Ce ne sont pas les restaurants qui manquent à Saint-Émilion, mais la charmante commune souffre du même problème que bon nombre de lieux extrêmement touristiques : il y a beaucoup d’adresses, peu de bonnes. Un petit peu à l’écart du cœur touristique, caché dans un ancien chai creusé sous la surface, le Lard et Bouchon est une très bonne option à un prix raisonnable. La cuisine servie est plutôt simple, mais très bien maîtrisée, bonne et juste. Un bon plan si vous mangez dans la cité du vin.
La salle en contrebas est taillée dans la roche, ce qui lui offre des conditions de température très plaisantes, un point fort pendant la saison estivale. En tout, une soixantaine de personnes peuvent manger à chaque service, mais la configuration particulière en deux salles donne presque le sentiment d’un restaurant intimiste. Saint-Émilion oblige, le Lard et Bouchon fait aussi office de bar à vin, avec une vingtaine de possibilités au verre. À table, on pourra aussi piocher dans l’impressionnante carte des vins qui compte plus de 400 références. Il y a de tout, beaucoup de Bordeaux et des budgets très différents, mais le patron nous a suggéré une très bonne bouteille à 40 € environ et il saura s’adapter en fonction des désirs de chacun. À la carte, pas de menu fixe et long comme le bras, mais une ardoise qui change en fonction des saisons et du marché et quelques plats pour ceux qui ne veulent pas du trio entrée/plat/dessert proposé à 29 € le midi. La formule est très intéressante toutefois et le prix est commun dans la ville, où on le retrouve partout, souvent avec des propositions beaucoup plus simples.
Le chef du Lard et Bouchon n’essaie pas de faire d’étincelles, mais de proposer des assiettes plaisantes, réalisées avec des produits de saison. En entrée, l’escabèche de maquereau est savoureuse et le poisson acidulé accompagne très bien le caviar d’aubergine qui sert de base : c’est frais et une excellente entrée en matière. Autre option, une charlotte de saumon qui n’avait pas grand-chose à voir avec le dessert, mais qui constitue un hors-d’œuvre maîtrisé, crémeux et très agréable lui aussi. On continue avec des plats, avec parmi les options, un grand classique du sud-est, le magret de canard, cuit à la perfection et très tendre, associé à un fruit comme c’est souvent le cas, en l’occurrence quelques nectarines. Si l’on cherchait plus original, le tartare de merlu et de thon avec une brunoise de légumes était bien assaisonné, fondant sous la langue et d’une fraicheur bienvenue en été. Quant au thon rouge, il est mi-cuit comme il se doit et agréablement relevé d’un pesto. Côté desserts, la coupe de fraises était un petit peu légère en fraises, mais le café gourmand était au contraire très généreux. Et il faut adresser une mention spéciale à la brioche façon pain perdue, un classique gourmand parfaitement exécuté et associé à une boule de glace caramel au beurre salé pour encore plus de gourmandise. Ce n’est pas la fin de repas la plus légère qui soit, mais que c’est bon…
En retrait par rapport aux attrape-touristes qui entourent l’église monolithe, le Lard et Bouchon est une très bonne adresse. Les prix sont raisonnables pour un restaurant à Saint-Émilion, la qualité est au rendez-vous et la cave bien fraiche est fort agréable. Difficile de faire la fine bouche, c’est un lieu à retenir si vous êtes de passage.