Ratched est la dernière série de Ryan Murphy pour Netflix. Techniquement, il n’en est pas le créateur, c’est Evan Romansky qui est crédité à ce rôle, mais on reconnaît instantanément son style dans cette première saison de huit épisodes. Vaguement inspiré par Vol au-dessus d’un nid de coucou, la série n’est pas un remake du film culte de Miloš Forman, mais plutôt un spin-off basé sur le personnage de Mildred Ratched, la fameuse infirmière en chef de l’établissement psychiatrique. Ratched est à ce titre une histoire des origines, mais les premiers épisodes ne se contentent pas de décrire comment Mildred est devenue « nurse Ratched ». La série brasse plusieurs thématiques à la fois, frôlant par endroit la surdose, mais les amateurs des univers de Ryan Murphy seront aux anges. Entre touchante histoire d’amour et l’horreur des traitements psychologiques de l’époque, c’est une saison riche et passionnante : on en redemande !
Mildred Ratched n’est pas encore infirmière en hôpital psychiatrique quand Ratched commence, mais elle fait tout pour le devenir. Ryan Murphy et Evan Romansky imaginent une histoire assez alambiquée pour expliquer son parcours. Cette orpheline a abandonné son frère au sein d’une horrible famille d’accueil et elle s’est jurée de le retrouver un jour. Edmund est justement attendu dans l’asile californien où elle postule, il doit y être évalué suite à quatre meurtres sauvages de prêtres. La série se construit autour de Mildred et Edmund, mais aussi d’autres personnages secondaires. Il y a l’odieux gouverneur du coin qui veut faire un exemple du meurtrier et son assistante qui tombe amoureuse de Mildred. Il y a aussi le mystérieux docteur Hanover à la tête de l’institution, qui est poursuivi par un tueur et qui fuit depuis des années la mère extrêmement riche du fils qu’il devait soigner, et qu’il a fini par laisser comme un tronc, sans jambes ni bras. Bref, il y a beaucoup d’intrigues parallèles et de développements secondaires et on pourrait s’y perdre un peu. On pourrait aussi considérer qu’il y en a trop, mais ce n’est pas mon avis. Ratched frôle l’indigestion, c’est vrai, mais c’est assumé et maîtrisé. Tout dans cette série portée par Netflix est ampoulé et virevoltant, l’esthétique est toujours très tranchée avec des vêtements de couleurs vives et des cadres géométriques, les personnages sont souvent dans l’excès et la violence est parfois brutale et explosive. Dans cet ensemble, la multiplicité des intrigues secondaires n’est pas un problème, cela fait partie de l’esthétique de Ryan Murphy et si l’on y adhère, cette nouvelle création est réjouissante. Il faut dire que le casting est, comme toujours, à la hauteur, avec une Sarah Paulson épatante en guise de personnage principal. Elle peut être glaçante et prête à tout comme on l’imagine d’après Vol au-dessus d’un nid de coucou, tout en développant une intrigue amoureuse juste et touchante par la suite. Autour d’elles, Sharon Stone se fait plaisir avec le rôle de la mère complètement frappée et Vincent D’Onofrio est impeccable dans celui du gouverneur. Mais on retiendra surtout la performance assez bluffante de Sophie Okonedo dans un rôle secondaire, mais qui marque durablement, avec un trouble de la personnalité très appuyé.
En attendant de savoir où Evan Romansky et Ryan Murphy comptent emmener leur histoire, cette première saison de Ratched est très plaisante. Ratched ne se contente pas de raconter une classique histoire des origines, la série de Netflix préfère multiplier les intrigues et les personnages pour construire un monde complet. Elle s’attache surtout à créer des profils psychologiques riches et la relation entre Mildred et Gwendolyn est à cet égard une belle réussite. La deuxième saison est déjà sur les rails et on sera indéniablement au rendez-vous pour voir ce qui nous attend !