Penny Dreadful: City of Angels, John Logan (Showtime)

Penny Dreadful était une étonnante série de Showtime qui combinait une bonne partie des mythes fantastiques de l’Angleterre du XIXe siècle en une seule histoire, de Frankenstein à Dorian Gray, en passant par Dracula. Un drôle de mélange qui donnait une série fun et excellente. Six ans plus tard, John Logan revient avec Penny Dreadful: City of Angels, toujours pour Showtime. On s’attend à retrouver le même concept original, mais transposé dans le Los Angeles de la fin des années 1930. Sauf qu’à part le nom et quelques acteurs, il ne reste plus rien de la série originale. Ce spin-off manque de fantastique et il peine à construire une intrigue intéressante… décevant.

Los Angeles en 1938, une ville tiraillée entre nazis tapis dans la société et une population hispanique écrasée par les WASP. Voilà en gros le décor dressé par John Logan, qui troque l’Angleterre victorienne pour la cité des anges, et le fantastique britannique pour les mythes mexicains. Penny Dreadful: City of Angels se déroule pendant l’âge d’or de Hollywood, mais ce n’est pas du tout le sujet et la série se concentre davantage sur les problèmes sociaux de l’époque et sur la menace nazie, qui plane même sur la côte ouest des États-Unis. La série a beau s’ouvrir sur Santa Muerte, représentation mexicaine de la mort qui joue un rôle central dans les dix épisodes, le fantastique est assez anecdotique ici. C’est la première différence avec la création originale de John Logan et sans doute la plus importante. Alors que Penny Dreadful mélangeait joyeusement tous les mythes pour créer sa propre mythologie dans la bonne humeur, cette nouvelle histoire est au fond très sérieuse. Les problèmes politiques de la ville sont plus importants que le folklore mexicain, la menace nazie est omniprésente, tout comme le racisme qui vise autant les hispaniques que les juifs. Ce n’est pas un hasard si le duo de flics que l’on suit pendant dix épisodes est composé d’un Juif et d’un Hispanique, le premier policier d’ailleurs d’origine mexicaine. Face à eux, la police est présentée comme uniformément blanche, raciste et sans aucun contrôle, ce qui est une vision tristement moderne, mais aussi un peu caricaturale dans cette fiction. John Logan ne s’embarrasse pas trop avec la réalité historique de toute manière, les nazis sont tous de grands vilains qui rêvent de détruire le monde, et les allemands interprétés par des acteurs anglo-saxons ont tous un accent à couper au couteau. La série originale pouvait parfois se perdre dans les multiples mythes qu’elle embrassait, celle-ci se perd constamment dans tous les sujets qu’elle veut aborder. Politique, racisme, religion, homosexualité… tout est effleuré, mais jamais correctement traité. Il y aurait de bonnes pistes à creuser, comme l’histoire de l’assassin nazi qui tombe amoureux de l’homme politique qui veut construire une autoroute. La trajectoire de sœur Molly pourrait être passionnante également, mais comme tout le reste, elle est mal traitée et on reste trop en surface. Penny Dreadful: City of Angels souffre de cette multiplicité des intrigues et des personnages, si bien que l’on se désintéresse bien vite de tout. En huit épisodes, la première saison de Penny Dreadful avait réussi à faire beaucoup mieux, alors même que cette première saison est plus longue…

Showtime a manifestement jugé que John Logan ne tenait pas le bon filon, et Penny Dreadful: City of Angels a été annulée à la fin de cette première saison. La série ne connaîtra pas de suite, et à dire vrai, on n’aurait sans doute pas été au rendez-vous si cela avait été le cas. Trop de personnages, trop d’intrigues, trop de thématiques et pas assez de ce qui faisait la force de Penny Dreadful, l’équation n’est pas bonne. John Logan aurait sans doute mieux fait d’abandonner l’idée de Santa Muerte, même s’il faut souligner la prestation de Natalie Dormer dans tous ses rôles, et même d’abandonner toute affiliation avec la série originale. Penny Dreadful: City of Angels aurait pu offrir une histoire politique et sociale intéressante, mais ce n’est pas ce que l’on a eu.