Jumanji: Next Level, Jake Kasdan

Qui aurait parié que l’idée d’offrir une suite à Jumanji pouvait donner un bon film ? Jake Kasdan a pourtant réussi à créer la surprise avec Jumanji : Bienvenue dans la jungle, un divertissement léger qui avait parfaitement conscience de son côté idiot et qui évitait de se prendre trop au sérieux, offrant un divertissement solide. Le succès étant au rendez-vous, une suite était quasiment inévitable et Hollywood a ainsi créé une vraie saga avec un troisième volet, sorti un an seulement après le deuxième. Jumanji: Next Level reprend les mêmes personnages et les mêmes concepts que le précédent, ce qui veut dire que l’on perd l’effet de surprise du précédent. Mais Jake Kasdan n’a pas perdu de vue ce qui faisait les points forts de son concept et ses limites et il parvient encore une fois à divertir, en trouvant un nouveau souffle avec un improbable couple de seniors. Léger et fun.

Du jeu de société, on était passé au jeu vidéo avec le film précédent et Jake Kasdan n’essaie pas de réinventer la roue cette fois. C’est toujours le même concept, avec des humains projetés dans la jungle virtuelle qui se transforment en des personnages différents, les trois vies avant la vraie mort et toute ces idées découvertes auparavant. Jumanji: Next Level ne perd pas de temps à tout introduire à nouveau, le film part du principe que vous connaissez ce qu’il faut savoir sur l’univers et il nous projette dans la jungle après quelques minutes d’introductions sans grand intérêt. Pour ne pas simplement répéter le long-métrage de 2018, les scénaristes ont imaginé que la console de jeu est détraquée, si bien qu’il n’est pas possible de choisir son personnage. Quand ils arrivent dans la jungle, chaque joueur n’a repris son avatar de la dernière fois, c’est une sélection aléatoire qui joue. Ce qui permet de jouer sur des décalages, quand le grand black musclé devient le paléontologue enveloppé et pas sportif pour un sous, ou alors quand le mec costaud est en fait… le grand-père qui se trouvait dans la pièce d’à côté. C’est l’autre nouveauté, un couple de vieux boomers qui vient pimenter la situation en étant embarqué dans le jeu à leur insu. On imagine bien toutes les blagues liées à leur méconnaissance totale des jeux vidéo et à leur compréhension difficile des enjeux. C’est assez facile, certes, mais c’est bien emmené et l’histoire se construit astucieusement autour d’eux et de leur côté insupportable. Ça fonctionne très bien grâce à la personnalité de Danny DeVito et Danny Glover, remarquablement infusée dans leurs avatars incarnés par Dwayne Johnson et Kevin Hart. C’était un point fort de Jumanji : Bienvenue dans la jungle, la capacité des acteurs à changer de personnalité est toujours aussi bluffante, et encore plus ici avec plusieurs changements en cours de route. Jack Black est peut-être celui qui le fait le mieux, mais tous les acteurs sont excellents à ce petit jeu et l’humour est constant, ce qui est important dans un film aussi « bête ». Car, il faut bien le dire, le scénario n’est pas un modèle de légèreté, encore moins de réalisme. C’est du grand n’importe quoi, mais c’est assumé et on passe un un bon moment, sans prétention.

Pari réussi pour Jake Kasdan, qui parvient à reprendre une formule qui avait fonctionné, sans tomber dans la répétition pour autant. Jumanji: Next Level n’essaie pas de renouveler gratuitement le genre, il reste sur les bonnes idées de la saga et continue d’offrir une version moderne, légère et fun, du concept original mis en images par Joe Johnston. Parfait pour une séance ciné plaisir.