You pourrait n’être qu’une énième comédie romantique sans grand intérêt. La première saison se déroule à New York, autour de la rencontre entre un libraire et une romancière en devenir… pouvait-on imaginer plus cliché ? Sauf que la série créée par Greg Berlanti et Sera Gamble a comme personnage principal un psychopathe qui n’hésite pas à éliminer littéralement tous les obstacles qui se posent entre lui et la femme de ses rêves. Ce twist est très bien trouvé pour renouveler l’intérêt du spectateur et la première saison, adaptée d’un roman, s’avère très fun. Malheureusement, la formule s’épuise vite et la deuxième saison essaie de tout changer sans rien modifier à l’arrivée. You mérite malgré tout le détour, mais vous pouvez très bien vous contenter de la première saison.
L’intrigue se met en place très rapidement dans le pilote, quand Joe, libraire new-yorkais apparemment sans histoire, rencontre Beck, étudiante qui se rêve en écrivaine. Le coup de foudre est immédiat, enfin en tout cas pour lui. Il tombe immédiatement amoureux et s’imagine déjà fonder une famille et finir sa vie avec elle. Seul petit problème, ce n’est pas forcément réciproque et Beck a un petit-ami. À tout problème, sa solution et Joe décide alors de kidnapper ledit petit-ami pour avoir le champ libre et séduire la belle. Très vite, You marque sa différence en creusant le sillon du psychopathe prêt à absolument tout pour atteindre son objectif. Comme dans le roman original, la série exploite largement la narration intérieure et on a constamment les pensées de Joe pour nous faire comprendre qu’il ne tourne pas rond du tout. Il décide très vite de tout faire pour séduire Beck et se lance dans un espionnage intense, en suivant la jeune femme partout, provoquant des rencontres censées tenir du hasard, enquêtant sur ses faits et gestes et ses amis. La série adaptée par Greg Berlanti et Sera Gamble exploite remarquablement bien les réseaux sociaux, avec un traitement très réaliste, une fois n’est pas coutume. Joe récupère l’ancien téléphone que Beck pensait avoir perdu et il peut ainsi suivre les conversations de sa cible sur les messageries instantanées, en toute discrétion. Son enquête approfondie de ses amitiés se fait largement sur Facebook et Instagram et You démontre remarquablement bien tout ce que l’on peut laisser de notre vie privée sur ces sites. Toutes ces bonnes idées se combinent pour composer une première saison que l’on regarde rapidement et avec plaisir. Ce n’est pas une grande série, mais un très bon feuilleton parfaitement mené et très sympathique à suivre. La mise en scène et la photographie nous invitent bien dans la tête du personnage principal, c’est comme si l’on voyait le monde à travers ses yeux et même s’il y a peut-être quelques facilités de scénario, l’histoire tient la route jusqu’au bout. Malheureusement, tous ces bons points ne suffisent pas forcément à faire une bonne série, en tout cas pas sur la longueur. Sans trop en dévoiler, disons simplement que la première saison n’appelle pas forcément de suite, et la deuxième est obligée de repartir sur des bases nouvelles. On quitte New York pour Los Angeles et on découvre de nouveaux personnages… mais la sauce ne prend plus. On a l’impression de revoir la même chose, la première rencontre, Joe qui fait tout pour séduire une nouvelle femme, mais l’ambiance n’est plus là et on s’ennuie très vite.
You aurait mieux fait d’en rester à cette première saison, mais naturellement, le succès ayant été au rendez-vous, ses concepteurs ont été « forcés » de lui donner une suite. On a le sentiment que c’est aussi exactement ce qui s’est passé pour Caroline Kepnes, la romancière qui n’avait sans doute pas prévu de donner une suite à son premier roman, mais qui a été contrainte de trouver une idée quand le succès est arrivé. C’est humain de vouloir profiter de ce qui fonctionne, mais vous n’êtes pas obligés de suivre. Regardez la première saison de You et arrêtez-vous à la fin du dixième épisode, vous aurez vu le meilleur que ce bon point de départ pouvait offrir.