Reboot après reboot, Spider-Man est en passe de devenir le superhéros de cinéma le plus proche des versions papier, où les histoires qui redémarrent sur une nouvelle base sont monnaie courante. C’est la deuxième fois en moins de vingt ans que le personnage mordu par une araignée est relancé avec un nouveau casting et une nouvelle inspiration. Après la trilogie de Sam Raimi et la saga écourtée de Marc Webb, Spider-Man Homecoming adopte un nouvel angle. La hache de guerre ayant été enterrée entre Sony et Marvel, ce nouvel épisode vient s’intégrer dans l’immense Univers cinématographique Marvel. Jon Watts signe le seizième film de la saga et le quatrième de la troisième phase, mais cet énième chapitre se consacre essentiellement à un seul personnage et reste à cet égard plus indépendant que d’autres. Que vaut cet énième retour ? Spider-Man Homecoming innove avec un adolescent plutôt qu’un adulte et son ton léger en fait un divertissement estival plaisant qui ne se prend pas trop au sérieux, malgré quelques longueurs.
Ce n’est pas tout à fait la première fois que l’on découvre le nouveau Spider-Man à l’écran. L’immense saga dédiée aux Avengers l’avait déjà présenté le temps d’une scène de combat dans Captain America : Civil War et on avait alors eu l’occasion de faire connaissance avec un personnage bien différent des deux premières sagas. De fait, le superhéros incarné par Tom Holland n’est pas un jeune adulte, mais un lycéen de 15 ans et un adolescent un petit peu comme tous les autres. Cette différence est centrale dans Spider-Man Homecoming et elle permet d’éviter les répétitions, d’autant que ce long-métrage n’est pas encore une fois le récit de la morsure accidentelle et de la découverte des pouvoirs. Quand le film de Jon Watts commence, Peter Parker est déjà Spider-Man et il a déjà son costume, tout l’enjeu des deux heures que dure le blockbuster est ailleurs. Après une première scène qui inscrit astucieusement le récit dans la suite directe d’Avengers, le scénario présente rapidement le point de vue du jeune ado dans la bataille de Captain America : Civil War. Le résumé est présenté à la façon d’un petit film tourné par le personnage sur son téléphone et c’est une bonne manière à la fois d’expliquer d’où vient le costume et aussi de poser le ton du film. Lycéen oblige, l’ambiance n’est pas aussi lourde que par le passé et la légèreté générale fait du bien. Le réalisateur a bien dosé l’humour devenu marque de fabrique de la saga et il ne se prend pas trop au sérieux, pour un résultat plaisant et qui évite la majorité des pièges du genre. L’impatience du garçon, ses relations avec Tony Stark et son homme de main, Happy, sont très bien rendues. Par ailleurs, l’arc narratif avec un méchant à affronter, comme toujours, est suffisamment restreint pour être crédible et Spider-Man Homecoming reste au fond assez léger sur l’action, ce qui était probablement la meilleure idée.
Jon Watts trouve aussi un bon équilibre entre l’histoire de son propre film et celle de la saga complète. Dès le départ, il parvient à insérer Spider-Man Homecoming dans l’ensemble de l’univers Marvel en citant explicitement les évènements qui se sont déroulés dans tel ou tel film, mais sans écraser pour autant son personnage. On retrouve en quelque sorte le même traitement que les séries Marvel pour Netflix, où les Avengers sont toujours là à l’arrière-plan. C’est plus explicite ici malgré tout, avec la présence régulière de Tony Stark, alias Iron Man, le mentor de Spider-Man et aussi son ange gardien. On retrouve un petit peu les mêmes têtes, y compris Captain America dans un rôle discret, mais hilarant à base de vidéos éducatives (restez jusqu’au bout, à ce sujet). Néanmoins, le long-métrage ne ressemble pas à un énième Avengers, il a sa propre personnalité et il accorde toute son attention en priorité à un personnage. Comme dans les précédentes sagas, l’un des enjeux à travers l’histoire est l’identité du superhéros et l’action qui se déroule en partie dans un lycée est un excellent moyen de renouveler ce cliché… même si on a parfois un sentiment tenace de déjà-vu. C’était probablement inévitable et Jon Watts ne peut pas s’éloigner suffisamment de son personnage de papier pour éviter toute redite et même quelques longueurs par moment. Toute la partie amourette est fort heureusement discrète, car ce n’est pas le meilleur. Ned, son meilleur ami geek, tombe parfois dans la caricature et c’est aussi le cas du méchant, parfois un peu facile. Spider-Man Homecoming s’en sort le mieux avec son personnage principal et son désir tout adolescent de reconnaissance de la part des adultes. Tom Holland est très bien dans le rôle et il offre une interprétation renouvelée bien agréable.
Spider-Man Homecoming ne dépasse pas vraiment son statut de divertissement estival et on ne devrait pas le garder en mémoire bien longtemps. Cela n’enlève rien toutefois à ses qualités de blockbuster plaisant à regarder et Jon Watts a su se différencier suffisamment de ses prédécesseurs avec ce superhéros nettement plus jeune. C’était une bonne idée pour un film, mais est-ce qu’elle tiendra la route plus longtemps ? On sait déjà que Tom Holland reprendra son costume pour Avengers : Infinity War prévu pour l’an prochain, ainsi que pour une suite en bonne et due forme. En attendant de voir ce que cela donnera, Spider-Man Homecoming est un gros spectacle hollywoodien très classique, mais honnête, à voir.