À mi-chemin entre Bellecour et Perrache, Beijing8 est un restaurant chinois, mais pas comme n’importe quel autre restaurant asiatique qui propose tous les produits venus vaguement de la région. Cette adresse se concentre sur un seul produit : le Dim-sum, ce ravioli cuit à la vapeur dans un panier en bois. En se concentrant ainsi sur un seul produit, on espérait avoir affaire à un fast-food amélioré, comme il en existe tant pour les burgers. Malheureusement, entre prix élevés et cuisine qui manque de saveur, le contrat n’est pas rempli…
Même s’il essaie de le faire oublier sur son site, Beijing8 n’est pas un restaurant traditionnel, où l’on vous sert à table. On est beaucoup plus proche du fast-food, puisqu’il faut commander au comptoir et payer son repas, avant même de s’assoir. Dans la petite salle, une dizaine de tables pour une capacité totale qui ne doit pas dépasser la vingtaine de convives. C’est un petit restaurant, avec une décoration très moderne et épurée, peut-être un peu trop épurée. C’est propre et sans histoire, on ne sent absolument pas en Asie, mais l’ensemble est élégant, à défaut d’être très confortable. Qu’importe, on ne vient pas ici pour un décor dépaysant, mais pour une cuisine qui doit l’être. Au menu donc, des bouchées cuites à la vapeur, avec en permanence six variétés différentes. On peut en déguster le midi ou le soir, et on peut en manger sur place, ou les emporter. Sur le plan tarifaire, la barre est placée assez haut, puisque chaque bouchée est vendue un euro pièce, trois par trois. Ainsi, on commande au minimum pour 3 € de Dim-sum, et c’est sans compter les accompagnements, tous facturés également autour de 3 €.
Avec de tels tarifs, on s’attend forcément à une certaine qualité. D’emblée, on apprécie la diversité des Dim-sum : Beijing8 en propose avec du porc, du poulet, du bœuf, mais aussi du canard, il y en a même un au saumon et un végétarien. C’est prometteur, mais la taille pour commencer est décevante. Étymologiquement, un Dim-sum est une bouchée et cette origine est bien respectée : pour 3 €, on ne mange pas à sa faim, loin de là. Même en optant pour la formule du soir avec neuf bouchées, on est loin d’avoir trop mangé et il faudra absolument quelques accompagnements pour ne plus avoir faim. La taille est une déception, mais elle serait minimisée si la qualité était au rendez-vous. Hélas, c’est loin d’être le cas : nous avons testé les six variétés proposées ce soir-là, mais nous serions bien en peine de dire quelle était notre préférée. Mis à part les deux versions épicées (bœuf et végétarien), tous les Dim-sum se ressemblaient, surtout une fois trempés dans l’une des sauces proposées en guise d’accompagnement. Le problème n’est pas la farce en elle-même, puisque goûtée séparément, elle était en effet plutôt savoureuse. Le problème, c’est que la pâte autour est bien trop épaisse et qu’il n’y a vraiment pas assez de farce à l’intérieur. Le résultat est sans appel : on ne profite pas assez du goût de la farce, et une bouchée ressemble à la suivante. C’est dommage, d’autant que la carte promettait une diversité que l’on ne retrouve en aucun cas.
La présentation des Dim-sum est plutôt jolie, avec des couleurs différentes pour chaque type, mais en bouche c’est une déception et on est loin du compte pour le tarif demandé. Et même si on en grille certains, on voit la différence dans le panier vapeur, mais cela ne fait aucune différence en bouche. En guise d’accompagnements, le riz est fourni généreusement, ce qui serait plutôt positif si la quantité ne semblait pas compenser la petite taille des Dim-sum. Le reste est beaucoup plus décevant : le choux cru en salade est déjà tellement connu et le brocolis censé constituer une entrée chaude n’est en fait que le légume croquant, même pas assaisonné. Sachant que chacun de ces accompagnent est vendu plus de trois euros, on attendait beaucoup mieux. Et ne parlons pas du dessert : en fait de « gâteau chocolat noisette », des cubes de brownie avec, au fond de la tasse en plastique, un caramel légèrement salé, mais qui ne ressemble en rien au caramel au beurre salé promis.
L’idée était bonne, mais Beijing8 est une déception. L’adresse adopte les méthodes du fast-food, jusqu’au dessert qu’il faut chercher soi-même dans la vitrine réfrigérée dans la salle, jusqu’aux tables que l’on est censé débarrasser soi-même. En revanche, niveau tarifaire, on est plutôt au niveau d’un restaurant traditionnel : demander un euro pour un Dim-sum rend exigeant, et la qualité n’est pas au rendez-vous, tout simplement. La pâte devrait être plus fine, la farce plus généreuse… bref, il faudrait un produit bien plus mémorable. On s’attendait à une explosion de saveurs à chaque bouchée, on se souvient du riz et du brocolis qui manquait de cuisson et d’assaisonnement. Dommage.