Avant d’être une excellente série, What We Do in the Shadows était un long-métrage néo-zélandais. Sorti en France sous le titre Vampires en toute intimité, c’est aussi un faux documentaire dans une colocation de vampires et l’humour décalé si bizarre de la série était déjà là, concentré en une petite heure et demie. Taika Waititi et Jemaine Clement sont à la fois scénaristes, réalisateurs et acteurs dans ce projet qui brille par son univers atypique et sa relecture originale des mythes. Sans aller aussi loin que l’adaptation portée par FX, Vampires en toute intimité est un concentré d’humour qui ne plaira pas à tout le monde, mais que les amateurs d’absurde auraient bien tort de bouder.
Taika Waititi et Jemaine Clement imaginent un univers où les vampires existent bien, cachés au milieu des humains. Il y a aussi des loups-garous, des zombies et probablement d’autres créatures fantastiques encore, mais tout ce petit monde vit normalement. Loin des châteaux d’Europe centrale, les personnages principaux de Vampires en toute intimité partagent en colocation une maison de Wellington, en Nouvelle-Zélande. Certes, ils ne vivent que la nuit, se nourrissent exclusivement de sang humain et ils sont immortels, mais si l’on met de côté ces petites particularités, ils sont tout aussi normaux que vous et moi. C’est le principe de départ pour ce film, tourné comme un faux documentaire avec une équipe de tournage — protégée par des crucifix, naturellement — qui débarque dans la maison pour présenter leur quotidien. Du réveil vers 18 heures, après le coucher du soleil, jusqu’au petit matin où tout le monde se rendort dans un cercueil, que font des vampires ? Eh bien, comme tout un chacun, ils se disputent pour des problèmes d’organisation de tâches, jouent de la musique ensemble et sortent dans des bars pour trouver des victimes, si possible des vierges et les ramener chez eux pour les vider de leur sang.
Ce petit train-train et les chamailleries entre vampires sont la base du scénario, qui n’essaie pas d’introduire une histoire plus complexe, même si la densité d’informations est une caractéristique notable du long-métrage. Vampires en toute intimité fourmille de détails et clins d’œil et même si sa durée est courte, il parvient à créer des personnages crédibles avec une économie de moyens remarquables. Les trois principaux vampires ont tous droit à une histoire qui tient la route, avec un passé très différent et une gestion de leur état actuel qui varie aussi considérablement. Les deux réalisateurs ont beaucoup travaillé en amont, cela se voit, et ce faux documentaire est bien plus complexe qu’on pourrait le croire initialement. C’est une qualité que l’on retrouve encore accentuée dans la série, mais elle est déjà bien en place ici et c’est une œuvre qui supportera d’être revue plusieurs fois.
Malgré ces belles qualités, Vampires en toute intimité a eu une sortie très confidentielle à l’époque, sortant uniquement sur internet en France. Le long-métrage n’est toujours pas facile à dénicher aujourd’hui, alors même qu’il gagnerait à être plus connu. Si vous avez l’occasion de le voir et que vous aimez les comédies décalées ou les vampires (mais surtout les comédies décalées), n’hésitez pas, c’est une valeur sûre.