Nine Perfect Strangers, David E. Kelley (Hulu)

Nine Perfect Strangers ressemble un petit peu à un roman d’Agatha Christie, mais c’est Liane Moriarty qui a signé l’histoire adaptée par cette mini-série Hulu. Il n’y a pas de meurtre à élucider, même si le scénario repose lui aussi sur une large part de mystère. David E. Kelley rassemble un impressionnant casting de stars autour de Nicole Kidman avec laquelle il aime décidément travailler, dans une sorte de huis-clos où la tension montre crescendo. Une excellente idée sur le papier, mais la réalisation manque cruellement de subtilité, surtout sur la fin. Cela reste divertissant, mais oublié sitôt regardé.

Le concept, c’est que neuf inconnus se retrouvent à Tranquillum House, un centre de santé ultra select en Californie où l’on promet de vous faire renaître comme un nouvel être humain. Ces neuf personnes sont toutes au bout du rouleau, le pilote l’établit distinctement tout en présentant le personnage de Masha, une mystérieuse femme d’origine russe qui a failli mourir et qui retire de cette expérience une thérapie radicale. Tout le principe de Nine Perfect Strangers est de ne pas dévoiler trop tôt ses cartes, pour faire monter la sauce. Au départ, on a neuf personnes malheureuses et désagréables qui sont là de plus ou moins bon gré et qui suivent ce qui ressemble à une thérapie californienne caricaturale. Au fil des épisodes, on découvre petit à petit toute la folie de Masha et ses méthodes peu orthodoxes, jusqu’au final explosif. C’est l’idée du moins, mais David E. Kelley fait malheureusement preuve d’une lourdeur rare par rapport à ses créations antérieures. Est-ce le roman original qui l’oblige à être aussi peu subtil ? Quoi qu’il en soit, dès le départ, on sent qu’il y a anguille sous roche et on devine bien en amont que rien ne va dans cette maison supposée tranquille. Les personnages passent pourtant complètement à côté et ils se laissent faire avec une naïveté bien étonnante et jamais justifiée. C’est un thème récurrent d’ailleurs, à plusieurs reprises on se demande bien comment ces neuf étrangers peuvent accepter tout et n’importe quoi, ou pourquoi personne dans l’entourage de Masha ne semble réagir. Quand cela vient, c’est tardif et surtout un peu facile, pour faire rebondir l’histoire dans une nouvelle direction. Nine Perfect Strangers tente bien de multiplier les rebondissements, mais on peine à y croire, surtout dans les derniers épisodes qui sont à cet égard vraiment trop lourds. Même le casting n’est pas à la hauteur, à quelques exceptions près et notamment Michael Shannon, impressionnant comme toujours. Nicole Kidman peine à vendre son accent russe bricolé, on ne croit pas à l’histoire d’amour qu’essaient de nous vendre Melissa McCarthy et Bobby Cannavale… bref, cela ne fonctionne pas bien.

Pour autant, la série de Hulu a le bon goût de ne pas être trop longue avec ses huit épisodes et on n’a jamais envie d’arrêter Nine Perfect Strangers en cours de route. À cet égard, c’est une réussite et on imagine bien que le roman doit être du même acabit, un « page-turner » comme on dit. Il n’y a pas de mal à regarder un divertissement léger de temps en temps, mais il reste que l’on attendait mieux de David E. Kelley. Dommage.