Après Breaking Bad, Weeds ou encore Family Business, NBC a exploité le filon juteux de la personne lambda qui débarque dans l’univers de la mafia. Pas de drogue néanmoins pour Good Girls, il s’agit cette fois essentiellement d’argent contrefait, mais le principe général reste le même. Prenez quelqu’un d’absolument normal, en l’occurrence trois mères de famille d’une petite ville du Michigan, et affrontez-les à la violence de la mafia. Jenna Bans ne gagnera pas de palme d’originalité pour le pitch de sa série, mais Good Girls n’est pas qu’une resucée déjà-vue et donc inutile. Surtout dans la première saison, la création de NBC s’impose par son ton léger et un humour bien dosé. La suite est un petit peu moins convaincante, mais pas assez pour nous empêcher d’attendre la troisième saison, actuellement en cours de diffusion.
Good Girls se construit autour de la confrontation entre trois mères de famille totalement banales et l’univers terrible de la mafia. Sa bonne idée est d’en faire une confrontation involontaire : dans le pilote, on découvre ainsi Beth, Annie et Ruby et leur problème d’argent. Peu importent les raisons, elles galèrent toutes trois et rêvent d’avoir un petit peu plus d’argent. Elles décident alors de braquer un supermarché, sans savoir qu’il servait de couverture pour Rio, un mafieux local qui importe des faux dollars depuis le Canada. Quand ce dernier découvre qu’on l’a volé, il force les trois mères de famille à travailler pour lui. Il faut d’abord aller au Canada récupérer une cargaison, puis protéger un type louche et blessé et bientôt, de fil en aiguille, les trois femmes deviennent des mafieuses à temps complet. La série de Jenna Bans ajoute très vite le FBI dans l’équation, avec un agent qui était déjà sur les traces de Rio et qui commence à suspecter que ces mères de famille en apparence innocentes en savent plus qu’elles ne le disent. Toute cette confrontation se met en place assez progressivement sur les treize épisodes de la première saison, et c’est cette descente en enfer qui fait tout le sel de Good Girls. Ces femmes voulaient juste un peu d’argent pour s’en sortir, elles se retrouvent à devoir gérer un kidnapping et même bientôt un meurtre, tout en blanchissant des centaines de milliers de dollars avec l’aide d’autres mères de famille qui ignorent tout de la combine. Cette première saison avance à bon rythme et elle maintient un esprit léger, même quand les ennuis s’accumulent. Malheureusement, le ton change assez radicalement dans la deuxième saison, beaucoup plus classique sur la confrontation de deux camps. On comprend que NBC n’ait pas voulu tomber dans la redite, c’est d’ailleurs une excellente chose, mais la série perd aussi en originalité et elle devient presque banale. Le scénario était déjà très peu crédible dans la première saison, mais avec le changement de ton, il passe moins bien et les rebondissements fous qui s’accumulent peine un petit peu à convaincre. Malgré tout, l’intérêt reste, essentiellement grâce au trio d’actrices principales, parfaites et surtout étonnamment crédibles dans leur rôle. Retta et Mae Whitman sont très bien, mais on retiendra surtout Christina Hendricks, impressionnante dans le rôle de Beth.
Au bout du compte, Good Girls mérite bien le détour et on espère que la troisième saison reviendra à un ton plus léger. La deuxième se termine sur un nouveau cliff-hanger qui ne permet pas forcément de savoir ce qui va se passer et après tout, c’est très bien ainsi. En espérant que Jenna Bans aura encore de quoi offrir, vous pouvez déjà regarder sans hésiter les deux première saisons de Good Girls.
Good Girls, saison 3
(1 août 2020)
Après une première saison légère et très réussie, Good Girls opérait un virage assez net dans la seconde, plus sombre, plus violente et aussi plus banale. La surprise de fin de saison et la mort supposée de Rio était un geste fort qui aurait pu relancer la série créée par Jenna Bans sur de nouvelles bases, ce qui aurait pu permettre un retour à la légèreté initiale. La création de NBC est malheureusement tombé dans le piège si courant en ne tuant pas ce personnage et en choisissant au contraire de persévérer sur la même voie. Les onze nouveaux épisodes qui constituent cette nouvelle saison reproduisent les mêmes schémas de la précédente, à tel point que l’on finit par se désintéresser de ce qui se passe et des personnages. Une vraie déception.
La troisième saison commence avec l’idée que Rio mort, nos trois héroïnes sont libres de faire ce qu’elles veulent. C’est-à-dire d’imprimer leurs propres billets dans l’arrière-boutique d’un petit magasin du coin. C’était une bonne piste pour relancer Good Girls sur l’ambiance moins lourde des débuts, mais les scénaristes ne peuvent pas s’empêcher de très vite réintroduire le personnage de Rio, jugé pour une raison ou une autre indispensable à l’histoire. Sa présence laisse entendre que la violence fera inévitablement son retour et cela ne manque pas, Jenna Bans reprend les mêmes pistes que dans la saison 2, avec une confrontation toujours plus improbable entre ces mères de famille « normales » et la mafia. Ce n’est pas réaliste et surtout, c’est du réchauffé, d’autres séries l’ont déjà fait — et en mieux — avant. Sans l’humour, il ne reste pas grand-chose à cette énième variation sur un thème connu. Et même si les actrices s’en sortent pas trop mal, leurs personnages tournent tous en rond, que ce soit Beth avec son mari volage, Ruby et son mari plein de remords ou encore Annie qui échoue lamentablement tout ce qu’elle entreprend. Pendant un moment, on craint même de voir se répéter la fin de la saison 2, Good Girls l’évite in extremis, mais on n’a plus tellement envie de savoir ce qui se passe par la suite…
Good Girls a beaucoup perdu par rapport à la première saison qui était réellement réussie et on a du mal à voir comment la série de NBC pourrait redresser la barre. Ces nouveaux épisodes montrent en tout cas qu’elle a tendance à tourner en rond au lieu d’avancer, et le sentiment de déjà-vu est trop présent pour pouvoir l’ignorer. Jenna Bans tenait une idée plus originale en restant dans un crime allégé plus réaliste, mais en tombant dans les pires horreurs de la mafia, on n’y croit plus. Dommage.