Première série dans le toujours plus vaste Univers cinématographique Marvel, Wandavision se déroule juste après Avengers: Endgame et elle a la lourde tâche de lancer la quatrième phase de la saga. Mais cette mini-série commandée par Disney+ peut aussi se regarder indépendamment, avec neuf épisodes qui forment un tout cohérent, même si tout s’éclaire quand on a tout l’historique de cet univers et de ses personnages. La création de Jac Schaeffer se permet même d’être originale, ce qui est rare dans les adaptations Marvel réalisées jusque-là. WandaVision commence en effet avec quelques épisodes en hommage ou pastiche aux sitcom d’antan, une drôle d’idée qui paye… mais qui n’évite pas le blockbuster d’action habituel quand il faut raccrocher les branches de la saga. La fin est ainsi plus classique et décevante en comparaison des débuts prometteurs, mais la série de Disney+ reste fort plaisante et son originalité justifie le détour.
Sachant que l’on est dans l’univers de Marvel, on s’attendait à une série dans l’esprit des multiples long-métrage sortis jusque-là, mais WandaVision commence en noir et blanc et en 4/3. Le pilote est en effet tourné dans l’esprit d’une sitcom des années 1950, avec le même format et les rires du public en direct. On retrouve Wanda Maximoff et Vision, deux personnages que l’on avait découvert dans Avengers: L’Ère d’Ultron et qui étaient restés au stade des seconds rôles auparavant. Ils ont droit cette fois à « leur film », en l’occurrence une mini-série centrée sur eux, même si dans la grande tradition des adaptations Marvel, il y a bien d’autres personnages autour d’eux. Mais ce choix de rendre hommage aux sitcoms d’antan est intéressant, d’autant qu’il colle parfaitement avec l’état d’esprit des personnages, qui se demandent bien ce qu’ils font dans cette réalité étrange. On découvre peu à peu leur environnement, ils sont dans une petite ville tranquille des États-Unis, où ils pensent être arrivés pour démarrer une nouvelle vie, anonymes au milieu des gens « normaux ». Le pilote joue sur cet enjeu de masquer leurs pouvoirs et d’apparaître normaux, ce qui est nettement plus difficile quand on a un visage d’acier ou que l’on pratique couramment la magie. WandaVision débute comme une sorte de puzzle bizarre, où chaque épisode rend hommage aux sitcoms d’une décennie : les années 1950 dans le premier, puis les années 1960 et les années 1970 dans le troisième. La réalisation très soignée fait évoluer le style pour coller à chaque époque, introduisant la couleur et élargissant le cadre en fonction des besoins. Les décors, les costumes, les maquillages… tout est accordé d’un épisode à l’autre, ce qui est délicieusement déroutant.
C’est la meilleure idée de la série de Jac Schaeffer et on pourrait presque oublier l’univers Marvel et ses règles. La série finit toutefois par sortir de ces hommages pour faire les liens avec le reste de la saga, et elle devient alors nettement plus conventionnelle et à cet égard plus décevante. Chaque épisode de WandaVision est court, entre 20 et 35 minutes, ce qui fait que l’on n’a pas le temps de s’ennuyer. Et puis on peut compter sur le savoir-faire de Disney pour mettre en scène des super-héros, mais quand même, c’est dommage d’avoir commencé avec une idée aussi forte uniquement pour retomber dans la routine habituelle par la suite. La trajectoire d’Agnès illustre bien le problème : ce personnage de voisine envahissante et sympathique commence sur une note fort sympathique et le jeu de l’actrice est impeccable pour renforcer les lourdeurs du personnage, qui s’impose et fait d’énormes clins d’œil. Mais quand la série bascule dans l’univers Marvel plus traditionnel, elle devient une sorcière toute puissante qui affronte Wanda. Toute la personnalité établie jusque-là disparaît d’un coup sans justification et on découvre un tout autre personnage, sans saveur et sans grand intérêt, il faut bien le dire. C’est comme si la vision originale qui a lancé le projet avait été rattrapée par la dure réalité de l’Univers cinématographique Marvel, et le lien avec tout le reste est finalement assez maladroit.
Malgré tout, la première série Marvel de Disney+ est sauvée par ses excellents débuts et par sa durée très courte. C’est un divertissement agréable, avec un début aussi drôle que perturbant, ce qui permet de s’amuser tout en se creusant les neurones. La fin est plus banale, certes, mais c’est aussi une bonne manière de préparer le terrain pour la suite de la saga. Dans l’ensemble donc, WandaVision a correctement rempli son office. On aurait aimé voir ce que la série aurait pu offrir si elle n’avait pas été contrainte de respecter ce cadre rigide, mais étant donnée cette contrainte, Jac Schaeffer a fait du bon travail.