Après Star Trek et Battlestar Galactica, Ronald D. Moore change totalement de sujet et d’ambiance avec Outlander. Cette série est non seulement historique au lieu d’être futuriste, c’est surtout une romance qui frôle avec l’eau de rose en permanence. Adapté d’une saga littéraire écrite par Diana Gabaldon, le scénario part sur une bonne idée en envoyant dans l’Écosse du XVIIIe siècle une jeune anglaise du XXe siècle. Choc des cultures, adaptation difficile à la vie d’alors… il y avait de quoi faire et l’idée de base est très bonne. Malheureusement, la série de Ronald D. Moore n’en fait rien de bien intéressant en se contentant de développer une histoire d’amour sans grand intérêt. Outlander présente quelques bons moments, mais on ne se passionne jamais pour des personnages souvent trop outranciers pour être crédibles et le résultat est décevant.
Outlander commence juste après la Seconde Guerre mondiale, pendant un voyage de retrouvailles entre Frank et Claire Randall. Le couple s’est marié avant la guerre, mais il doit se redécouvrir après les événements terribles et ils sont en voyage en Écosse, terrain bien connu du mari qui est aussi historien et spécialiste des révoltes jacobites qui se sont déroulées au XVIIIe siècle. Au cours d’une promenade, Claire touche une pierre qui appartient à la mythologie locale et elle se retrouve propulsée à cette époque, précisément en 1743, quelques années avant la bataille qui a détruit tous les efforts des Écossais contre les Anglais. La jeune femme débarque à une période qui n’a rien à voir avec la sienne évidemment et elle est rapidement prise à parti entre les tirs anglais et quelques Écossais en fuite. Très vite, elle soigne un Highlander, le beau James Fraser et c’est encore plus vite le coup de foudre, même si la jeune femme essaie de résister pendant un moment et tente de revenir à son époque. On comprend rapidement toutefois que la série de Ronald D. Moore va se dérouler exclusivement dans le passé, et essentiellement centrée sur cette histoire d’amour. Ce qui n’est pas un problème en soi, même si la qualité de la reconstitution historique passe un petit peu à la trappe au profit de l’intrigue amoureuse. Outlander est solide techniquement et rappelle par certains aspects la qualité visuelle de Game of Thrones, mais tous ces points positifs sont ruinés par cette romance mièvre et par un traitement beaucoup trop littéraire. Entre la voix de Claire qui nous accompagne en permanence et commente ce qui se passe et ce qui va se passer et les multiples flashbacks qui alourdissent la production, on se sent comme dans un roman et c’est vite pesant. La série manque en outre de subtilité quand elle emploie le même acteur pour bien signaler des liens de filiation entre les époques, ou quand elle insiste lourdement sur un élément qui sera important, ou encore quand elle lance une bande-son mielleuse dès qu’il faut susciter une émotion. L’ensemble est vite pesant et on finit par se désintéresser totalement du sort de Claire et de son amoureux. Les deux acteurs ne parviennent pas mieux à convaincre, surtout parce que leurs personnages sont mal écrits. Celui de Caitriona Bafle est constamment dans une posture qui ne devrait en aucun cas lui permettre de survivre en 1743 et pourtant elle s’en sort toujours. Quant à l’Écossais interprété par Sam Heughan, il oscille souvent entre le niais et l’héroïsme ridicule.
À l’arrivée, cette première saison d’Outlander ne convainc pas du tout. L’idée du voyage temporel ne sert qu’une seule fois et uniquement pour créer une histoire d’amour à l’eau de rose sans aucune originalité. Ce n’est même pas vraiment crédible et c’est surtout très ennuyeux. Dommage, d’autant que le point de départ est bon et que la série de Ronald D. Moore aurait pu être bien plus intéressante en allant plus sur le terrain du voyage temporel. On apprend à un moment donné que Claire n’est pas la seule à s’être retrouvée à cette époque, mais cette piste est fermée à peine ouverte. Pourquoi ne pas l’avoir mieux exploitée ? La deuxième saison d’Outlander se déroule dans le Versailles de Louis XV, mais il semble que ce n’est surtout qu’une excuse pour multiplier les clichés sur cette époque. À quoi bon ? Dommage…