Le burger a été vu, revu, visité et revisité des centaines de fois, souvent avec un résultat vraiment satisfaisant d’ailleurs, mais on ne peut pas renouveler une même formule à l’infini. Pour changer un peu, voici le kebab remis au goût du jour par La Fabrik, une adresse toute récente dans le deuxième arrondissement lyonnais. À deux pas de Perrache et surtout en face de l’Université Catholique de Lyon, ce fast-food se veut l’exacte inverse de tous les kebabs traditionnels. De la qualité des produits à l’attention portée à la salle, c’est un kebab revu et corrigé qui est proposé, à un tarif qui sait rester sage. Pari largement gagné !

La Fabrik n’est pas situé dans un quartier très touristique de la ville, mais à deux pas de la gare de Perrache, c’est un quartier moderne et branché qui commence à émerger. C’est exactement ce qu’a cherché à proposer le propriétaire des lieux avec son restaurant et sa salle très travaillée. Puisque l’on a affaire à un fast-food avant tout, on a naturellement un vaste comptoir où l’on peut commander et partir avec un sac, mais on a aussi quelques tables. Trois longues à partager au début, une autre basse à côté d’un très beau canapé Chesterfield ou encore une table en hauteur adossée à une fenêtre au fond. Une trentaine de personnes peuvent s’assoir, ce qui est assez peu et ce qui permet à la salle de rester assez dégagée. Et la promesse d’un anti-kebab traditionnel est bien tenue en ce qui concerne le décoration, extrêmement travaillée. On est dans un décor industriel, mais chaleureux, avec beaucoup de cuivre et des détails amusants, à l’image de ces ampoules à filament bien visible, ou de ce porte-manteau constitué de robinets industriels autour d’un pilier. L’ensemble est très agréable et vraiment bien fait, on sent qu’il y a eu une longue réflexion pour concevoir la salle et c’est réussi : on s’y sent bien mieux que dans la majorité des fast-foods où le pratique l’emporte sur le confort.

On vient ici pour manger avant tout, et là aussi, La Fabrik ne s’est pas contenté de reprendre la formule habituelle du kebab. Comme c’est toujours le cas avec ces fast-food revisités très populaires depuis quelques années, la qualité des produits est le point le plus important. Le sandwich proposé ici est conçu plutôt dans l’esprit des wraps et le kebab est d’ailleurs très judicieusement emballé dans un carton similaire à ceux d’une grande chaîne de restauration rapide. On a donc une galette conçue par un MOF lyonnais (mais pas de pain pita), de la viande française de bonne qualité et marinée et montée sur broche sur place. Le kebab de base, rebaptisé ici simplement « K » est 100 % veau comme il se doit, mais les amateurs peuvent aussi opter pour le « P », une variante au poulet. La recette a été épurée — nulles tomates, pas d’oignons — pour un résultat plus léger, et il faut reconnaître que ce n’est pas une mauvaise idée. Les kebabs font surtout la part belle à la viande, qui est d’excellente qualité comme promis. Le poulet est uniquement constitué de morceaux de cuisse pour éviter un résultat trop sec et c’est effectivement le cas. Sur le plan gustatif, le veau reste devant, mais les deux versions restent au coude à coude, un excellent point. Quelle que soit la viande choisie, on a toujours un mélange de salade verte et de feuilles de menthe qui viennent réveiller le sandwich. Et naturellement, une sauce, ou plutôt trois au choix : outre une version légère qui rappelle la traditionnelle sauce blanche, on peut compter sur deux propositions plus ou moins épicées ou grasses. À l’arrivée, on a une sélection assez limitée et toutes les déclinaisons sont savoureuses. Nous avons eu la chance de toutes les tester à l’occasion d’une soirée de présentation, et que ce soit le poulet ou le veau, ou l’une des trois sauces, les kebabs de La Fabrik sont bien meilleurs que la moyenne, ce n’est pas contestable.

Le prix à payer pour ces classiques de la rue revisités est souvent une note salée. Mais c’est aussi la bonne surprise de cette adresse, avec des prix qui ne peuvent pas dépasser 10,5 € par personne. À ce tarif, vous aurez un kebab au veau, accompagné de frites maison, d’une boisson et même d’un dessert maison. La carte commence même à moins de 6 € pour un kebab poulet seul, ce qui permet de satisfaire tous les budgets et si vous vous ne mangez pas de viande, vous pourrez même remplacer le sandwich par une salade. Le poulet est systématiquement un euro moins cher que le veau, mais comme on le disait précédemment, on reste sur un très bon produit. Et les accompagnements ne sont pas là pour faire joli et accompagner le kebab : les frites sont excellentes et les desserts sont si bons qu’on viendrait presque à La Fabrik uniquement pour eux. Commençons par évoquer les frites, faites sur place, précuites avec un premier bain et cuites à la dernière minute pour un résultat bien croustillant. Avec des morceaux généreux et la peau encore présente, on tire plus vers la « potatoes » que la frite traditionnelle, et c’est une affaire de goût bien sûr, mais c’est un excellent choix, surtout si on les accompagne de la sauce mayonnaise/harissa, une association qui fonctionne très bien. Quant aux desserts, ils sont faits « maison » et ils permettent de finir sur une note sucrée savoureuse, inattendue pour un kebab. Et pourtant, le riz-au-lait monté à la crème est léger et très bon, surtout grâce au caramel au beurre salé qui l’accompagne. Quant aux pommes caramélisées, surmontées d’un biscuit et d’une crème fouettée, c’est un dessert à mi-chemin entre la Tatin et le crumble, une vraie réussite que l’on n’attendait pas à ce tarif.

À l’heure des bilans, difficile de ne pas craquer pour La Fabrik. Si vous aimez les kebabs, c’est une adresse à tester, car on les retrouve ici dans une version modernisée et améliorée, mais pour un prix au fond assez proche des versions basiques. Pour dix euros, on a un repas complet savoureux et bien plus sain que la moyenne : la viande, comme les desserts, ne servent qu’une journée et rien n’est conservé pour le lendemain. Le concepteur du projet est très ambitieux et il espère ouvrir d’autres boutiques à Lyon dès l’année prochaine, avant d’aller voir ailleurs en France. La Fabrik connaîtra-t-elle le même succès que Big Fernand ? C’est tout ce que l’on peut souhaiter à ces kebabs remis au goût du jour…