Adaptée d’une saga de romans de Julia Quinn portant le même nom, La Chronique des Bridgerton se déroule à l’époque de la Régence dans la haute société anglaise. La version portée par Netflix dépoussière en partie cette romance historique en injectant une dose de mixité raciale, mais Chris Van Dusen s’en tient principalement au matériau d’origine. Si vous aimez les romances gentilles et les costumes du début du XIXe siècle, vous trouverez amplement de quoi aimer la première saison qui suit le premier roman. Sinon, vous serez peut-être déçu par le ton sérieux, que les quelques pointes d’humour bienvenues ne suffisent pas à casser.
Julia Quinn a imaginé une série de chroniques dans la haute-société londonienne des années 1810. Chaque roman se penche sur l’un des personnages de la famille Bridgerton et le premier est dédié à Daphné, fille aînée qui doit trouver un époux lors de la « saison » du mariage. Une saison de bals pour trouver un homme et une place dans la société, une saison chez Netflix : voilà qui tombait bien. Les Chroniques de Bridgerton suit ainsi en priorité les pas de Daphné dans le monde, même s’il y a une galerie de personnages secondaires, dont l’inévitable Reine d’Angleterre qui est ici noire. C’est la principale nouveauté de cette adaptation en effet, un mélange racial qui fait fi de la réalité historique et offre un vent de fraîcheur bien trouvé. Cela renouvelle le film en costume traditionnel, même si les scénaristes n’en font pas grand-chose, au fond. On s’attendait à une utilisation plus poussée de cet argument, mais la création de Netflix est assez timide sur les inévitables questions que ce mélange ethnique devrait apporter. Puisqu’il ne s’agit pas d’un aveuglement racial, comme on a pu le voir dernièrement dans L’histoire personnelle de David Copperfield, on pouvait s’attendre à un vrai traitement, qui n’arrive jamais. En vérité, que certains personnages soient noirs ne change rien, on reste dans le cadre d’une romance cadrée et bien peu moderne, notamment sur le plan de la sexualité. Il y avait pourtant de multiples opportunités d’ouvrir les thèmes, mais la seule et unique scène où il est question d’homosexualité se contente de l’associer au scandale de la pratique… dommage de revendiquer une modernité raciale et d’être aussi conservateur par ailleurs. Certes, la reconstitution du Londres de la Régence est de qualité, les costumes sont magnifiques et on apprécie les quelques pointes d’humour, avec une mention spéciale à la Reine. Reste que les huit épisodes enchaînent les bals et les histoires d’amour sans faire d’étincelle et on s’ennuierait presque, si la saison n’était pas aussi courte. Les personnages principaux insipides n’aident pas à se passionner pour la série de Netflix, mais il y aurait de quoi faire avec les secondaires.
Face au succès de cette saison, Netflix a commandé une suite et Les Chroniques de Bridgerton offrira une saison dédiée à Anthony, le grand frère de Daphné. On a du mal à voir comment Chris Van Dusen pourrait changer la formule utilisée dans ces huit épisodes et on s’attend à de nouveaux bals teintés de scandales. Les amateurs apprécieront, les autres ne se donneront sans doute pas la peine de poursuivre la série…