X-Men : Apocalypse, Bryan Singer

Bryan Singer ne lâche plus la saga X-Men qu’il avait lancé avec succès au début des années 2000 avant de connaître quelques déboires quand il n’était plus là. Avec X-Men : Days of Future Past, il a prouvé qu’il n’avait pas perdu le sens de ce qui faisait le succès de la saga. Après ce retour très prometteur, la suite n’est hélas pas à la hauteur. X-Men : Apocalypse oppose les superhéros à leur pire ennemi, le premier mutant vénéré comme un dieu dans l’Égypte antique, endormi depuis plus de 3000 ans et réveillé par erreur au beau milieu des années 1980. Hélas, ce super-vilain est si grossier et caricatural qu’on ne s’intéresse jamais à lui, encore moins à sa cause et même si le cinéaste parvient à offrir un divertissement acceptable pendant près de deux heures trente, ce nouveau volet est sans intérêt, à l’exception d’une scène ou deux plus réussies. Dommage…

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Depuis le reboot de la saga initié avec X-Men : Le Commencement, chaque épisode semble consacré à une décennie. Après les années 1960 puis les années 1970, le troisième est dédié aux années 1980. Les superhéros tels qu’on les a découverts au départ ne sont pas encore tout à fait formés, mais on se rapproche de plus en plus de la formule que l’on connaissait aux origines et Bryan Singer commence par introduire les mutants manquants. On découvre ainsi le futur Cyclope, qui n’est encore que Scott Summers, un jeune homme incapable de mener une vie normale, puisqu’un rayon destructeur sort en permanence de ses yeux. On rencontre aussi Tornade et Diablo, deux autres mutants déjà croisés dans la saga et X-Men : Apocalypse peut commencer. Le film commence par une introduction dans l’Antiquité, au moment où des Égyptiens se sont rebellés contre En Sabah Sur, aka Apocalypse, un mutant extrêmement puissant qui était alors considéré comme un dieu dans la région. Ils parviennent à l’enterrer sous sa propre pyramide et on comprend qu’il y reste jusqu’aux années 1980, où reprend alors le cours de l’histoire. Cette introduction souffre d’un problème récurrent dans le film, à savoir une emphase qui frôle au kitsch, mêlée d’un sentiment de déjà-vu qui enlève à l’ensemble tout intérêt. Sans même avoir vu la suite, on sait déjà que ce mutant extrêmement puissant va critiquer les évolutions de l’humanité et va vouloir retrouver sa place vénérée, sans se gêner pour détruire totalement la civilisation humaine si c’est ce qu’il faut. Et évidemment, c’est précisément son plan, que Bryan Singer déploie sans jamais le remettre en cause, avec encore moins de second degré. Le problème, ce n’est même pas que l’on n’y croit jamais, c’est qu’au fond, on s’en fiche pas mal et le film souffre clairement de passer à côté de ce qui devrait être son moteur principal.

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Ce désintérêt poli ne concerne pas que le grand méchant, qui plus est. Alors que le précédent volet de la saga avait réussi à creuser la psychologie des personnages et à les faire vivre au-delà de leurs super-pouvoirs, X-Men : Apocalypse retombe dans ce travers hélas trop fréquent où l’aptitude résume les personnages. C’est flagrant pour Magneto, l’un des personnages les plus intéressants de tous les mutants, mais qui est ici délaissé. Michael Fassbender fait ce qu’il peut et l’acteur offre une prestation émouvante quand il est contraint d’abandonner une vie cachée de normalité, mais son personnage est ensuite censé se ranger dans les rangs de l’Apocalypse sans raison, et il en souffre nécessairement. Il est énervé, certes, mais ce personnage n’est pas censé suivre le premier venu sans discuter. Ici, on a l’impression que les scénaristes avaient besoin de ses pouvoirs auprès du méchant, sans prendre la peine de justifier l’association des deux. Bryan Singer passe à côté de la majorité de ses personnages et ils manquent presque tous d’épaisseur. Jean Grey, la mutante la plus puissante et la plus dangereuse de la saga, a une place de choix dans l’intrigue, mais on ne s’intéresse même pas à elle et on ne comprend pas exactement quel est son pouvoir, ni même ce qu’elle fait à la fin. L’ensemble manque d’épaisseur et il ne reste le plus souvent qu’un spectacle en général bien mené, pas très original, ni très impressionnant, mais malgré tout divertissant. Comme dans le précédent long-métrage du cinéaste, toutes les séquences avec le mutant Vif-argent (Evan Peters, impeccable) sont les plus réussies, tout particulièrement celle de l’explosion de l’école. Cette scène apporte en outre une pointe d’humour bienvenue, mais cela ne suffit pas vraiment à rehausser l’intérêt de l’ensemble. Au total, on se fiche assez de l’intrigue et de ses protagonistes et, il faut bien le dire, Bryan Singer s’est planté sur ce film.

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Est-ce que la saga X-Men, qui est loin d’être terminée, va rebondir après cet échec ? La suite revient aux bases, avec un épisode dédié à nouveau au personnage de Wolverine, ce qui ne laisse pas présager du meilleur a priori. En attendant, X-Men : Apocalypse était très ambitieux avec le plus grand méchant de tous les temps, mais Bryan Singer rappelle surtout que les combats entre superhéros ne sont pas très intéressants. C’est quand les mutants sont opposés à la société civile que la série devient intéressante, cela a toujours été le cas et cet épisode le confirme encore une fois.