettre les passages obligés du genre. On découvre ainsi tout d’abord les personnages principaux avec en premier lieu John Cale, un agent de sécurité qui travaille pour le Président de la Chambre des Représentants. Très vite, le cinéaste pose le contexte : un divorce, une fille avec qui il a un contact difficile, une tentative ratée d’entrée dans la sécurité rapprochée du Président, son rêve. James Sawyer, le Président des États-Unis, est un autre personnage clé que l’on découvre brièvement avant d’entrer dans le vif du sujet. White House Down imagine une histoire parfaitement huilée où des terroristes s’emparent de la Maison-Blanche apparemment pour une histoire d’argent. Ils commencent par faire diversion au Sénat, avant de s’en prendre au cœur du pouvoir exécutif américain et leur plan parfaitement huilé est mené d’une main de maître. La sécurité tombe en une poignée de minutes et devinez qui reste à ses côtés, qui pour sauver le président d’une mort certaine ou pire ? John Cale bien sûr ! Celui qui est présenté comme un looser au début devient vite le héros de notre histoire. Là encore, difficile de trouver la moindre originalité chez Roland Emmerich : on suit les deux hommes s’en sortir malgré toutes les tentatives de l’ennemi qui est armé et entraîné, mais qui ne peut rien faire contre ce héros qui semble échapper à tout. Les combats s’intensifient, mais l’issue ne fait pas vraiment de doute et, à dire vrai, elle importe peu.
Après Independence Day, après 2012, Roland Emmerich s’adonne à nouveau à l’un de ses passe-temps favoris : détruire la Maison-Blanche. Plutôt que de continuer à n’en faire qu’une étape de ses films, le cinéaste allemand a cette fois décidé d’en faire le sujet et, un peu à la manière de la série 24 heures chrono, tout se déroule sur une seule journée dans White House Down. De fait, le long-métrage prend des airs de tragédie avec son respect de l’unité de temps et de lieu : tout se déroule sur quelques heures et uniquement à l’intérieur des murs du palais présidentiel, ou du moins dans son enceinte. On y entre au début, on n’en ressortira pas avant la fin, même si le film multiplie les séquences au Pentagone ou dans l’avion qui emmène rapidement le Vice-Président à l’écart. Ce choix est indéniablement une force et même si le film est truffé d’incohérences, il gagne ainsi en crédibilité, ce qui est encore plus important. On y croit juste assez pour prendre du plaisir, et sur ce point, White House Down est loin d’être avare. Roland Emmerich s’en est donné à cœur joie avec des combats multiples et variés dans la Maison-Blanche, mais aussi des attaques avec des hélicoptères ou des tanks, et même une course poursuite avec la limousine présidentielle blindée : un moment d’anthologie dans ce film qui en fait des tonnes, mais le fait bien. Si vous aimez le spectacle, vous serez servi et il faut bien reconnaître que le réalisateur est un excellent artisan qui opte toujours pour le meilleur angle, le meilleur cadre pour mettre en valeur son action. C’est très plaisant et, pour ne rien gâcher, White House Down oublie de se prendre trop au sérieux avec un duo d’acteurs qui s’amusent follement. Channing Tatum n’est pas là que pour montrer ses muscles saillants et il forme, avec Jamie Foxx, un couple de personnages séduisants, à défaut d’être original naturellement.
Le drapeau américain flotte fièrement sur White House Down et le pays est sauvé, comme toujours. Roland Emmerich n’essaie pas de contourner les clichés, bien au contraire : le cinéaste se les approprie sur ce nouveau long-métrage qui est, plus que jamais, un fidèle représentant du genre. Qu’on se le dise, on ne prendra aucun plaisir à regarder ce film si l’on espère être surpris — quoique le twist final n’était pas attendu —, mais il faut le prendre comme du pur divertissement. Sur ce plan, White House Down ne déçoit décidément pas et mieux, son efficacité à toute épreuve incite à plus d’indulgence sur le fond. Ce parfait représentant du blockbuster décérébré est fun comme il faut et on n’en demandait pas plus. Mission réussie…