Ouvert depuis moins d’un mois à Villeurbanne, le Rita-Plage est un restaurant végétarien qui propose des buffets chauds et froids les midis en semaine, et une formule brunch les dimanches. C’est justement cette dernière que l’on est venue tester. Nulle viande ici, et ce n’est vraiment pas grave : les assiettes thématiques sont gourmandes et savoureuses, tandis que les prix restent très raisonnables. On pardonne volontiers les erreurs de ses deux propriétaires qui débutent dans le métier et la formule est séduisante pour un repas dominical différent.

Pour le brunch, on a le choix entre trois assiettes qui changeront probablement au fil du temps, mais qui nous amenaient ce jour-là à New-York, au Québec et au Mexique. Trois thèmes différents, avec à chaque fois trois ou quatre éléments qui s’accordent à peu près géographiquement. Pour New-York par exemple, on avait un muffin garni d’avocats et d’un fromage à la crème, mais aussi une salade de fenouils agrémentés de parmesan (ci-dessus). Les fèves à la québécoises constituaient le clou du spectacle pour l’assiette « Ostie de Calice! », avec aussi une brioche à la cannelle faites maison (ci-dessous). Quant à l’Amérique centrale, on évolue entre tortilla de blé et guacamole, haricots noir et coriandre. On voit bien l’idée, même si la cuisinière laisse libre cours à son imagination et associe les saveurs assez librement, mais toujours dans l’esprit végétarien. Il y a des œufs et du lait, mais le « tarama » est vegan et il s’agit en fait d’une crème faite à partir d’une légumineuse, probablement des poix chiches. L’ensemble est en tout cas très bon, avec des assaisonnements précis une technique irréprochable, que ce soit sur les œufs brouillés ou la brioche à la cannelle. Tout est cuisiné sur place, et on sent que c’est fait avec amour et avec goût.

Ces assiettes sont proposées à une dizaine d’euros, accompagnées de pain et de café à volonté. Si on le souhaite, on peut ajouter un buffet pour 2 € de plus, avec du thé, quelques confitures et autres tapenades pour agrémenter son pain, mais avec surtout un accès à d’excellentes pommes de terre sautées, également disponibles à volonté. Mieux vaut opter pour cette option supplémentaire (qui ferait bien d’être intégrée en une formule unique et plus simple), car les assiettes sont assez légères, à l’exception de la version québécoise qui nourrit bien. Se contenter de la new-yorkaise sera trop léger, alors qu’avec ces pommes de terre et leur ketchup et mayonnaise maisons (deux sauces convaincantes au passage), on a plus de quoi se remplir l’estomac. Du coup, le vrai tarif augmente un petit peu, mais on reste loin des prix délirants de nombreux brunchs, une formule devenue à la mode, mais qui génère aussi de nombreux abus. Et puis les créateurs du Rita-Plage débutent dans le métier et ils reconnaissent sans peine eux-mêmes qu’ils ont des ajustements à faire : on imagine que le contenu des assiettes s’améliorera au fil du temps. Tout comme la production de café, encore très artisanale et qui ne sera pas adaptée à une salle pleine —  fort heureusement, nous n’étions pas nombreux ce dimanche midi. Ne partez pas sans goûter les desserts créés aussi par Marl, la cuisinière : ce jour-là, la tarte chocolat-orange était succulente, avec le dosage parfait entre les deux ingrédients et un très bel équilibre. Comptez 3 € pour finir sur une note sucrée, ce qui fait un total d’une quinzaine d’euros par personne.

Tout n’est peut-être pas encore au point, mais c’est aussi cela qui fait le charme des brunchs au Rita-Plage : l’ambiance bon enfant est très sympathique et on profite de la cuisine simple, mais très efficace. On sort en ayant bien mangé, avec le porte-monnaie pas complètement vidé¹ et l’envie de revenir : autant dire que le pari est réussi.