Bonding est à nouveau une série extrêmement courte proposée par Netflix1, avec un thème accrocheur : le bondage, comme son nom l’indique. La première saison suit les pas de Tiff, étudiante en psychologie le jour qui devient « Mistress May » et dominatrice professionnelle la nuit. Rightor Doyle construit la série autour de ce personnage et de Pete, ancien meilleur ami de Tiff, embauché pour lui servir d’assistant, voire garde du corps. Pete vient tout juste de faire son coming-out et il découvre en même temps un monde dont il ignorait tout jusque-là. Bonding est une série très prometteuse, mais qui ne parvient pas totalement à convaincre, la faute essentiellement à ce format trop court qui ne permet pas vraiment aux personnages d’exister.
Rightor Doyle plonge les spectateurs directement dans l’univers de la domination et du bondage. La toute première scène de Bonding se déroule sur le lieu de travaille de Tiff, dominatrice qui répond à tous les désirs BDSM de ses clients. Ce n’est pas de la prostitution, elle insiste bien là-dessus, et il n’y a jamais de relation sexuelle dans ce travail. Mais elle peut, en fonction des demandes, bloquer totalement quelqu’un avec de la corde, puis le chatouiller ou bien soumettre l’homme sur un mode scolaire ou militaire, ou dans certains cas pisser sur le client. Rien n’est interdit, tant que c’est consenti par les deux parties et que la jeune femme n’entre pas dans une relation sexuelle directe avec le client. La série présente cet univers souvent mal connu sans détour, et c’est indéniablement son point fort. On voit rarement cette sexualité hors norme représentée de la sorte à la télévision, du moins pas sans un jugement moral assez lourd, et cette ouverture est très plaisante. On s’amuse parfois de certains clients, mais le scénario ne tombe jamais dans la moquerie gratuite et la série adopte plutôt un point de vue neutre. La dominatrice est là pour offrir un service et apporter du plaisir à des hommes qui ont des besoins spécifiques qu’ils ne pourraient certainement pas satisfaire dans la sphère privée. On apprécie ce traitement neutre, mais Bonding n’évite pas en même temps le piège d’une représentation très caricaturale de l’homosexualité, ce qui est assez troublant. C’est comme si deux personnes totalement différentes avaient écrit les deux personnages principaux, mais le vrai problème n’est sans doute pas là. Avec ces sept épisodes de quinzaine de minutes, la première saison n’a le temps de rien faire bien. Les personnages restent largement au stade de la caricature et leur psychologie n’est pas du tout travaillée. On sent bien le potentiel, mais il n’est pas là, si bien que l’on arrive même à s’ennuyer par moments, un comble pour une série aussi courte.
Malgré ces critiques, la promesse reste alléchante et on espère que Netflix permettra à Rightor Doyle d’étendre sa création sur une deuxième saison. En espérant qu’il ait plus de place pour créer des personnages plus riches et attachants, Bonding pourrait avoir un avenir intéressant. En tout cas, les acteurs sont convaincants, Zoe Levin est impeccable en étudiante/dominatrice et Brendan Scannell, quoique caricatural, donne envie de s’intéresser davantage à Pete. En attendant de savoir si la série a un avenir, cette première saison est très courte et elle mérite d’être vue, au moins pour sa vision trop rare d’une sexualité différente.
Bonding, saison 2
(14 février 2021)
Netflix a permis à son étrange série de continuer et Bonding bénéficie ainsi d’une nouvelle saison, toujours aussi courte toutefois. Huit épisodes supplémentaires, pas plus d’une vingtaine de minutes par épisode au mieux : il faut à nouveau composer avec un temps très court. Rightor Doyle en profite toutefois pour offrir à sa création ce qui lui manquait le plus, à avoir des personnages crédibles. Ces épisodes approfondissent les personnalités et apportent plus d’épaisseur pour Tiff, Peter et les autres. Un bon point, même si la série hésite toujours entre plusieurs pistes et peine toujours à convaincre pleinement.
Peter, devenu « Master Carter » au côté de « Mistress May », a découvert le monde du BDSM dans la première saison et il est devenu un associé en bonne et due forme ici. Leur parcours professionnel et leur amitié restent au cœur des enjeux dans cette suite, qui s’ouvre un petit peu plus à d’autres sujets. Ainsi, ces deux personnages principaux bénéficient d’une histoire à part, avec deux petits amis respectifs : Tiff et Doug d’un côté, Peter et Josh de l’autre. Leurs déboires amoureux offrent à la création de Netflix la profondeur nécessaire, mais elle perd en même temps un petit peu de son originalité. Bonding traite toujours d’un univers, mais il est plus distant, plus accessoire peut-être. Et puis les scénaristes ont encore du mal à trouver le bon équilibre narratif, avec des séquences où l’on s’ennuie presque, un comble pour une série aussi brève. Cette saison abandonne en outre une bonne partie de l’humour de la précédente, ce qui n’aide pas de ce côté. En revanche, bon point pour Brendan Scannell qui apporte un jeu plus nuancé, corrigeant ainsi un défaut de la première saison.
Sans être mauvaise, Bonding reste ainsi une série intrigante et un petit peu décevante. Il y aurait de quoi en faire quelque chose d’excellent, mais on reste dans un entre-deux, pas tout à fait réussi sans être entièrement raté. Chaque saison étant courte, on peut recommander d’y jeter un œil, tout en regrettant que ce ne soit pas mieux.