Sorti directement en DVD en France, Zack et Miri font un porno entre dans la catégorie des comédies américaines à l’humour aussi léger qu’un 35 tonnes. Reprenant d’ailleurs deux acteurs de 40 ans toujours puceaux, le film de Kevin Smith assume son côté lourdingue et satisfait totalement l’effet d’annonce provoqué par le titre. Zack et Miri font un porno est bien l’histoire d’un gars et d’une fille qui décident de tourner un porno, pour se sortir d’une situation financière difficile. Les vannes et bons mots fusent, rarement de bon goût, mais font parfois mouche tandis que cette compagnie d’acteurs pornos assez improbables se révèle efficace. Dommage, dès lors, que le film se termine si conventionnellement…
Zack et Miri sont des amis d’enfance, ils se connaissent depuis le CP et s’ils vivent ensemble, c’est pour une collocation et non une vie de couple. Car, bien entendu, ils ne peuvent pas coucher ensemble et ne pourraient jamais vivre ensemble, ce serait « trop bizarre ». L’arrangement est purement financier : le film ouvre en présentant toutes les difficultés des deux amis. Les factures impayées s’accumulent et bien vite ils n’ont ni eau, ni électricité. Leur voiture est une ruine qui n’en a plus pour bien longtemps et on comprend sans peine qu’il va leur falloir trouver une solution, et vite, pour ne pas finir à la rue. Un jour, deux gamins filment Miri en culotte avec leur téléphone et la vidéo finit rapidement sur Internet et devient une des vidéos les plus consultées. Cette notoriété aussi soudaine qu’inattendue donne une idée un peu folle à Zack : et s’ils tournaient un porno ? Ils commencent alors à constituer autour d’eux une petite équipe d’acteurs et actrices amateurs, mais aussi d’un caméraman, d’un producteur… et ils se mettent en tête de tourner un porno. Comme souvent, le scénario n’a alors aucune importance, mais nos deux compères se donnent beaucoup de mal à trouver un titre parodiant un film qui a vraiment existé, occasion de quelques formules assez drôles (VO obligatoire). Mais bien entendu, l’amour qui ne devait pas exister entre les deux vient tout chambouler…
Zack et Miri font un porno laisse un sentiment mitigé. Comédie lourde, mais au ton assumé et souvent drôle d’un côté, le film laisse peu à peu place à une comédie romantique très convenue et bien peu intéressante où, sans surprise, les deux héros du film se rendent compte qu’ils éprouvent finalement beaucoup plus que simplement de l’amitié. Même si cela ne fait aucun doute dès la première scène, le film de Kevin Smith conserve quand même un ton décalé bienvenu pendant un assez long moment. Et sans être toujours drôle, Zack et Miri font un porno offre quelques plaisanteries d’un goût parfois douteux, mais souvent réussies. Ça ne vole jamais bien haut et les blagues dépassent rarement la ceinture, ce qui est somme toute logique pour un film évoquant le cinéma porno. Ce dernier est bel et bien présent dans le film, même si vous seriez déçus si vous attendez des scènes vraiment chaudes. On voit quand même quelques paires de seins et un pénis de manière plus furtive, mais Zack et Miri font un porno n’est pas un film pornographique. Ce serait plus une parodie de films pornographiques, et une parodie plutôt réussie d’ailleurs avec ces scènes supposées installer la scène de sexe qui va suivre dans un cadre réaliste et qui sont au contraire totalement surréalistes et avec ces acteurs de porno présentés ici comme des avides de sexe totalement stupides. Cet aspect-là du film est plutôt bien vu et amusant. Par son côté bricolage, Zack et Miri font un porno évoquerait presque l’univers de Michel Gondry (on pense notamment à Soyez sympas, rembobinez). On retrouve cette croyance dans un cinéma de bricole, un cinéma qui rassemble les laissés pour compte et leur fourni une raison d’avancer.
Efficace, car amusant, tant que l’amour ne reprend pas ses droits au moins, Zack et Miri font un porno ne va néanmoins pas au-delà de son simple statut de film potache sur l’univers du sexe. D’un humour lourd, mais assuré, il s’agit bien d’une comédie comme seuls les Américains semblent capables d’en faire. C’est déjà bien et cela conviendra sans doute aux amateurs du genre, mais les autres, comme moi, trouveront le film un peu léger sans doute. Après, tout est affaire de goût…