Pour leur dernier long-métrage, les Monty Python reviennent à leur format de prédilection avec un film à sketches. Plus proche en cela du Flying Circus des débuts que de La vie de Brian, Monty Python : Le Sens de la vie enchaîne séquences vaguement réunies par l’idée d’expliquer le sens de la vie, mais qui restent largement indépendantes les unes des autres. Les six comédiens ont manifestement eu beaucoup d’idées et le résultat est inégal. Il y a de très bons moments et des séquences qui tombent un petit peu à côté… un ensemble inégal donc, mais qui vaut la peine d’être vu pour les sketches réussis.
Les Monty Python avaient plein d’idées qu’ils ont réunies dans un film en lui trouvant un semblant de fil rouge. Malgré cela, l’une des idées ne rentrait pas et c’est pourquoi Monty Python : Le Sens de la vie commence avec un court-métrage qui n’a encore moins de rapport avec la suite… sans être totalement séparé. Comme souvent avec l’absurde que manient les comiques d’une main de maître, les choses ne sont jamais aussi simples qu’on ne pourrait le croire et c’est encore le cas ici. Quoi qu’il en soit, avant de commencer le long-métrage en lui-même, on découvre cette étonnante histoire de Terry Gilliam, des employés d’une compagnie d’assurance qui font une insurrection et prennent le pouvoir, tels des pirates sur leur navire. La métaphore de la piraterie est d’ailleurs le fil conducteur du récit, alors que leur immeuble se transforme en vaisseau pirate et part attaquer d’autres immeubles de la haute finance mondiale. C’est délicieusement absurde et en même temps assez politique, mais une fois que l’on a compris l’idée, on tourne un petit peu en rond et le court-métrage traine quelque peu en longueur. Fort heureusement, le film principal prend le relai avec un aquarium et des poissons qui parlent. Bien avant l’ère du motion capture, les Monty Python ont déjà eu l’idée de coller leur visage sur ces poissons, qui se trouvent être au milieu d’un restaurant et qui commentent la mort d’un de leur ancien camarade, dégusté à une table. Voilà qui lance la question du sens de la vie et donc du long-métrage tout entier, découpé en huit chapitres, de la naissance à la mort. En apparence, Monty Python : Le Sens de la vie pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une exploration complète des grandes idées sur le sens de la vie, mais naturellement, il n’en est rien. Ce cadre n’est qu’une excuse pour des sketches qui n’ont pas vraiment de liens entre eux, une vieille idée des comédiens qui ponctuaient déjà leur série télévisée de « And now, something completely different !1 ».
Comme promis, on a des choses très différentes, des sketches de durée et d’intérêt variables. On commence très fort avec la naissance et deux satires particulièrement efficaces, l’une dans une clinique moderne qui néglige totalement les parents au profit d’une démonstration de force de l’hôpital, qui sort toutes les machines à sa disposition. L’autre se moque de manière brillante de l’Église catholique et de son rejet de toute méthode de contraception, dans une famille pauvre qui a un nouvel enfant après des centaines d’autres. Le père annonce qu’il ne peut plus subvenir à leurs besoins et qu’il va les vendre à un laboratoire, le tout avec l’une de ces chansons dont les Mython Python avaient le secret. C’est cruel et très drôle à la fois, un nouveau joli pied de nez à la religion après le film précédent. Le chapitre suivant s’intéresse à l’éducation, avec encore une fois une satire religieuse, on ne s’en lasse pas. Le point d’orgue de la séquence est un cours d’éducation sexuelle pendant lequel le professeur fait une démonstration en direct avec sa femme. Le contraste entre le cadre strict de cette école et le format très explicite du cours fonctionne assez bien, et le sketche parvient à créer un malaise assez bien trouvé. Une série de trois séquences sur l’armée suit, avec à chaque fois une belle démonstration de la stupidité de la guerre. Que ce soit dans les tranchées françaises ou sur un front africain, l’idée est la même et justement, on a parfois le sentiment que les comédiens n’ont pas su choisir et qu’ils ont décidé à tort de tout garder. C’est un petit peu le même sentiment par la suite, certains passages sont très drôles, d’autres reposent sur une idée très simple et qui ne suffit pas toujours. La séquence du restaurant est un grand moment de dégueulasse à base de litres de vomi ; c’est impressionnant, mais pas forcément drôle. L’absurde du court-métrage qui revient au milieu du reste est une bonne idée, les séquences sur la mort sont assez inégales elles aussi… et dans l’ensemble, Monty Python : Le Sens de la vie commence mieux qu’il ne se termine.
Le format court était parfaitement adapté pour une série télévisée et passer d’une chose à une autre radicalement différente était le point fort de Monty Python’s Flying Circus. Au cinéma, en revanche, on a besoin d’un petit peu plus de structure. La Vie de Brian est le plus linéaire des trois, mais même Sacré Graal ! reposait sur une intrigue d’ensemble, même s’il était également découpé en sketches. Pour ce dernier film, on sent bien que les six comiques avaient plein d’idées et qu’ils se sont fait plaisir grâce à des moyens supplémentaires, notamment dans des séquences avec beaucoup d’acteurs. Le résultat est intéressant et parfois vraiment très drôle, mais il faut reconnaître que l’on ne retrouve pas le niveau des deux long-métrages précédents. Monty Python : Le Sens de la vie mérite malgré tout une vision, mais mieux vaut sans doute commencer par ce qui précède…
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- « Et maintenant, quelque chose de totalement différent ! » ↩