Santa Clarita Diet commence comme une sitcom banale, au cœur d’une banlieue américaine tout aussi banale, avec une famille on ne peut plus banale. Pourtant, la série créée par Victor Fresco est beaucoup plus originale en introduisant un zombie au milieu de toute cette banalité. Une manière intéressante de faire dérailler un genre usé jusqu’à la moelle et d’offrir une relecture gonflée et surtout extrêmement drôle. La première saison est très brève avec dix épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, mais elle fonctionne pleinement, notamment grâce à son excellent casting. Difficile de savoir si Santa Clarita Diet tiendra la route, mais cette saison mérite d’être vue si vous aimez l’humour sanglant.
Agents immobiliers, Joel et Sheila représentent parfaitement le couple parfait de l’American way of Life, avec leur belle maison de banlieue, leur fille et leur affaire qui fonctionne très bien. Tout va pour le mieux, même s’il y a quelques tensions inévitables dans la banlieue, jusqu’au jour où Sheila, en pleine visite, vomit sur la moquette. Pas qu’un peu, ce sont des litres de vomi qui se répandent dans la chambre et puis dans la salle de bain. Quand elle se réveille, elle n’a plus de pouls et une subite envie de manger de la viande crue, de préférence humaine. Voilà le point de départ de Santa Clarita Diet, une série de zombies qui ne ressemble à aucune autre. Il faut dire que Victor Fresco ne prend pas ce point de départ de sitcom comme prétexte pour une histoire d’attaque zombie et d’épidémie globale. Non, les dix épisodes ne quittent jamais le cadre charmant de cette banlieue américaine et elle garde jusqu’au bout l’esprit de sitcom. Les codes sont là, notamment dans les interactions avec les voisins, les ragots, les problèmes de l’ado… sauf qu’au milieu, les scénaristes glissent la soif de sang de la mère de famille et les meurtres indispensables pour assouvir cette pulsion. La série portée par Netflix parvient très bien à maintenir l’équilibre et elle introduit même une bonne dose de gore, avec quelques séquences où l’on voit de près Sheila manger les organes d’un homme… on ne s’attendait pas à une telle dose d’explicite. Âmes sensibles s’abstenir, Santa Clarita Diet ne rigole pas avec le sang et la chair, ce qui en fait une comédie résolument adulte. On reste toujours dans le domaine de la comédie pure toutefois et Victor Fresco ne va jamais vraiment du côté de l’horreur. Le ton reste toujours léger et le rythme rapide des épisodes participe à cette ambiance très plaisante. On s’amuse beaucoup, surtout parce que cette famille apparemment normale a de plus en plus de mal à ressembler à une famille normale… ce qui n’est pas sans poser de problèmes dans le voisinage, comme on s’en doute.
Drew Barrymore dans le rôle de Sheila et Timothy Olyphant dans celui de Joel, son mari, s’en donnent à cœur joie et les deux acteurs sont excellents dans leurs rôles. Santa Clarita Diet leur doit beaucoup et cette première saison est très réussie grâce à leur humour. Est-ce que la série a de l’avenir sur plusieurs saisons sans tourner en rond ou tomber dans le n’importe quoi ? Impossible à savoir pour le moment, mais on espère que Netflix permettra à Victor Fresco de poursuivre. Et en attendant, les dix premiers épisodes passent très vite et sont très drôles : à ne pas rater !
Santa Clarita Diet, saison 2
(30 mars 2018)
La première saison de Santa Clarita Diet dynamitait la sitcom de banlieue avec cette idée originale : la mère de famille est aussi un mort-vivant qui se nourrit de chair humaine. Entre humour et gore, Victor Fresco explorait son univers avec délectation et on en voulait plus encore… nous voilà exaucés ! La suite, dix épisodes d’une vingtaine de minutes, continue de creuser ce même sillon, sans jamais s’épuiser. Bien au contraire, elle trouve son rythme de croisière, maintenant que les présentations n’ont plus à être faites, et cette deuxième saison est souvent encore plus drôle que la première. La situation ne va jamais en s’arrangeant pour la famille, la situation leur échappe de plus en plus et ils sont toujours plus proches de la fin. Au lieu de reculer, les personnages vont toujours plus loin dans un esprit un peu barré, quelque part entre l’humour traditionnel de la sitcom familial, le gore du film d’horreur et le suspense du thriller alors que l’étau se resserre.
Santa Clarita Diet devient aussi plus ouvertement politique, ce qui était inattendu et une excellente surprise. Dans cette saison, des sympathisants nazis sont une cible récurrente de la cannibale et la série devient presque une allégorie de la situation actuelle aux États-Unis. Victor Fresco ne va jamais jusqu’à expliciter cette piste, mais elle est difficile à ignorer, tout comme les allusions féministes ou encore l’évocation du harcèlement scolaire. Les scénaristes sont parvenus à intégrer les problèmes de la vraie société dans cet univers loufoque et c’est une belle réussite. L’ensemble fonctionne très bien, ces dix nouveaux épisodes sont trop courts et Drew Barrymore est géniale dans le rôle principal. En bref, Santa Clarita Diet confirme qu’une idée audacieuse peut donner une très bonne série et on a maintenant hâte de voir la suite !
Santa Clarita Diet, saison 3
(11 avril 2019)
La sitcom dans une banlieue américaine parfaite dynamitée par l’arrivée de zombies est toujours au cœur de Santa Clarita Diet. La deuxième saison se concentrait sur les enquêtes lancées après les multiples meurtres causés par Sheila, et par l’étau de la justice qui semblait se resserrer inexorablement. D’ailleurs, le dernier épisode se terminait sur un cliff-hanger puissant et peut-être la fin des Hammond, alors que leur voisine Anne avait découvert la vérité. Très pieuse, la policière constate toutefois que Sheila est bien morte, mais toujours active et elle la prend pour une envoyée divine. Ce qui arrange bien les personnages, jusqu’au moment où ils découvrent qu’elle a lancé un culte et quasiment une nouvelle Église. Après les nazis de la saison 2, Victor Fresco semble avoir trouvé une nouvelle cible avec cette parodie hilarante de la religion qui n’est pas sans rappeler celle de Monty Python : La vie de Brian. Cet arc narratif est entremêlé d’une nouvelle menace, à base de chevaliers de Serbie qui se chargent de tuer les morts-vivants depuis des siècles et de grand méchant qui veut les exploiter pour vendre des produits cosmétiques.
Là encore, la série de Netflix exploite avec humour des codes hérités d’un autre genre pour enrichir une sitcom qui serait sinon bien banale. Et cela marche : les scénaristes détournent les codes et jouent sur les clichés attendus pour cette famille d’agents immobiliers avec leur fille ado. Santa Clarita Diet ne laisse pas une seconde d’ennui et alors que les parents fuient devant la menace serbe, les adolescents doivent affronter le FBI pour une autre histoire. Le nombre de morts-vivants en activité dans cette banlieue paisible augmente de manière singulière, sans pour autant en faire une invasion générale, et l’ambiance reste toujours à la détente sympathique. L’humour est bien au rendez-vous, on ne se lasse pas et on en demande encore plus. L’air de rien, cette série improbable tient la distance… On n’aurait pas parié dessus au départ, mais elle a sans doute encore de quoi offrir : espérons que la quatrième saison ne baisse pas le niveau.