Au cœur du quartier Guillotière, à deux pas d’Oto Oto — qui a été créé par le même propriétaire —, le restaurant Imouto offre une cuisine beaucoup plus raffinée, française, mais toujours inspirée par le Japon. Le chef est japonais et la « cuisine fusion » prônée par la devanture s’inspire ainsi de ce que l’on mange dans l’archipel, tout en étant rattaché à la France. Une alliance que l’on a déjà croisé à Lyon et qui fait tout autant mouche : les assiettes composées avec soin sont particulièrement savoureuses, et on mange très bien à des prix raisonnables.
Dès la salle, l’Imouto marque sa différence avec son petit frère d’à côté. Au décor traditionnel des « Izakaya » japonais répond une salle moderne et très élégante, où le bois domine. Au centre de la petite pièce, une très belle table d’hôtes en bois brut. Autour, quelques tables pour deux sous un plafond magnifique, composé de panneaux de bois assemblés pour créer des vagues… ou plutôt symboliser le feuillage d’un grand arbre comme nous l’a indiqué le patron. Quoi qu’il en soit, l’effet est réussi et tranche avec le quartier très populaire où se situe le restaurant : on sent que cette adresse revendique un certain standing. Sans pour autant tomber dans l’excès de certains restaurants étoilés et la simplicité du service est la bienvenue.
Le midi, une carte très simple est proposée autour d’un menu unique à 17 € pour entrée, plat et dessert. À chaque fois, on a deux ou trois choix, mais pas plus : le restaurant revendique son travail autour de produits frais exclusivement, et on n’a pas ainsi une longue liste d’assiettes, mais plutôt quelques plats parmi lesquels choisir. Le soir, l’Imouto gonfle son offre, toujours autour d’un menu unique, cette fois facturé 31 € et même si on a plus de choix, la carte reste de taille modeste quoi qu’il arrive. Un excellent point quant à la fraicheur de ce qui est servi. Comme prévu, les assiettes listent des mets français ou européens — une salade de tomates, un risotto, un financier —, et des produits japonais ou asiatiques. Kumquat, thé vert ou encore shitakés : la fusion est partout et elle se retrouve même sur les tables, où l’on trouvera autant fourchette et couteau que deux baguettes. À vous de voir ce que vous préférez utiliser, tout comme vous pourrez choisir entre des assiettes qui tendent plus vers notre culture, ou plus vers l’Asie.
En entrée, la salade de tomates est ainsi relevée d’une vinaigrette au kumquat et de morceaux de ce fruit acide. De quoi donner un coup de fouet à de généreuses tomates de différentes variétés, toutes mûres à point. C’est simple et excellent. L’autre entrée est une raviole de légumes dans un bouillon : cette fois, on s’oriente plus vers le Japon avec des saveurs que l’on connaît moins, avec un bouillon goûteux et une farce de raviole vraiment savoureuse. Nous avons testé les deux plats du menu du jour, mais avec une inversion du chef : le poulet sauce Teriyaki a été servi avec l’accompagnement prévu pour le saumon. Qu’importe, cela ne nous a pas empêché de déguster un poulet fermier très bien cuisiné, accompagne d’une purée de pomme de terre légèrement relevée de miso. La sauce utilisée traditionnellement pour les brochettes Yakitori ajoutait une note sucrée assez originale. Quant au saumon, il était fris et bien que trop cuit à mon goût, le poisson n’était ainsi absolument pas sec et même très bon. Les champignons shitakés étaient excellents, plus que le risotto au choux rouge, un petit peu pâteux — le riz n’était probablement pas le bon ou que les morceaux de choux chinois assez fades. On termine le repas avec une mousse de chocolat blanc très marquée en chocolat et un financier au thé vert tiède, fondant et parfaitement moelleux. À chaque fois, une boule de glace — respectivement au sésame et aux haricots rouges — apportait une touche froide aux desserts : plaisant !
La cuisine proposée par le restaurant Imouto est souvent simple, mais elle est équilibrée et convaincante. Constamment à mi-chemin entre l’Occident et le Japon, cette adresse ne choisit pas un camp et c’est tant mieux : à défaut de découvrir des saveurs inconnues, comme c’était le cas chez Oto Oto, on y mange avec plaisir. Et c’est bien l’essentiel.