Situé le long de la route de Brest, au nord de Quimper, le Ty Coz est toujours sur la commune de la préfecture, mais déjà quasiment à la campagne. Ce restaurant prend d’ailleurs place dans une ancienne longère, un bâtiment traditionnel en Bretagne qui ne laisse absolument pas envisager la salle très moderne qui se trouve derrière ses murs en pierre. Le contraste est saisissant et le cadre très plaisant pour cette adresse gastronomique qui privilégie les produits locaux et de saison.
On s’installe dans la confortable salle du restaurant pour découvrir la carte du moment. La décoration est faite avec goût et les tables ne sont pas trop proches les unes des autres, surtout si vous pouvez vous assoir près des fenêtres qui donnent sur un petit jardin. La salle était bien pleine en ce vendredi midi en pleine saison estivale, mais l’ambiance reste feutrée. Au programme donc, une formule déjeuner à un prix très raisonnable, un menu entrée/plat/dessert à moins de 50 € et surtout une offre dégustation où l’on se laisse porter par le chef. C’est une formule que nous apprécions et nous décidons de nous laisser tenter par ce menu proposé à 60 € par personne, voire 85 € avec trois verres de vin qui s’accordent avec les assiettes. Nous préférons nous en tenir à un verre et on nous conseille un Limoux blanc très agréable sur les deux entrées du menu en cinq assiettes. Avant cela, un amuse-bouche arrive sur la table et c’est une surprise : cette soupe de melon et pastèque surmontée d’une crème chantilly à la menthe est sucrée et on croirait à un dessert. C’est bon, mais c’est une idée étrange d’attaquer le repas avec cette note sucrée. La première entrée remet les pendules à l’heure toutefois, avec du homard breton proposé froid, sur une salade de tourteaux. Les fruits de mer sont à l’honneur et c’est une excellente entrée, avec deux morceaux bien charnus de homard bien fermes et délicatement relevés par un agrume (Kalamansi), et une salade de tourteau avec du caractère. Ajoutez quelques pointes de réduction de crustacé, un petit sablé au parmesan et surtout une tranche de lard de Colonatta qui crée un terre-mer très agréable sans jamais écraser un produit. Une bien belle assiette qui promet pour la suite du repas.
Et la suite arrive vite, avec des ris de veau cette fois, cuits à la perfection, grillés et fondants en bouche. Un vrai régal pour les amateurs que nous sommes, avec une embeurrée de choux et lard qui relève bien l’assiette, ainsi que de la truffe d’Alba pour ajouter en complexité. Deux entrées vraiment excellentes, pas forcément innovantes, mais avec des cuissons parfaites et des ajustements impeccables. Le plat principal, une pièce de bœuf du Pays Glazik, juste à côté de Quimper, accompagnée de quelques légumes de saison est sur une approche identique. C’est simple, bien maîtrisé avec une cuisson parfaite pour cette viande encore saignante et bien tendre et avec un jus de viande très efficace. Chaque légume est bien cuit, les petits pois sont croquants, les petits champignons apportent une rondeur exquise, la betterave est légèrement grillée. C’est presque banal, mais c’est gourmand et plaisant. Bizarrement, c’est aussi le seul plat alors que l’on s’attendait aussi à un poisson, classique dans un menu de dégustation. On passe finalement sans attendre au dessert, avec un premier plat autour de l’abricot et du chocolat blanc. Quelques tranches de fruit, un sorbet à l’abricot, une crème chocolat blanc et lavande ainsi qu’un crumble : sur le papier, c’est du solide, mais nous sommes déçus par le manque de maturité des abricots, croquants et amers. Ils auraient mérité un peu de cuisson, voire une semaine de mûrissement supplémentaire, dommage. Le dernier dessert est meilleur, mais un petit peu étrange, un assemblage d’éléments bon pris séparément, mais qui ne fonctionnent pas forcément ensemble. Le mille-feuille est gourmand, avec une bonne crème au chocolat et quelques éclats de pistache qui viennent apporter du croquant, mais la crème à la verveine s’efface totalement. Le sorbet au citron n’est pas à son aise en revanche, il est très acide et ne colle pas avec le reste. La meilleure surprise de l’assiette, c’est finalement cette feuille de verveine givrée qui était une vraie bonne surprise. Le repas se termine avec deux cafés et quelques mignardises pas toujours maîtrisées. Rien à dire sur la tuile aux agrumes, ni sur le gâteau au miel excellent, en revanche la guimauve au géranium était un choix audacieux, c’est sûr, mais le goût très fort évoquait plus du savon ou un produit pour toilettes qu’un dessert… pas top.
À l’arrivée, ce menu dégustation s’est avéré inégal et peut-être un peu trop cher pour ce qu’il propose. Les deux entrées étaient vraiment excellentes, mais la suite a été de plus en plus décevante, comme si les cuisines avaient tout donné sur ces deux premières assiettes. Et pour 60 €, on s’attendait peut-être à plus de recherche et plus de plats : un poisson en plus aurait été bien apprécié, quitte à retirer l’un des deux desserts. Quand on voit ce que d’autres restaurants quimpérois peuvent offrir pour un tarif similaire, on se dit que le Ty Coz a peut-être surestimé son menu. Quoi qu’en comparaison, la formule déjeuner proposée autour de 30 € semble une bien meilleure affaire, même si nous n’avons pas eu l’occasion de la tester.