Saviez-vous que le Carnegie Hall était aussi une fameuse adresse lyonnaise ? Non, ce n’est pas une salle de concert, mais une institution malgré tout : ce restaurant situé dans le quartier de Gerland, au sud de la ville, sert exclusivement de la viande depuis une trentaine d’années. Située dans un ancien abattoir, l’adresse met en avant la viande rouge et en particulier celle de bœuf, avec des carcasses accrochées presque dans la salle. N’espérez pas une cuisine légère et moderne, n’espérez pas non plus une ambiance intimiste. Le Carnegie Hall n’est rien de tout cela, mais la viande proposée est vraiment excellente et si vous voulez manger une bonne côte de bœuf, c’est un incontournable à Lyon¹.

La devanture n’a pas bougé depuis des années, mais c’est aussi le cas de la salle, restée dans son jus depuis au moins une vingtaine d’années. Autant le dire, cela se voit : la décoration est âgée, tout comme les couverts et le mobilier, avec des chaises en bois probablement plus vieilles que le restaurant lui-même. Qu’importe, le décor fait partie du plaisir et les carcasses derrière la vitre font leur petit effet. Quand on entre au Carnegie Hall un jour férié, on entre dans une salle déjà bien bondée et bruyante. Un serveur à l’entrée pointe une table du doigt, vous vous asseyez et la carte arrive promptement. Inutile de chercher autre chose que de la viande, et le plus souvent de la viande rouge. Nul menu ici, on choisit une pièce, une cuisson et une sauce et c’est tout. Il y a quelques plats complets, comme le pot-au-feu par exemple, mais la majorité est aussi simple que cela : de la viande, une sauce et un petit peu de gratin dauphinois en guise d’accompagnement. Les tarifs sont plutôt corrects, surtout quand on juge la qualité des produits, mais faire payer pour les sauces est un petit peu mesquin. Il faut ainsi ajouter environ 5 € à chaque assiette si on veut une sauce, sachant que les amateurs de viande pourront très bien s’en passer.

Dans un restaurant de viande, la qualité de la matière première est essentielle naturellement. Bonne nouvelle, le Carnegie Hall s’y connaît et toutes les pièces testées ce jour-là étaient excellentes. L’onglet pour deux personnes est un très gros morceau à la base, ce qui est une très bonne idée pour obtenir un maximum de tendreté et de goût. Il est servi déjà découpé dans les deux assiettes et la cuisson demandée est très précisément respectée, un bon point. Le seul défaut à noter à ce stade, c’est la sauce versée directement dans l’assiette², en quantité extrêmement généreuse comme tout le reste ici. Les sauces sont bonnes, c’est déjà ça, mais elles couvrent le goût de la viande elle-même, surtout celle au roquefort qui est assez prononcée. Et c’est dommage, car l’onglet servi était non seulement tendre et parfaitement cuit, mais il était aussi vraiment bon au naturel. C’est encore plus gênant pour la côte de bœuf, d’une tendreté rare, fondante en bouche… un vrai régal, même si elle est peut-être trop généreuse pour une seule personne. Il faut le dire, les quantités servies à cette adresse sont plus proches de ce que l’on connaît de l’autre côté de l’Atlantique et même si les desserts maison font vraiment envie, il y a fort à parier que vous ne pourrez plus rien manger après le plat principal. Si ce n’est un petit sorbet qui permet effectivement de faire passer le repas, même si les proportions sont encore une fois totalement déséquilibrées.

Ce n’est pas subtil, ce n’est pas léger et ce n’est pas le repas le plus tranquille que vous pourrez trouver. Néanmoins, le principal argument en faveur du Carnegie Hall, c’est bien sa viande et elle est effectivement excellente. Pour une vingtaine d’euros, vous aurez un repas (très) complet et qui plus est, savoureux. Un classique, pas moderne pour un sous, mais aussi une valeur sûre.