Angry Birds, le film, Clay Kaytis et Fergal Reilly

Les jeux vidéo servent régulièrement d’inspiration pour le cinéma. Tron est peut-être l’exemple le plus célèbre, mais Hollywood ne se contente pas de piocher dans cet univers pour produire ses blockbusters. Certains films sont entièrement basés sur un seul jeu vidéo, avec des résultats souvent assez moyens. Souvenez-vous du très moyen Prince of Persia : Les Sables du Temps ou du très médiocre Battleship (qui n’est pas vraiment adapté d’un jeu vidéo, certes) et ce n’est malheureusement pas ce nouveau-venu qui va changer la donne. Angry Birds, le film annonce la couleur : il s’agit d’un film d’animation adapté d’Angry Birds, ce jeu vidéo né en Finlande où le joueur doit lancer des oiseaux contre des cochons verts. C’est tout ? Oui, et c’est bien là où le bât blesse : Clay Kaytis et Fergal Reilly n’ont pas grand-chose à tirer du jeu original et pour tenir l’heure et demie réglementaire, ils doivent remplir. Et disons-le, l’intrigue imaginée est d’un ennui sans limite : déjà vue mille fois, pleine à craquer du maximum de clins d’œil que les scénaristes ont pu imaginer, l’histoire ne passionne pas. Et pour couronner le tout, on s’amuse à peine… bref, reprenez plutôt votre smartphone pour une nouvelle partie d’Angry Birds.

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Le jeu vidéo ne s’est jamais embarrassé d’une véritable histoire pour justifier son existence, et c’est très bien ainsi. On joue des oiseaux colorés et on doit attaquer des cochons verts voleurs d’œufs : que voudrait-on savoir de plus ? Bien évidemment, cela ne suffit pas pour un long-métrage et Angry Birds, le film se lance dans tout ce qui est nécessaire pour créer un univers et des personnages. Donc, voici Red, un oiseau rouge colérique rejeté par son village plein d’oiseaux qui ne volent pas, mais qui sont tous super heureux et gentils. Sauf Red, condamné par le juge du cru à des leçons de gentillesse, son pire cauchemar. Il y rencontre Chuck et Bomb, deux autres piafs qui ont également des soucis de tranquillité et si vous connaissez le jeu, vous reconnaîtrez le triangle jaune et le gros oiseau noir qui explose quand il atterrit. La bande se forme tout juste quand un étrange navire arrive sur la plage avec à son bord deux cochons verts. Le village étant gentil, il se fait avoir et laisse entrer ces vils amateurs d’œufs. Red, lui, comprend tout de suite le danger, sauf que personne l’écoute avant qu’il ne soit trop tard. Vous visualisez le fil narratif attendu ? Bingo, c’est exactement ce que Clay Kaytis et Fergal Reilly vont suivre. Sans aucune originalité, Angry Birds, le film va faire de Red le héros inattendu salué par tout le village et l’ensemble se termine sur le happy-end le plus banal que l’on pouvait imaginer. Si encore c’était drôle, on pourrait pardonner ces facilités, mais ce n’est même pas vraiment le cas. On sourit ici ou là, face à une référence parfois bien trouvée, mais les clins d’œil chargés d’amuser les parents manquent souvent d’originalité (le vendeur de pommes nommé Apple Store) quand il ne s’agit pas tout simplement de redites. Seul point positif dans tout cela, une animation de très bonne tenue et une réalisation fluide qui permet de ne jamais s’ennuyer trop longtemps… c’est déjà ça.

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L’idée d’adapter un jeu aussi simple au cinéma avait de quoi inquiéter, et malheureusement, Angry Birds, le film confirme les craintes. On devine constamment à l’écran la pression des studios pour proposer un long-métrage familial, alors qu’il y avait des pistes pour le rendre plus impertinent et certainement plus intéressant. Le personnage de Red est censé être un sale type qui ne pense qu’à lui et qui casse tout, mais il est retourné par le scénario comme si de rien n’était, ce qui est aussi attendu que décevant. Clay Kaytis et Fergal Reilly se contentent d’enchaîner les passages obligés et ils offrent à l’arrivée un film oublié sitôt la séance terminée…