Téhéran nous plonge dans une guerre d’espionnage entre Israël et l’Iran. La série a été créée pour la chaîne israélienne Kan 11, mais diffusée par Apple TV+ dans le reste du monde, ce qui explique que l’on suit une agent du Mossad infiltrée dans la capitale iranienne pour pirater leur système de sécurité militaire. Un point de départ très classique, pour ce qui pourrait s’apparenter à un Homeland israélien, un comble quand on sait que la série de Showtime était à la base un remake d’une série israélienne. La comparaison est intéressante toutefois, on retrouve un personnage principal féminin dans les deux cas et la même volonté de plonger les spectateurs dans une histoire d’espionnage aussi réaliste que possible. Le résultat est divertissant, mais plombé par une série de ficelles si grosses que l’on peine à y croire. Dommage.
Tamar est envoyée à Téhéran par le Mossad pour infiltrer le réseau internet militaire iranien et couper un radar suffisamment longtemps pour qu’Israël puisse bombarder un site nucléaire. C’est le point de départ de la série, qui commence avec un épisode très convaincant, où un avion qui devait relier la Jordanie à l’Inde doit atterrir d’urgence à Téhéran, un sabotage savamment orchestré par le Mossad pour permettre à son agente d’entrer dans le pays discrètement. Pas assez discret toutefois pour l’un des agents des Gardiens de la Révolution qui se trouvaient par hasard dans l’aéroport au même moment. Une drôle de coïncidence qui est tout à fait acceptable, mais qui s’avère malheureusement être une facilité des scénaristes pendant toute la saison. En huit épisodes, ils multiplient les coïncidences similaires, avec des personnages qui sont systématiquement au bon endroit au bon moment, ou au contraire un enchaînement incroyable de problèmes. La mission de Tamar était assez simple, mais elle est compromise quand le patron de l’Iranienne qu’elle remplace tente de la violer, déclenchant une série de réactions en chaîne. À chaque étape, Téhéran joue sur les coïncidences heureuses ou malheureuses. Un corps est déplacé derrière les poubelles le temps qu’ils soit enlevé, mais les éboueurs arrivent juste après. Ou bien c’est une sonnerie qui retentit pile au bon moment pour sauver un personnage. Ou un chargement qui se termine juste avant l’arrivée de quelqu’un. Pris séparément, chacune de ces coïncidences est parfaitement acceptable, c’est de la fiction et il faut bien par moment un coup de pouce du scénario. L’accumulation pose toutefois problème en venant nuire au réalisme et à la crédibilité de l’ensemble. C’est dommage, car Téhéran est par ailleurs très bien jouée, avec des personnages intéressants et la comparaison avec Homeland ne se ferait pas en défaveur de la création de Kan 11.
Cette bonne base aurait pu donner une grande série, à la place on a un thriller sympathique et divertissant, mais pas beaucoup plus. Téhéran ne restera pas dans les annales et c’est bien dommage, car le potentiel était là. À réserver aux fans d’espionnage qui apprécieront le point de vue différent des séries occidentales.