Entrer dans La cuisine de Madame Châtelet, c’est d’abord voyager dans le temps. Ce restaurant situé dans le septième arrondissement lyonnais cultive son sens du décalage temporel : ancien bar transformé récemment en restaurant, le lieu avait connu son heure de gloire dans les années 1950. Le pari de ce restaurant aujourd’hui est de proposer des plats traditionnels, mais le plus souvent revisités et modernisés. Un pari ambitieux qui tient largement la route : on mange bien, très bien même dans ce restaurant à l’ambiance familiale.
Madame Châtelet a fait connaître le lieu dans les années d’après-guerre et son nom est resté, ainsi que l’ambiance de l’époque. La décoration est ainsi délicieusement rétro, tout particulièrement au fond du restaurant où l’on trouve un amusant salon autour d’un vieux poste à radio et une salle à manger qui évoque celle de nos grands-mères. Les chaises de La cuisine de Madame Châtelet rappellent les vieux bistrots, de même que la banquette en bois : ce n’est pas le plus confortable, certes, mais le côté rétro fonctionne à plein. Les assiettes du service proviennent toutes de familles, d’amis ou de brocantes : vous n’aurez jamais deux fois la même, ce qui est original et plutôt amusant. L’ensemble est décoré avec goût et des touches de bleu unifient ce qui pourrait constituer une décoration assez hétéroclite : on en retrouve sur un mur, sur les serviettes ou même les verres du restaurant.
La carte de La cuisine de Madame Châtelet est constituée par des plats assez communs, en particulier plusieurs morceaux de bœuf accompagnés à chaque fois de l’incontournable gratin dauphinois. Les amateurs de cuisine lyonnaise seront ravis de retrouver quelques classiques, à l’image des œufs en meurette ou de la tatin de boudin aux pommes, mais l’on n’est clairement pas ici dans un bouchon. C’est plutôt l’esprit brasserie, voire bistro, qui est revisité ici avec par exemple une excellente tartine aux aubergines et au gorgonzola qui permet de manger copieusement et pour un prix modeste. Les tarifs sont excellents comparés à ceux pratiqués dans la capitale et on s’en tirera au pire à 26 € pour un menu complet, gourmand et copieux.
Le restaurant La cuisine de Madame Châtelet sert, à mes collègues et moi-même, de cantine puisqu’il fait partie des quelques restaurants que nous fréquentons le midi. S’il est certainement très agréable le soir (sauf du samedi au lundi où il n’est ouvert que le midi), ce lieu se révèle parfait pour y manger au quotidien. Chaque jour, le chef compose une carte composée invariablement de deux entrées, deux plats et deux desserts au choix, avec des tarifs très intéressants. Il y a à chaque fois un poisson et une viande et le plus souvent la simplicité est privilégiée, en particulier pour le poisson : de beaux morceaux dans l’assiette, en général assez peu cuits (attention si vous n’aimez pas le poisson cru…) et accompagnés d’une garniture qui varie elle aussi tous les jours. C’est simple, mais extrêmement efficace et c’est plutôt léger : la formule idéale pour le repas du midi. Les viandes ne sont pas en reste et quel que soit votre choix, vous ne devriez pas être déçu par le résultat, qui est en général vraiment très bon, même si le chef a parfois tendance à abuser sur la fleur de sel et le vinaigre balsamique qui décore, certes, mais ajoute aussi du goût.
Si vous cherchez une bonne adresse pour un repas équilibré et gourmand, un midi ou un soir, La cuisine de Madame Châtelet est incontestablement une adresse à retenir. On y trouve des plats modernes, mais aussi de grands classiques de la cuisine française, des veloutés de légumes en entrée au pot-au-feu sous toutes ses formes et avec son os à moelle, évidemment. C’est bon, parfois étonnant quand le chef revisite une recette en lui ajoutant une touche inattendue (une sauce au réglisse, par exemple), jamais trop cher et le tout dans un cadre convivial. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’une bonne partie de la salle, le midi, est composée d’habitués…