Netflix exploite tant qu’elle peut la saga des Defenders, ces super-héros qui évoluent dans le même Univers Cinématographique Marvel, mais uniquement sur le petit écran. On sait que Disney compte récupérer cette licence, mais le service de streaming en profite en attendant et en plus des saisons associées à chaque personnage principal déjà diffusées et celles qui seront proposées l’an prochain, The Punisher est un petit aparté. Le temps d’une saison, ce spin-off s’intéresse à un personnage croisé dans la deuxième saison de Daredevil. Ce super-héros est intéressant dans l’univers Marvel, non seulement parce qu’il n’a aucun pouvoir, mais parce qu’il est extrêmement violent. La série créée par Steve Lightfoot respecte particulièrement bien ces deux points et les treize épisodes sont marqués par une noirceur et une violence rares, y compris dans la saga de Netflix. The Punisher commence bien, avec une ambiance et des thèmes qui la sortent du lot par rapport aux autres Defenders, mais la série finit par tomber dans une ultra-violence lassante et gênante. Le résultat ne restera pas dans les annales.
Frank Castle est un ancien marines qui entre dans une vendetta personnelle quand sa famille est tuée par son ancien employeur. Il se met alors en tête de mener sa propre justice et de tuer tous les responsables, ce qu’il fait méthodiquement au point de terroriser non seulement ses ennemis, mais aussi New York avec la tête de mort peinte sur son torse. Toute cette partie de l’histoire n’est pas au cœur de la série consacrée au personnage, même si elle est toujours présente en arrière-plan et à travers de (trop) nombreux flashbacks. Steve Lightfoot se consacre uniquement à ce qui se déroule quelques années après ces évènements, après le procès du Punisher, après sa prétendue mort et alors qu’il mène une nouvelle vie sous un nouveau nom. Quand la série commence, il travaille dans un chantier de construction où il tente de s’épuiser le plus possible pour oublier le meurtre de toute sa famille. L’intrigue se met en place quand deux personnes différentes le retrouvent à peu près en même temps : une agente du département de la Sécurité intérieure d’une part, un ancien agent de la NSA d’autre part. On se rend vite compte que tout tourne autour d’une sordide histoire de drogue en Afghanistan, où Frank Castle était en mission et The Punisher se construit comme ça progressivement, en reconstituant petit à petit les pièces du puzzle. Les premiers épisodes parviennent à surprendre par leur ton, très éloigné des autres productions Marvel chez Netflix. Loin des préoccupations habituelles de superhéros, le créateur de la série plonge de manière assez frontale dans la difficile vie qui attend les vétérans au retour au pays. Les traumatismes sont toujours là, mais aussi l’inaptitude à rentrer dans le moule et à se plier aux exigences de la société. Dès le pilote, Steve Lightfoot marque l’extrême violence de l’ensemble avec un accès de rage de la part du héros pour conclure l’épisode, mais on retient surtout la violence de la guerre et des destructions qu’elle procure, à la fois sur les corps et sur les mentalités. Ajoutez à cela une bonne dose d’espionnage et d’intrigues qui n’est pas sans rappeler Homeland et vous obtenez un début de saison extrêmement prometteuse. Malheureusement, ces promesses ne sont pas tenues jusqu’au bout et The Punisher finit par tomber dans les travers du genre, avec en particulier un final extrêmement sanglant et qui semble assez gratuit. La violence est une marque de fabrique du Marvel version Netflix, certes, mais la série a une position très ambivalente sur le sujet. Dans un premier temps, elle donne le sentiment de critiquer les armes, la guerre et les effets des deux sur les hommes. Au fil des épisodes, le message se perd et s’inverse même dans quelques scènes qui semblent célébrer la violence extrême, les armes à feu et les hommes, les vrais, qui les manient pour mener à bien leur vengeance. Certes, la série de Steve Lightfoot n’a pas vocation à être politique, mais même si on oublie son message douteux, surtout par les temps qui courent, ce traitement est aussi déjà-vu et même limite ennuyeux. Alors qu’elle commençait avec un angle original, elle se termine dans une odeur de poudre et de sang. Et on a envie de dire, et c’est bien dommage : comme toutes les autres.
Ce super-héros était suffisamment atypique et intéressant pour mériter sa propre série et pendant quelques épisodes, on avait le sentiment que Steve Lightfoot avait compris pourquoi et en tirait parti. Las, The Punisher retrouve vite les habitudes du genre et l’histoire suit alors un chemin très prévisible, quoi que plus sanglant que la moyenne. On s’ennuie parfois un petit peu, Jon Bernthal dans le rôle principal manque un petit peu de subtilité pour passionner complètement et même s’il y a quelques personnages secondaires intéressants, l’ensemble reste beaucoup trop classique et moyen. La dernière série signée Netflix n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas du tout aussi bonne ou intéressante qu’on pouvait l’espérer. Dommage…