Véritable institution à Lyon, la Brasserie Georges est une adresse présente à proximité immédiate de la gare de Perrache depuis le XIXe siècle. À l’origine, il ne s’agissait que d’une brasserie de bière, mais la nourriture s’est rapidement ajoutée à l’équation. À chaque service, plusieurs centaines de Lyonnais et de touristes se mêlent derrière sa façade Art déco. Une vraie institution qui propose une cuisine de bistrot mêlée de recettes lyonnaises, le tout dans un cadre délicieusement rétro. Son succès n’est pas étonnant et la brasserie mérite d’être découverte, même si ce n’est pas la meilleure adresse de la ville.
La Brasserie Georges en impose dès sa façade. Majestueuse avec son toit en pyramide, elle est située dans un quartier assez peu valorisant de Lyon. Au cœur de la presqu’île, au niveau de la gare de Perrache, cette brasserie est située quasiment sur l’A6, un des axes les plus fréquentés de la ville. On la remarque depuis l’autoroute, mais ce cadre si peu pittoresque n’incite pas à s’y arrêter. Devant, il y a pourtant toujours du monde et souvent plusieurs cars, et pour cause : cette adresse est l’un des classiques des organisateurs de voyages organisés qui entendent offrir à leurs clients un avant-goût de la cuisine lyonnaise. De l’extérieur, on est aussi frappé par la taille du bâtiment, mais la vraie surprise n’intervient qu’une fois à l’intérieur. La Brasserie Georges est composée d’une unique et immense salle. Avec son plafond très haut, ce restaurant ressemble plus à un hall de gare qu’à un petit bistrot de quartier et on ne peut qu’être impressionné par le gigantisme des lieux. C’est très impressionnant et la décoration actuelle qui date des années 1920 offre à l’ensemble un côté majestueux. Chacun appréciera selon ses goûts, mais il est incontestable que cette salle est un point fort du lieu. Les amateurs d’architecture devraient s’y rendre simplement pour cet espace comme on n’en fait plus…
Si cette grande salle est un point fort indéniable pour la Brasserie Georges, c’est aussi son plus gros inconvénient. Le restaurant peut servir jusqu’à 700 couverts en un seul service et même s’il faut compter sur les deux salons privés cachés derrière la salle principale, cette dernière rassemble chaque midi et chaque soir plusieurs centaines de convives. Ce vendredi soir, presque toutes les tables étaient occupées et l’ambiance était logiquement bruyante, très bruyante. Mieux vaut être prévenu : prévoir un diner en amoureux dans cette brasserie est une très mauvaise idée, sauf si l’objectif est d’éviter tout sujet de discussion. En groupe, c’est moins gênant et il faut quand même noter que la salle n’est finalement pas si bruyante : avec autant de clients, on pouvait s’attendre à un bruit beaucoup plus présent.
Brasserie oblige, la carte de Georges fait la part belle à la cuisine de bistrot. La choucroute est mise à l’honneur, avec plusieurs variantes, dont une de la mer, mais on peut aussi opter pour différentes pièces de bœuf, des abats et quelques spécialités lyonnaises, tout de même. De l’incontournable quenelle de brochet au steak tartare, en passant par les « célèbres choucroutes de tradition », il y en a pour tous les goûts, mais c’est toujours une cuisine française très conventionnelle qui est proposée. Les prix restent très raisonnables et on peut (très) bien manger pour une vingtaine d’euros le soir, un tarif dans la norme lyonnaise. Fidèle à son histoire, la Brasserie Georges vend aussi plusieurs bières maison et plutôt agréables, en tout cas pour la blanche testée ce soir-là. Les assiettes sont à l’image de la cuisine qu’elles contiennent : simples, sans chichi, sincères. On ne cherche pas à épater la galerie avec une présentation impressionnante, ici on met en valeur le produit, tout simplement. Le service alterne entre la mode française — on vous apporte une assiette à table — et la russe, où le serveur remplit les assiettes à partir d’un plat unique. Si plusieurs convives commandent une choucroute, elle sera apportée sur un plat unique et le serveur répartira les aliments dans chaque assiette, non sans laisser un peu de rab sur un chauffe-plat pour les plus gourmands. Même principe pour le steak tartare assaisonné selon votre convenance sous vos yeux ou pour la fameuse omelette norvégienne, autre spécialité de la maison.
En attendant le dessert, la choucroute du pêcheur était vraiment très bonne, essentiellement grâce à sa sauce au beurre blanc qui était parfaite, tout simplement. Le poisson est bien présent dans l’assiette pour une portion généreuse, mais ce n’est rien en comparaison des choucroutes de viande. La plus ambitieuse « Choucroute impériale » est composée d’un énorme morceau de jarret et de plusieurs autres pièces de viande, si bien que l’on a vite fait de caler avant de finir le plat. L’omelette norvégienne qui fait la réputation de la Brasserie Georges était incontournable pour le dessert, mais ce fut une petite déception. Le flambage au grand marnier commence en cuisine et il est totalement terminé quand le dessert arrive à la table, c’est dommage. La présentation est belle malgré tout, mais sur le plan gustatif, la meringue un peu trop molle prend un peu trop le dessus sur une glace vanille qui manque de goût, malgré ses fruits confits. C’est dommage, même si le résultat reste satisfaisant dans l’ensemble, pour ce dessert qui ne termine pas un repas déjà assez lourd sur une note plus légère. La gastronomie lyonnaise n’est pas connue pour faciliter le régime, cette institution ne fait pas figure d’exception.
À Lyon, la Brasserie Georges fait partie du paysage, comme d’autres monuments. Cette institution n’est pas devenue un musée sans intérêt, ni une arnaque juste bonne pour les touristes : aujourd’hui encore, on y mange bien et les amateurs de bonne cuisine française auraient tort de ne pas se laisser tenter. Ne cherchez pas l’originalité ici, ce n’est pas le but et d’autres le font bien mieux. La Brasserie Georges, elle, propose une cuisine simple, mais très efficace, quand elle ne bat pas quelques records. À faire, quand on ne cherche pas une ambiance intimiste…