La Chaumine à Brest

Située en bordure du quartier de Recouvrance, sur les abords du parc Jean Bart et bien en face de l’autre rive de la Penfeld, la crêperie La Chaumine détonne par sa devanture colorée. Réalisée il y a quelques années par un graffeur, elle se voit de loin et attire l’œil sur cette petite adresse au pied d’un immeuble quelconque, loin du cœur touristique de la ville sur l’autre rive. C’est pourtant le premier résultat quand on classe les meilleures tables brestoises sur un site bien connu et c’est aussi un tout petit restaurant où il est chaudement recommandé de réserver pour ne pas repartir bredouille. Cette crêperie traditionnelle propose des recettes gourmandes et très généreuses, une cuisine sans chichi, simple, mais très bonne.

Le graffiti bleuté sur les murs cède la place à deux petites salles plus sobres, même si les couleurs vives ne sont pas loin. La Chaumine propose aussi systématiquement quelques œuvres d’art en exposition temporaire, avec à chaque fois des œuvres à admirer et acheter. Quelques tables, une bonne vingtaine de couverts au mieux et une petite cuisine sur le côté : on est loin de la crêperie/usine à touristes ici, c’est bien davantage une petite adresse de quartier, à dimension humaine, presque familiale. D’ailleurs, il n’y a que deux personnes pour tout gérer, une devant les bilig en cuisine, l’autre à prendre et amener les commandes en salle. On s’installe, la carte arrive rapidement, avec des propositions très classiques, de la complète à la beurre sucre, et quelques spécialités. Comme souvent, on peut composer la galette que l’on veut en ajoutant autant d’ingrédients que l’on veut, et le tarif dépend alors simplement du nombre. On peut aussi se contenter d’une spécialité maison, en salé comme en sucré, le tout en sirotant une bolée de cidre, naturellement.

On commence avec deux variations autour de la complète. D’un côté, la « British », composée d’un œuf miroir et de fromage, mais aussi de tranches de bacon plutôt que du jambon, et de crème fraiche. D’emblée, c’est la générosité qui frappe : certaines crêperies ne remplissent pas bien leur galette et disposent des ingrédients de manière assez légère, mais ce n’est certainement pas le cas à La Chaumine. Au contraire même, le cuisinier à la main lourde sur les bons ingrédients et la galette est très remplie, avec beaucoup de fromage et encore davantage de crème. C’est très bon, évidemment, mais peut-être un poil chargé. Même idée de l’autre côté, avec la « Paysanne » qui remplace le jambon de la complète par du lard et ajoute quelques oignons en plus. La garniture est aussi très généreuse et même si elle pourrait être mieux finie — les oignons comme les tranches de lard auraient mérité un petit peu plus de cuisson —, c’est une excellente galette. La pâte est bien fine et plus dans la souplesse que le craquant, un choix qui se défend tout à fait. Autant dire qu’avec une telle garniture, vous vous arrêterez sûrement à la première galette, mais cela tombe bien, parce que les desserts valent le détour. La liste de spécialités est encore plus longue, et on repère souvent des propositions avec des boules de glace Jampi, un artisan local. Prenez une crêpe avec du caramel au beurre salé fait maison, une tuerie d’ailleurs, ajoutez un peu de chantilly et une boule de glace cacao qui fond doucement et se mélange au caramel, et vous obtenez un sacré dessert. Autre classique qui reste indépassable, la beurre sucre est excellente et elle met bien en valeur la pâte froment, là aussi fine et moelleuse. C’est simple, mais exquis, et vous pouvez toujours ajouter une boule de glace et de chantilly si cela ne suffisait pas.

On comprend pourquoi La Chaumine a autant de fans : cette petite crêperie ne fait pas de folie, mais elle propose des galettes savoureuses, vraiment très généreuses, et les tarifs restent très raisonnables. La pâte cuite à la dernière minute est fine et moelleuse, les garnitures sont bien présentes, le cidre artisanal Kerné est très bon, bref c’est une réussite, avec une jolie vue sur la Penfeld et son téléphérique en bonus.

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