Le premier Wonder Woman peinait à convaincre avec son ton trop sérieux, son atmosphère kitsch et surtout un discours féministe qui avait du mal à compenser un traitement caricatural des personnages féminin. Mais le succès a été au rendez-vous, suffisamment pour que cela devienne une saga et voici Wonder Woman 1984. Quelques années après le premier volet, la recette de cette suite semble avoir été : on prend les mêmes, et on recommence. Même si l’époque est différente, comme le titre le suggère bien, rien n’a changé au fond. De l’ouverture sur l’Olympe kitsch jusqu’à la romance avec le même personnage, en passant par les scènes d’action sans âme… Patty Jenkins n’a manifestement pas innové. Ajoutez à cela une longueur exagérée et quelques gros problèmes de rythme et vous obtenez un divertissement parfaitement oubliable.
Wonder Woman se déroulait pendant la Première guerre mondiale, c’est la fin de la Guerre froide que choisit Patty Jenkins pour cette suite. Le cœur des années 1980, une époque parfaite pour surfer sur la nostalgie d’une bonne partie du public, même s’il faut noter que Wonder Woman 1984 n’insiste pas trop sur le côté nostalgique, en tout cas moins qu’escompté. La reconstitution reste finalement assez légère et on peut oublier dans la plupart des scènes que l’on n’est pas dans notre présent. Le scénario se construit malgré tout sur quelques éléments importants de l’époque, entre opposition à l’URSS et bataille pour l’espace, en passant par des sujets plus futiles, comme la mode de l’époque et l’avènement de la télévision de masse. Diana, notre superhéroïne, ne vieillissant pas, on retrouve la même Gal Godot, qui reste plus ou moins discrètement dans la société, sauvant quand même de temps en temps la veuve et l’orphelin, mais en secret. On a du mal à comprendre comment c’est possible, tant le costume sexiste et brillant du personnage est visible, mais enfin, c’est ce que l’on nous dit. Toute cette discrétion vole de toute manière en éclat quand Diana rencontre Barbara, une collègue au Smithsonian qui doit analyser une étrange pierre. Quiconque la tient peut obtenir un souhait et notre héroïne obtient ce qu’elle souhaite le plus au monde, à savoir le retour de son amoureux. Steve, que l’on avait longuement vu dans le premier film, revient donc d’entre les morts et occupe le corps du premier type venu1. C’est rigolo et surtout l’occasion de garder le rôle de Chris Pine, qui n’est pourtant pas bien meilleur la deuxième fois, mais tout se gâte quand Maxwell Lord s’empare de la pierre et l’absorbe pour mener à bien son plan diabolique de conquête mondiale. On le voit bien, Patty Jenkins n’a pas choisi l’histoire la plus originale qui soit, à nouveau. Les détails varient, mais l’idée de base reste la même : Wonder Woman doit sauver le monde d’une destruction certaine, qui prend la forme d’un holocauste nucléaire cette fois. S’ensuit une longue série de scènes d’action, entrecoupées de scènes romantiques sans grand intérêt et qui tirent vite en longueur. On ne s’ennuie jamais vraiment, cela reste un blockbuster qui se regarde sans déplaisir, mais que retient-on de ce film de plus de 2h30 ? Certainement pas la musique lourdingue et caricaturale au possible de Hans Zimmer, encore moins le scénario incroyablement banal et sans intérêt.
Comme son prédécesseur, Wonder Woman 1984 semble se protéger derrière son discours plus progressiste que la moyenne pour masquer ses défauts. C’est vrai que les femmes ont un rôle plus important que dans la plupart des grosses productions hollywoodiennes et on ne peut qu’applaudir le discours sur la toxicité masculine ou sur les dangers du capitalisme à outrance représenté par Max. Tout ceci est indéniablement positif, mais cela ne suffit pas à faire un bon film. Patty Jenkins a échoué une fois de plus à faire mieux : autant dire qu’on n’attendra pas le troisième volet de la saga Wonder Woman avec beaucoup d’impatience.
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- Une manœuvre qui n’est jamais expliquée par le film et vraiment étrange au fond. Diana voit « son » Steve, mais on sait que c’est un autre homme qui est avec elle dans la pièce. Du coup, est-ce qu’elle viole un inconnu en faisant l’amour avec celui qu’elle voit comme son amant ? C’est une idée tout de même assez spéciale, surtout dans un film aussi ouvertement progressiste par ailleurs. ↩