R.I.P.D., Brigade Fantôme, Robert Schwentke

Prenez un duo de flics, un qui a roulé sa bosse et qui connaît le métier jusqu’au fond des doigts, quitte à en être blasé ; l’autre qui débarque, mais qui croit tout savoir alors qu’il a tout apprendre. Prenez un univers similaire au nôtre, sauf qu’il est aussi peuplé de créatures étranges, de monstres qui vivent parmi nous, que l’on ne reconnaît pas forcément, mais que ces flics savent détecter. Prenez une menace imminente de destruction de la planète et prenez une bonne dose de second degré. Cela vous rappelle quelque chose ? Non, ce n’est pas un quatrième volet de la saga Men in Black, mais R.I.P.D., Brigade Fantôme. Ce blockbuster potache ne brille pas par l’originalité de son scénario, c’est le moins que l’on puisse dire. Porté par quelques bonnes idées que les faiblesses du scénario — qui semble oublier par moment tout second degré — ne viennent pas trop gâcher, le divertissement de Robert Schwentke est plaisant, à défaut d’être inoubliable.

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Dès la première scène, Robert Schwentke nous signale que son film ne doit pas être pris au sérieux. R.I.P.D., Brigade Fantôme commence en pleine course-poursuite entre les deux personnages principaux — soit Roy et Nick — et l’une de leur cible, à savoir un mort qui ne veut pas mourrir. Il faut savoir que ces deux anciens flics sont assez spéciaux : ils sont tous deux morts et renvoyés sur Terre pour renvoyer post-mortem tous ceux qui ne veulent pas mourir. Et ça tombe mal, une bande de morts mal léchés préparent justement un complot pour anéantir les vivants sur la planète et envahir le monde des vivants par le monde des morts, bref, la routine. Avant cette routine pour la R.I.P.D., ou « Rest in Peace Department » (la traduction française lorgne ostensiblement du côté de S.O.S. Fantômes, cela ne peut pas être un hasard), on revient quelques jours en arrière, quand Nick était encore un flic vivant, normal et donc parfaitement sans intérêt. Et c’est bien là que le bât blesse : R.I.P.D., Brigade Fantôme est une comédie qui oublie par moments qu’elle est censée être drôle et qui devient terriblement premier degré. Quand Nick et sa femme entre en action, ou quand Nick et son partenaire vivant entrent en scène, on s’ennuie ferme, c’est filmé n’importe comment, c’est encore plus caricatural que dans les Fast and Furious, bref, c’est raté. Heureusement, ça ne dure pas trop et Robert Schwentke tue rapidement son personnage et nous ramène au sein de la brigade morte. Où, entre deux idées piquées à Men in Black, il en impose deux autres plutôt sympa. La meilleure, c’est probablement la façon dont les vivants voient les flics morts en action. Quand la course-poursuite épique est en fait vécue de l’extérieure comme la course improbable entre un chinois armé d’une banane et d’une blondasse et son sèche-cheveux, c’est très drôle, à défaut d’être très fin.

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R.I.P.D., Brigade Fantôme ne prétend pas à la Palme de l’originalité, mais tout en étant très proche de nombreuses autres comédies fantastiques basées également sur le second degré et sur un couple de flic, le film trouve sa voie et s’avère finalement assez drôle. Quand il n’oublie pas son rôle de divertissement décérébré, le blockbuster est divertissant. Dommage que Robert Schwentke s’égare par moments avec des séquences qui oublient d’être drôles, mais le plaisir coupable reste au rendez-vous.